(D.R)

També, de l'ombre du PSG à la lumière du Genoa

A tout juste 23 ans, Alassane També a déjà tout connu, ou presque. Un premier contrat pro au PSG, où il n'a jamais eu sa chance, un rebond en Belgique pour finalement atterrir au Genoa, 7e de Serie A, en janvier dernier. Récit d'un parcours pas tout à fait comme les autres.

 Il a été l’un des grands espoirs du football parisien. Recruté par le PSG à l’âge de 12 ans, Alassane També a fait toutes ses classes dans les catégories de jeunes du club de la capitale. Centre de préformation à Conflans, puis centre de formation, U18, U19, CFA… le natif de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, a tout connu. Tout sauf l’équipe une. Ce défenseur central de métier très vite reconverti au poste de latéral (par Philippe Bergeroo en équipe de France U17) est pourtant l’un des plus jeunes joueurs du club à avoir signé pro au club. C’était en 2009, à 17 ans et quelques mois, pour un contrat de trois ans, alors que Manchester United lui faisait les yeux doux. 

Alassane També avec Robin Leproux. (L'Equipe)

La suite ? Pas grand-chose. Un paquet d’entraînements avec les pros, mais pas la moindre minute à se mettre sous la dent en match officiel. «Il y a eu une petite histoire lors d’un match de Coupe d’Europe contre Karpaty Lviv (1-1, le 16 décembre 2010), où je devais être dans le groupe, raconte le joueur. Mais je n’ai pas pu partir car je n’avais pas fait mon passeport. J’étais jeune et je pensais qu’une carte d’identité suffisait pour voyager en Europe. Le coach (Antoine Kombouaré) l’a très mal pris.» Du coup, celui qui a fréquenté toutes les catégories de jeunes en équipe de France terminera la saison avec la CFA. Il sera tout de même sur le banc contre Brest, à l’occasion de la 5e journée de Ligue 1 2011-12 (1-0). Mais plus rien par la suite. Suivi par Courtrai, club de D1 belge, També commence à réfléchir à son avenir. «Au début, je n’étais pas vraiment chaud, reconnait-il. J’étais dans ma dernière année de contrat mais j’espérais vraiment avoir ma chance au PSG. Et puis les dirigeants qataris ont commencé à sortir des grands noms susceptibles de venir au club, et ça a changé la donne. Là, je me suis dit que je n’aurais sûrement pas ma chance». Il décide donc de résilier son contrat en janvier 2012 et s’engage dans la foulée pour trois ans et demi avec Courtrai, en première division belge. 

«J'espérais vraiment avoir ma chance au PSG. Et puis les dirigeants qataris ont commencé à sortir des grands noms susceptibles de venir au club, et ça a changé la donne. Là, je me suis dit que je n'aurais sûrement pas ma chance».

Très vite, il trouve ce qu’il était venu chercher : du temps de jeu. «J’ai joué dès la première semaine, et j’ai enchaîné une dizaine matches. On a fait les playoffs 1 et la finale de la Coupe de Belgique. Franchement, j’appréhendais un peu parce que je quittais le PSG et que je partais à l’étranger, même si ce n’est pas loin de la France, mais ça s’est super bien passé». Dans un premier temps, car les choses se sont vite gâtées. Il commence la saison 2012-13 en tant que titulaire, avant de perdre sa place. «J’ai débuté les huit premiers matches, puis le coach (Hein Vanhaezebrouck) m’a sorti de l’équipe après une prestation moyenne contre Lokeren. Après, je n’ai fait que des bouts de matches. Je n’ai pas eu d’explication, rien. Je ne comprenais pas. J’étais jeune, frustré. Je voulais jouer mais je ne pouvais pas». 2013-14 débute encore plus mal. «On m’a envoyé directement avec la réserve. Je m’entrainais avec mes propres affaires. Ça a duré six mois». Suffisant pour décourager un gamin de 21 ans ? Pas le genre de la maison. «J’ai eu des doutes, oui. Mais je n’ai jamais pensé à arrêter le foot. Redescendre plus bas pour sauter plus haut, oui, mais renoncer non. J’essaie de marcher sur les traces de mon père, qui n’a jamais rien lâché dans sa vie

Jimmy Floyd Hasselbaink, LA rencontre

També prend les choses en mains et décide de changer d’agent. Il fait appel à Mamadi Fofana, qui lui trouve une porte de sortie à Anvers, en D2, sous les ordres de Jimmy Floyd Hasselbaink, ancien joueur de Chelsea ou de l’Atletico. C’est LA rencontre. «Lui, je le porte vraiment dans mon cœur, lâche-t-il. Il m’a pris sous son aile et m’a énormément apporté. Je sortais d’une expérience qui m’a fait beaucoup de mal et il a su me redonner confiance en mon potentiel. J’ai beaucoup joué, et il m’a guidé, sur le terrain comme en dehors. Notamment au niveau de l’hygiène de vie.» Son prêt de six mois terminé, il retrouve Courtrai à l’été 2014. Les choses ont changé. Le coach est parti et a laissé la place à son ancien adjoint, Yves Vanderhaeghe. Celui-ci jure qu’il n’a d’a priori sur personne, et que les compteurs sont remis à zéro. Revigoré, També saisit sa chance. «Je fais une préparation remarquée, le président appelle même mon agent pour lui dire qu’il me trouve métamorphosé. Moi, j’ai vraiment à cœur de m’imposer à Courtrai, de leur montrer ce que je vaux. Je fais un gros début de saison, j’enchaîne treize matches». Mais le soufflet retombe très vite. «On est trois au poste d’arrière droit. Le coach fait tourner, et moi je suis appelé plusieurs fois avec la sélection du Mali, sans jamais jouer. Je ne sais pas si c’est ça qui m’a fait perdre ma place, s’ils pensaient que j’allais faire la CAN et qu’il fallait donc trouver une solution.» Toujours est-il qu’il ne joue plus.

A six mois de la fin de son contrat, il envisage donc de changer d’air. Ses dirigeants lui assurent qu’ils le libèreront s’il trouve un club. Son agent noue des contacts avec des clubs de Ligue 1, dont Toulouse et Nice, de Ligue 2, comme Créteil, ou encore avec Brondby, au Danemark. Mais c’est finalement le Genoa qui rafle la mise. «C’est un truc énorme, s’enthousiasme-t-il. La Serie A, ce n’est pas rien. J’ai été surpris, même si j’étais conscient de mon potentiel et de mon très bon début de saison.» Il signe un bail de quatre ans et demi, et fait ses grands débuts dans la foulée lors d’une victoire sur la pelouse de la Lazio, le 9 février (1-0, il entre en jeu à 15 minutes de la fin). Suivront deux titularisations, contre Parme, le 15 avril (2-0), et de nouveau au Stadio Olimpico, cette fois face à la Roma (0-2). Un monde d’écart par rapport à ce qu’il a connu quelques mois plus tôt. Le joueur refuse pourtant de s’enflammer. «C’est un autre football, c’est vrai, mais ces six premiers mois doivent avant tout me servir de transition. J’observe, j’apprends, je bosse comme un fou à l’entraînement pour essayer de gratter du temps de jeu et d’être prêt si le coach (Gianpiero Gasperini) fait appel à moi. Il est satisfait de ma venue. Je m’entends très bien avec lui, il fait tout pour que je réussisse mon intégration. Mais il faut d’abord que je trouve mes marques.» Pour mieux repartir cet été ? «Ça c’est sûr. Franchement, je vais tout faire pour tout péter». C’est dit.
 
Bruno RODRIGUES, @brodriguesFF