rongier (valentin) (J.Prevost/L'Equipe)

Valentin Rongier : quel bilan après 15 mois à l'Olympique de Marseille ?

Arrivé à l'OM en tant que joker en septembre 2019, Valentin Rongier s'est depuis imposé comme un homme de base de Villas-Boas. Mais si l'ancien Nantais donne globalement satisfaction, il semble cantonné à un registre unique. FF fait le bilan de la première année de son expérience marseillaise.

«Les positions dans lesquelles je suis le plus à l’aise c’est numéro 6 dans un 4-4-2 à plat et numéro 8 dans un 4-3-3». Face aux micros pour sa première conférence de presse en tant que joueur de l’OM en septembre 2019, Valentin Rongier présente son profil hybride. Avant qu’André Villas-Boas ne confirme : «Valentin est plus un 8 qu’un 10. Et c’est ce que je voulais». Après le départ de Luiz Gustavo en Turquie, les dirigeants marseillais se sont tournés vers le jeune milieu de terrain révélé à Nantes pour prendre le relais. Et très rapidement, l’ancien canari a su imposer son style de travailleur infatigable dans l’entrejeu marseillais.

Le travailleur tient son rang

A peine arrivé, André Villas-Boas installe Rongier en relayeur dans le 4-3-3 de l’OM la saison dernière. Avec Kamara en sentinelle derrière lui et Sanson à ses côtés, le nouveau venu contribue activement à l’excellente saison des Marseillais. Au cœur du jeu, le trio impose une densité physique impossible à supporter pour la plupart des milieux de terrain de Ligue 1. Dans ce rôle, le joueur de 26 ans harcèle ses vis-à-vis et étouffe ses adversaires. En phase de possession, il assure la liaison entre Kamara et le créateur qu'est Dimitri Payet. Et la recette fonctionne. Dauphins du PSG à la trêve hivernale, les Marseillais le resteront jusqu’à l’arrêt du Championnat pour raisons sanitaires en mars dernier. A l’issue d’une première saison tronquée, Rongier a déjà montré ce qu’il pouvait apporter, dans un style bien différent de Gustavo qu’il est censé remplacer. A Marseille, le pur produit de la formation nantaise a continué de faire ce qu’il fait le mieux : courir, gratter des ballons, et accompagner les phases offensives.
 
Et peu importe si Villas-Boas a décidé de changer de système cette saison en optant pour un 4-4-2 losange ou un 4-2-3-1 dernièrement, son jeune milieu de terrain continue de s’exprimer dans son registre de prédilection. Quatrième de Ligue 1 au nombre de tacles par match en 2019-20 (3,3 tacles réussis), Rongier s’est hissé à la troisième place cette saison avec une moyenne légèrement supérieure après un tiers du Championnat (3,7 tacles réussis). L’arrivée de Michaël Cuisance au cœur du jeu met encore davantage en lumière son apport dans le secteur défensif. Remplaçant de Sanson dans le onze marseillais, l’ancien du Bayern apporte une touche technique qui libère Rongier des tâches de création. Revers de la médaille, le travail défensif et le pressing se délitent. Malgré de bons résultats, l’OM n’a plus le même impact en ce début d’exercice 2020-21. Le 27 novembre dernier, le joueur a tenu à rappeler son état d’esprit travailleur lors de la conférence de presse avant la réception de Nantes : «On a dominé beaucoup de matches grâce à notre pressing la saison dernière. Il faudrait qu'on arrive à le retrouver un petit peu. Quand on presse haut, ça nous permet d'asphyxier l'adversaire». Villas-Boas sait qu’il peut compter sur son joueur dans ce registre. Et ailleurs ?

Peut-on en attendre plus ?

Interrogé par Goal, Philippe Mao soulevait un point important quant à l’apport de son ancien joueur. «Ce n'est pas complètement une sentinelle, pas totalement un numéro 10, expliquait celui qui l’a croisé à Nantes. Il est complet parce qu'il peut gratter des ballons, être le premier relanceur dans sa moitié de terrain. Il peut aussi faire le lien entre la défense et l'attaque et même se projeter pour finir les actions même s'il faut encore qu'il progresse sur ce point». Si Rongier savait se signaler offensivement à Nantes (10 buts en 130 matches), force est de constater qu’il n’y parvient plus à Marseille. Contraint d’apporter un minimum de création dans son duo avec Sanson en 2019-20, il a vite affiché des lacunes dans ce domaine. Auteur de seulement deux passes décisives la saison dernière, il n’a jamais su trouver le chemin des filets en 41 tentatives.
 
Un point statistique sur lequel Valentin Rongier ne s’est pas caché cet été avant d’aborder sa deuxième saison marseillaise. «L’année dernière, je n’ai marqué aucun but, pourtant, j’ai eu quelques situations. Je voudrais être plus décisif, a-t-il concédé à l’AFP le 21 juillet dernier. Forcément, je travaille ça à l’entraînement, maintenant il faut que j’arrive à concrétiser en match, comme à Nantes». Mais après plus de trois mois de compétition, le compteur buts reste bloqué à zéro. Cantonné à un rôle plus unidimensionnel avec l’arrivée de Cuisance, et contraint de contrebalancer les manquements défensifs des joueurs de devant, il a nettement réduit son apport offensif. Contrairement à l’an passé, il ne tente presque plus sa chance (0,5 tirs par match cette saison contre 1,6 en 2019-20) et signe encore moins de passes clés (0,5 passes clés par match contre 1,2 en 2019-20). Aujourd’hui, la série en est même à 61 tirs sans but sous les couleurs de l’OM. Malgré tout, le joueur conserve la confiance de son entraîneur et peut encore espérer trouver le déclic tant attendu sur le plan offensif. Contre Nantes, son ouverture dans la profondeur a permis à Thauvin d’ouvrir le score dès l’entame. Une première action décisive cette saison qui s’est longtemps faite attendre. Reste à savoir si elle en appellera d’autres.

Quentin Coldefy

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