Wuilker Fariñez, le 22 mars 2019, lors d'un match amical Venezuela-Argentine. (Simon Stacpoole/Presse Sports)

Wuilker Fariñez (RC Lens) : «Je sais que vous avez l'habitude des gardiens de grande taille mais ce sont les performances qui comptent, non ?»

Annoncé depuis un moment déjà, le prêt de Wuilker Fariñez (22 ans) au RC Lens a été officialisé par le club artésien en milieu de semaine. Celui qui gardait jusque-là la cage des Millonarios explique ce qui l'a poussé à s'engager en faveur des Sang et Or, se confie sur ses objectifs personnels et répond sans détour aux interrogations ayant trait à sa taille.

«Cela faisait des semaines que l'on disait votre transfert imminent. Maintenant que vous avez enfin signé votre premier contrat européen, on vous imagine soulagé...
Heureux, même ! Parce qu'on vient de m'offrir l'opportunité que je désirais tant, celle de faire partie d'une équipe européenne et d'intégrer un club légendaire. C'est gratifiant pour moi, bien sûr, mais ce ne doit pas être une fin en soi. À moi de travailler très dur pour tirer profit de tout ça.

Ça a toujours été clair dans votre tête, vous souhaitiez rejoindre le RC Lens ?
Je n'ai pas eu besoin de réfléchir longtemps. À peine avais-je eu le temps de discuter avec mon père et ma famille que tout était déjà très clair dans nos têtes. L'opportunité était belle, il fallait la saisir.

À quand remontent les premiers contacts avec les dirigeants artésiens ?
Le premier contact dont je me souviens a eu lieu il y a un mois et demi, je crois, par l'intermédiaire de Joseph (Oughourlian, le président du RC Lens et actionnaire majoritaire des Millonarios). Il m'a appelé pour me faire part de cette possibilité de rejoindre Lens. À partir de là, tout est allé relativement vite. Il fallait simplement que les clubs expédient les formalités et que mon représentant se mette d'accord avec les deux parties.

Lire : Le gardien Wuilker Fariñez officiellement prêté au RC Lens

Le club semble vouloir prendre son temps avec vous, afin que vous vous acclimatiez progressivement. Le fait que l'on vous expose ce projet-là (Wuilker Fariñez débutera la saison dans la peau d'une doublure) ne vous a pas fait hésiter ?
Non. D'abord car le club a été franc avec moi à ce niveau-là. Parce que l'idée est vraiment de travailler, d'apprendre, ensuite. Je crois que c'est ce pour quoi l'humain est fait ! La capacité à s'améliorer et à se hisser à la hauteur des attentes qui vont de pair avec le poste de numéro un, c'est ce qui doit m'animer. Si je garde ça en tête et que Dieu le veut, ça se passera bien.

Mais on imagine facilement que vous auriez pu rejoindre un club européen en tant que numéro un...
Peut-être ! Mais de telles offres ne nous sont pas parvenues. Peut-être qu'elles seraient arrivées plus tard mais la seule vraie offre concrète et précise que nous avions reçue au moment de signer était celle de Lens et c'est celle-là que nous avons décidé d'exploiter. Le reste, les choses qui auraient pu se produire, n'ont pas d'importance. L'opportunité qui m'est offerte est vraiment belle et il n'y a que ça qui compte. D'autant que si tout se passe bien, que je fais du bon boulot, le club lèvera l'option d'achat (NDLR : il est prêté une saison et Lens possède une option pour s'attacher définitivement ses services).

«Si vous gardez en tête que les penalties sont un jeu, vous avez déjà fait un grand pas vers l'arrêt»

Pouvez-vous brièvement vous présenter à ceux qui n'ont pas l'habitude de regarder jouer les Millonarios ou le Venezuela ?
Je me considère comme un gardien rapide, puissant et agile. J'ajouterais que je suis du genre à constamment faire attention à mon positionnement, que ce soit sur ma ligne ou un peu plus haut.

Malgré toutes ces qualités, avez vous conscience de ne pas tout à fait répondre aux standards européens en matière de gardiens de but (Fariñez mesure un peu moins d'1m80) ?
Oui oui, j'ai conscience que vous avez l'habitude des grands gardiens. Mais ici (en Amérique du Sud), on essaye de dépasser un peu ces clichés. Et à la fin, ce sont les performances qui comptent, non ? Ma puissance et mon agilité m'ont toujours permis de surmonter ce déficit au niveau de la taille. Je travaille donc ces deux qualités en permanence et je compte continuer de le faire.

Les penalties sont également l'un de vos points forts. Vous avez cela en vous depuis tout petit ?
Je crois qu'il y a une part d'inné et une part de travail là-dedans. Le fait est que j'ai toujours aimé cet exercice ! J'adore les bosser à l'entraînement. En gardant en tête que cela doit rester une sorte de jeu. Je crois que si vous gardez ça à l'esprit, vous avez déjà fait un grand pas vers l'arrêt. C'est en tout cas ma façon de voir les choses et la manière dont nous avons jusque-là bossé les penalties avec mes coéquipiers.

Que savez-vous du football français ?
Pas mal de choses ! Je suis le football européen depuis longtemps déjà et je sais qu'il s'agit de Championnats aussi intenses que tactiques. Je sais aussi que le football de votre continent a eu une grosse influence sur le notre. Il nous a incontestablement permis de progresser.

L'impatience doit donc être grande de passer du statut de spectateur à celui d'acteur...
J'en ai toujours rêvé ! Mais attention, car je ne pense pas que le plus dur soit de signer en Europe. Le plus dur, c'est d'y rester, d'y faire carrière. Pour faire simple : le plus difficile commence.

«Je vais travailler dur pour gagner ma place, tout en respectant la hiérarchie qui m'a été exposée» 

D'autant que ce n'est pas toujours simple pour un joueur de s'envoler loin de chez lui et de s'habituer à une nouvelle culture...
Malgré le fait que la culture colombienne se rapproche plus de celle de mon pays que la vôtre, j'ai déjà dû m'adapter à une nouvelle ville, un nouveau pays. Je suis d'ailleurs très reconnaissant envers les Millonarios de m'avoir permis de rapidement me sentir comme chez moi à Bogota. Alors voilà, ce sera différent en France mais j'ai déjà vécu une première expérience à l'étranger et j'essaierai d'appliquer la même méthodologie dans votre pays afin de bien m'y acclimater.

Vous voyagerez seul ?
Oui ! Au moins dans un premier temps.

Votre nouvelle équipe vient tout juste de reprendre le chemin du centre d'entraînement. Quand avez-vous prévu de la rejoindre ?
Eh bien dès que les formalités administratives seront bouclées et que je posséderai mon visa. En raison de la crise sanitaire cela met un peu de temps mais j'espère obtenir tout ça rapidement pour pouvoir planifier le voyage en bonne et due forme.

Et qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour cette première saison chez nous ?
La première chose à laquelle je pense est celle d'arriver sur place et de travailler dur pour gagner ma place, tout en respectant le plan et la hiérarchie qui m'ont été exposés. D'un point de vue individuel, vous pouvez donc me souhaiter de faire mes preuves ! D'un point de vue collectif, vous pouvez nous souhaiter de nous maintenir dans l'élite. J'espère en tout cas contribuer à cela.»

Thymoté Pinon