19 February 2020, London - UEFA Champions League Football - Tottenham Hotspur v Red Bull Leipzig - Timo Werner of RB Leipzig celebrates after scoring their 1st goal - Photo: Charlotte Wilson / Offside. (Charlotte Wilson/Charlotte Wilson / Offside)

Timo Werner fait-il partie de l'élite des avant-centres comme le pense Robert Lewandowski ? Ce que disent les chiffres

Le mois dernier, Robert Lewandowski a intégré son rival au classement des buteurs de Bundesliga, Timo Werner, dans son top 5 des avant-centres actuels. L'occasion de comparer les statistiques de l'attaquant du RB Leipzig, annoncé proche de Chelsea, avec celles des références à son poste.

«C'est une question difficile, mais si on parle de vrais n°9, je dirais Karim Benzema, Timo Werner, Luis Suarez, Sergio Agüero et Kylian Mbappé.» Le mois dernier, interrogé par Bild sur ses cinq avant-centres de classe mondiale favoris, Robert Lewandowski a nommé quelques valeurs sûres, un phénomène de précocité, mais aussi son rival de Leipzig, ce qui a pu surprendre hors d'Allemagne. Au-delà de son profil, par forcément celui d'un pur attaquant de pointe, Timo Werner fait-il vraiment déjà partie de l'élite mondiale à son poste, alors qu'il aurait choisi de rejoindre Chelsea cet été ? Voici ce que répondent les statistiques du buteur allemand de 24 ans par rapport aux références continentales. En élargissant un peu la liste initiale de "Lewi", et en laissant de côté ceux qui ne sont pas «de vrais n°9» (Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Neymar...) et ceux qui ne disputaient pas la Ligue des champions, juge de paix ultime, cette saison (nos excuses à Ciro Immobile, Pierre-Emerick Aubameyang ou Jamie Vardy).

Voir aussi :
- La fiche de Timo Werner
- Mercato : Werner aurait choisi Chelsea !

Auteur de 29 buts, Bundesliga et Ligue des champions confondues, Werner fait de son mieux pour suivre le rythme infernal imposé par un Lewandowski à son meilleur niveau dans un Bayern Munich ultra-dominant (40 réalisations). Parmi les autres fines gâchettes des cinq grands Championnats européens et de la C1, le natif de Stuttgart présente une moyenne par 90 minutes de très haut niveau, considérant que l'efficacité du trio Lewandowski-Mbappé-Haaland les place presque dans une catégorie à part (celle des cyborgs). Le plus remarquable dans la saison de Werner étant sans doute qu'il présente des chiffres éloquents face au but tout en étant particulièrement impliqué dans le jeu de son équipe, contrairement à d'autres finisseurs (Mbappé, Haaland, Agüero, Icardi...).

Si l'international allemand (29 sélections, 11 buts) est toujours le joueur le plus souvent signalé hors-jeu en Europe (49 fois cette saison, contre "seulement'" 30 pour Romelu Lukaku, par exemple), il a aussi étoffé sa panoplie depuis l'arrivée de Julian Nagelsmann à la tête du RBL. Ce dernier a insisté pour faire de son numéro 11 un joueur de demi-espaces, plus seulement d'espaces. Histoire de l'impliquer dans la construction tout en lui permettant d'arriver lancé face aux défenseurs adverses. Werner a ainsi sensiblement augmenté son nombre de passes (de 26,5 à 32,6 par 90 minutes) d'une saison à l'autre, mais aussi exploré des zones et des situations différentes, au sein d'une équipe désormais plus attachée à la possession que sous Ralph Hasenhüttl ou Ralf Rangnick.

Efficacité décuplée, panoplie étoffée

Et paradoxalement, c'est en l'éloignant (un peu) du but que Nagelsmann a tiré le meilleur de son leader face au but. Comment résumer au mieux l'évolution de Timo Werner cette saison ? En jetant un oeil à son ratio d'actions converties. Sans avoir particulièrement plus d'occasions nettes (0,59 xG par 90 minutes l'an dernier, 0,62 en 2019-20), sa moyenne de buts marqués a flambé (de 0,5 à 0,83). Et ce malgré quelques rencontres lors desquelles certains de ses ratés ont fait tiquer (contre Tottenham ou le Bayern en février, notamment). Plus de réussite face au but, plus de dernières passes également (un bond de près de 25% d'une saison à l'autre), le tout en conservant ses autres atouts majeurs : vitesse de course, qualité de dribbles, capacité à peser et à presser sur toute la largeur du terrain.

Bref, un attaquant moderne par excellence, dans une équipe moderne et bâtie autour de lui. Il semble donc que l'heure du grand saut soit programmée. Direction la Premier League, son intensité et sa pression constantes, et une équipe de Chelsea jeune, ambitieuse, mais a priori pas assez armée pour viser les sommets à court terme. Si Timo Werner y poursuit encore sa progression, sa place dans l'élite des avant-centres ne fera sans doute plus débat.

Cédric Chapuis