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Trélissac, un avant-centre nommé Papin

Référence à son poste en CFA, Steven Papin a été un artisan de la qualification face à Lille, mercredi en 16es de finale de la Coupe de France (1-1, 4 t.a.b. à 2). L'attaquant de Trélissac le sait, cette rencontre pourrait bien (enfin) accélérer son destin.

Comme son célèbre homonyme, Steven Papin a le sens du but et le goût des reprises de volées. «Je suis fan de ces gestes-là. À l'entraînement, je demande souvent à travailler ça, et je suis pas mal !» Mais contrairement au Ballon d'Or France Football 1991, l'attaquant de vingt-huit ans a jusqu'ici passé sa carrière loin des projecteurs, malgré une efficacité constante : cinquante-six buts en CFA depuis 2011, avec Plabennec, Les Herbiers et Trélissac, qu'il a rejoint à l'été 2014.
 
Alors forcément, un seizième de finale de Coupe de France face à Lille n'est pas une rencontre comme une autre pour celui qui n'a jamais évolué plus haut que le quatrième échelon national. «C'est un des plus grands rendez-vous de ma carrière, concède l'avant-centre du TFC. Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer une équipe de L1, hormis en match de préparation. Là, l'enjeu n'est pas le même... Ça va me permettre de me jauger, de voir si je tiens la route ou pas !»

«J'aurais bien aimé qu'on s'intéresse un peu plus à moi»

Cette chance, Steven Papin l'a attendue ces dernières années, mais malgré deux saisons à plus de quinze buts en CFA, l'appel des clubs de niveau supérieur n'est jamais venu, ou presque : «Je n'ai jamais eu de contacts concrets, j'avais simplement fait un essai à Amiens en 2012, mais ils m'avaient proposé des miettes de pain... Dans un sens, mon parcours est une fierté, ça prouve que j'ai un bon niveau. Mais comme chaque joueur, j'ai le rêve et l'ambition d'aller plus haut, forcément. Je me pose des questions, je suis un peu perdu. J'aurais bien aimé qu'on s'intéresse un peu plus à moi.»
 
Comme son attrait pour le but, l'ambition de Steven Papin est arrivée sur le tard, grâce notamment à la confiance de son père, Patrick, ancien pro (Blois, Paris FC, Laval) devenu directeur du centre de préformation de Ploufragan. «Quand j'étais plus jeune, je n'étais pas extra au niveau du foot. Mais mon père avait confiance en moi et m'a fait entrer au centre. Plus jeune, je n'étais pas à fond dans le foot, mais à force de travailler devant le but, d'entendre le discours de mon père, je me suis lâché. Et je fais quand même une bonne petite carrière...»

À Plabennec, il blesse la vedette de l'équipe...

Toujours conseillé par son paternel, le natif de Millau a pu bénéficier d'un petit coup de pouce du destin pour avoir sa chance en CFA, à l'été 2011 : «Alors que j'étais en vacances en Bretagne, un ami m'a parlé d'un essai à Plabennec, donc je lui ai demandé de m'incruster... et j'ai été le seul à être pris ! J'avais signé pour être le remplaçant de l'avant-centre vedette de l'équipe, Jean-Michel Abiven, et je lui avais pété le genou lors de la préparation ! Sans faire exprès, bien entendu. Mais j'ai marqué dès mes premiers matches, et on a ensuite été associés quand il était rétabli.»
 
Aujourd'hui, l'ancien joueur (et directeur adjoint de l'école de foot) d'Auch ne veut plus se laisser guider par le hasard. La preuve, il a lui-même étudié le jeu défensif du Losc ces derniers jours ! «J'ai visionné quelques vidéos de leur système, leur attitude en phases défensives... J'ai étudié ça à la maison, à titre personnel. Si j'ai repéré des failles ? Ce n'est pas évident (rires). Ils sont peut-être un peu lents, mais très physiques, alors on va essayer d'éviter les duels !» S'il trouve un peu d'espace, il pourra même s'essayer à la reprise de volée.

Cédric Chapuis