mangani (thomas) (A.Mounic/L'Equipe)

Thomas Mangani : «J'essaie d'improviser des chasses au trésor»

Après l'annonce d'Emmanuel Macron sur la poursuite du confinement, mais aussi les différentes informations autour d'une possible reprise de la Ligue 1 en juin, Thomas Mangani, le milieu d'Angers, fait le point.

«Comment avez-vous réagi à l'annonce de la prolongation d'un mois du confinement ?
On a vu les mesures qui ont été prises. On respecte le confinement. On patiente comme le reste de la population. Disons que ça nous donne une date approximative pour pouvoir faire notre programme d'entretien. Et on a notre préparateur physique qui est très à l'écoute. Encore ce matin, je lui ai envoyé un petit message pour avoir le programme du jour.
 
Quelque chose va-t-il changer dans cette préparation par rapport à cette date du 11 mai ?
Cela peut, dans le sens où si cela venait à être confirmé, avec une reprise collective par petits groupes des entraînements, on va pouvoir entrer dans le vif du sujet pour pouvoir se préparer pour une éventuelle reprise du Championnat.
 
Vous en parlez : lundi, L'Equipe a révélé que les instances du football français travaillaient sur deux possibilités pour une reprise de la Ligue 1. Soit le 3 juin, soit le 17 juin. Qu'en pensez-vous ?
C'est bien de pouvoir se donner une date, c'est un point positif. C'est intéressant que nos instances fassent plusieurs scénarios. On voit que tout le monde essaie de travailler dans le même sens. Il y a plein de choses positives. Tout le monde a envie que ça avance.

«A année exceptionnelle, on s'adapte»

Une sortie du confinement le 11 mai. Une reprise le 17 juin. Dix matches à disputer en un mois. Cela vous semble jouable ?
Ecoutez c'est une année exceptionnelle. A année exceptionnelle, on s'adapte et on fera ce qu'on nous dit de faire. Le principal est que tout le monde soit en sécurité. On verra les dates au fur et à mesure. Nous, on est simplement joueur et acteur donc on se pliera aux décisions prises.
 
Imaginons dix matches en un mois, sous des températures élevées : la santé des joueurs ne doit-pas elle être oubliée ?
Je pense que les instances et les acteurs sont très attentifs à ça. Il n'y aura pas de décisions prises qui seront contraires à ça. On a envie de finir cette saison, mais à ce que j'entends, on a aussi envie de bien préparer la suite. C'est en faisant attention à tous ces paramètres que ce sera le cas. Ce qui est sûr, c'est que ce sont des décisions difficiles, à grandes responsabilités et je n'aimerais pas être à la place des décideurs. Chapeau à eux.

Lire : 
-La santé des joueurs est-elle en train d'être oubliée ?

Question condition physique, avec cet arrêt, sans entraînements normaux, à quel point la reprise des matches pourrait-elle être impactée ?
On aura forcément besoin d'une préparation, comme quand on s'arrête l'été. J'ai la chance d'avoir acheté un tapis de course, ça me permet de beaucoup courir sans sortir de la maison. Mais ça ne remplace pas l'intensité des entraînements et des matches. Encore une fois, comme c'est la première fois que cela arrive, ce sera un peu dans l'inconnu.

Si vous deviez nous donner un mot pour résumer votre confinement jusque-là ?
Patience (Il sourit.).
 
Est-elle mise à rude épreuve ?
Non. Pendant l'année, on est tout le temps soumis à un rythme intense. Je pense que les sportifs de haut niveau avons un gros mental. Et on est des privilégiés dans le sens où, pour ma part, j'ai la chance d'avoir un petit jardin. On ne va pas se plaindre. Ce qui est difficile, c'est pour les gens dans des endroits plus étroits. Et le plus difficile, c'est pour les gens qui sont au front, qui s'attellent à sauver des vies. Nous, le mot que je peux sortir, c'est solidarité. La moindre des choses qu'on peut faire pour tous les soignants, c'est rester chez nous.
 
On relativise facilement...
Exactement. Et concernant tous les sportifs de haut niveau de tous sports confondus, qui devaient préparer des échéances importantes, je vois énormément de respect et ça prouve toutes les valeurs qu'il peut y avoir dans le sport en général.

«Le plus difficile, c'est pour les gens qui sont au front, qui s'attellent à sauver des vies. Nous, le mot que je peux sortir, c'est solidarité. La moindre des choses qu'on peut faire pour tous les soignants, c'est rester chez nous.»

«Il faut tirer un grand coup de chapeau aussi à ma femme !»

Quelles sont vos occupations pour passer le temps ?
On se lève le matin, on prend le petit-déjeuner en famille. J'ai la chance que ma femme soit professeur des écoles donc elle s'occupe des activités de ma fille de trois ans. En fin de matinée, quand on a la chance qu'il fasse beau, on sort un peu dans le jardin pour jouer avec ma famille ou jardiner. C'est très éducatif et pédagogique : on fait pousser les courgettes (Il sourit.). Repas. Petite sieste l'après-midi. Et encore des activités. J'essaie d'improviser des chasses au trésor. On a eu la chance de fêter le week-end de Pâques donc on a fait une petite chasse aux oeufs. On s'occupe comme ça.
 
Il faut avoir de l'imagination !
Oui, tout à fait, c'est intéressant. Pendant l'année, on n'a pas énormément de possibilités de pouvoir se retrouver comme ça en famille. Cela prouve le bonheur que c'est aussi de partager ces moments.
 
Votre fille n'est pas trop perturbée de trop vous voir ?
(Il sourit.) Non, ça va, je fais le maximum pour que ce soit le plus plaisant aussi. Et il faut tirer un grand coup de chapeau aussi à ma femme qui gère très bien ça !
 
Qu'avez-vous pu mettre en place pour vous engager pendant cette période ?
On a tous fait des petites vidéos pour préconiser le confinement. Je parraine aussi un club dans le Vaucluse, qui s'appelle les Dentelles. Je fais des petits challenges pour les jeunes, des petits quiz avec eux. D'habitude, en juin, je vais faire un petit entraînement avec eux. Mais, cette année, si on reprend le Championnat, je n'en aurais peut-être pas l'occasion. C'est ma façon de participer et de passer un moment avec eux.»

Timothé Crépin