Andrés Iniesta avait signé en 2017 un contrat à vie avec le FC Barcelone. (B. Papon/L'Équipe)

Transferts : combien de temps peuvent durer les contrats de footballeurs ?

En période de mercato, de nouveaux contrats de footballeurs sont signés et s'étalent sur plusieurs années. Dans la majeure partie des cas, ce sont des CDD, mais des clubs dérogent à la règle en accordant des CDI.

Dernièrement, l'arrière gauche équatorien Pervis Estupiñan paraphait un contrat de sept ans avec Villarreal, du haut de ses 22 ans. Un engagement sur le long terme qui pose plusieurs questions sur les modalités du contrat.

En avril 2018, l'Observatoire du football CIES rendait public une étude sur la durée moyenne des contrats accordés par 98 clubs des 5 grands Championnats européens. Résultat : seulement 5 équipes accordent trois ans ou plus de contrat en moyenne à ses joueurs. « En général, les clubs tablent sur des contrats de trois ou quatre ans, cinq ans, c'est rare », révèle Me Pierre-Henri Bovis, spécialisé dans le droit du sport.

Certains se sont engagés à vie

Pourtant, dans l'histoire du football, des durées de contrat plus longues ont déjà été conclues alors que le règlement de la Fédération internationale (FIFA) stipule que ceux-ci peuvent durer cinq ans maximum, depuis la mise en place du système Monti, adopté en 2001. Mais il existe une nuance. « Dans le même temps, la FIFA laisse la possibilité à la législation nationale de fixer un contrat plus long », nuance Me Alexis N'Diaye, compétent en droit du sport. C'est notamment le cas de l'Espagne, où des clubs en viennent même à conclure des « contrats à vie », tel un contrat à durée indéterminée (CDI). Le Barça et le Real Madrid sont friands de ce genre de pratique pour des joueurs qui ont marqué l'histoire du club.

Cela a été le cas en 2017 pour Andrés Iniesta en Catalogne ou, plus tôt, en 2008 pour le Madrilène Iker Casillas. Ces deux stars de la Roja ont ensuite pu rompre leur contrat et être transférés librement, ce qui est impossible avec un contrat à durée déterminé (CDD).

« Le monde du football est bien content qu'il y ait des CDD, dans la majeure partie des cas pour alimenter le système de transferts »,

Me Alexis N'Diaye, avocat spécialisé en droit du sport

« Dans le cadre d'un CDI, comme c'est le cas dans la société civile (sic), le joueur à la faculté légale de rompre son contrat et d'en conclure un 2e dans un autre club, sans indemnité de transfert. Mais le monde du football est bien content qu'il y ait des CDD, dans la majeure partie des cas, pour alimenter le système de transferts », explique Me N'Diaye. Iniesta s'était envolé au Japon à Kobe en 2018 et Casillas s'était engagé avec Porto en 2015, tous les deux sans indemnisation de transfert.

Cela n'avantage donc pas les clubs puisqu'ils ne perçoivent aucune indemnité de transfert, mais ce genre de contrat à vie a davantage pour but d'être symbolique. Ils entrouvrent aussi la porte à une reconversion au sein du club lorsque le joueur met fin à sa carrière.

Saul Ñiguez et Iñaki Williams avaient signé neuf ans

Contrairement à l'Espagne, la législation française se calque sur celle de la FIFA et aucun joueur ne peut parapher un contrat d'une durée supérieure à cinq ans dans les divisions de l'Hexagone.

D'autres qu'Estupiñan, Iniesta et Casillas se sont engagés à plus long terme. Le milieu de terrain Saul Ñiguez avait signé un nouveau contrat de neuf ans à l'Atlético de Madrid en 2017 et porte toujours le maillot blanc et rouge des Colchoneros. En 2019, Iñaki Williams l'avait imité, avec l'Athletic Bilbao. Il avait signé lui prolongé son contrat pour neuf ans, jusqu'en 2028.

En signant pour autant d'années, les clubs prennent des risques. Dans le cas où le joueur n'est plus compétitif, ils doivent tout de même l'indemniser jusqu'à la fin de son contrat. Lyon avait rencontré ce probl7me en engageant cinq ans Mapou Yanga-Mbiwa. Alors que le défenseur central ne rentrait plus dans les plans de Bruno Genesio, pendant trois saisons, l'OL a dû payer les 280 000 € brut mensuels de son salaire (il touchait le 6e salaire du club en 2019) alors qu'il évoluait avec l'équipe réserve, en National 2. Depuis juin, l'ex-international français (4 sélections) est un agent libre et les dirigeants lyonnais se sont libérés d'un poids économique conséquent.