sefil (sonhy) (F.Porcu/L'Equipe)

Sonhy Sefil (Lyon Duchère) : «S'entraîner seul, ça forge un caractère»

Défenseur central passé par Auxerre et la D1 grecque, Sonhy Sefil (23 ans), s'est engagé le 19 juin dernier à l'AS Lyon Duchère (National 1), après être resté plusieurs mois sans club. Il revient sur cette expérience spéciale pour FF.

«Sonhy, jusqu’en janvier dernier, vous étiez en première division grecque, à l’Astéras Tripolis, et vous avez décidé de résilier votre contrat. Que s’est-il passé exactement ?
Quand je suis arrivé là-bas, (en juin 2016, ndlr), j’avais signé pour quatre ans. Et au début ça ne partait pas trop mal. Je suis arrivé dès la reprise et j’ai discuté avec l'entraîneur. Il avait vu quelques vidéos de moi et trouvait que j’avais des qualités. Il voulait que je travaille avec lui. Sauf qu’assez vite, on a concédé trois défaites d’affilée, et là-bas, s’il n’y a pas de résultats, ils sévissent rapidement. Ils ont viré directement l'entraîneur. Et ce changement, ainsi que des problèmes de salaire, ont fait que je ne me sentais plus aussi bien. C’est ce qui a fait que j’ai voulu partir. Donc j’ai résilié mon contrat à l’amiable avec le club.

Vous vous êtes donc retrouvé au chômage. À quoi ressemble la vie d’un footballeur sans club ?
C’est une période un peu compliquée... Disons que c’est une période de doute. Je me disais "je suis jeune, j’ai besoin de jouer, j’ai besoin d’engranger des matches". Donc forcément, quand on se retrouve sans club à 22 ans, on a pas mal de doutes qui pèsent un peu sur les épaules. Après, ça ne m’a pas abattu du tout. Je me suis dit que ce mercato serait l’occasion de trouver la bonne équipe avec un bon challenge pour moi.

Comment fait-on pour garder son niveau ?
Grâce à mon conseiller, j’ai pu m’entraîner avec un club de CFA à côté de Lyon, le MDA Chasselay. J’en profite d’ailleurs pour les remercier. C’était un moyen de garder la forme. Mais forcément, quand on ne joue pas les matches, ça reste différent, on n’a pas le même rythme. Je me suis entraîné avec eux jusqu’à la fin de la saison. Ensuite, j’ai dû m'entraîner seul. C’est vrai que ça n'était pas facile de se prendre en main tout seul, mais ça forge un caractère. Peut-être que psychologiquement, j’avais besoin d’une expérience comme ça pour m’endurcir. J’ai dû aller faire des footings seul, et faire quelques foots avec des amis par-ci par-là, qui ont joué à un bon niveau. J’ai aussi fait appel à un préparateur physique pour rester en forme. J’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté pour arriver le plus en forme possible au moment où je retrouverais un club.

Avec le recul, vous regrettez d'être allé en Grèce ?
Honnêtement, pas du tout. Ça m’a permis d’avancer énormément psychologiquement. J’ai pu voir un autre mode de vie, une autre organisation, et un autre pays. Même si ça n’a pas été comme je l’avais prévu, une expérience ça reste une expérience, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Je ne regrette pas du tout, bien au contraire.

Comment s’est passée votre signature à la Duchère ?
Les contacts ont débuté par mon conseiller sportif, qui m’a proposé au club. Et avant de signer, ça faisait un moment que j’avais rencontré le coach, environ deux mois avant la fin du Championnat de National. Il m’avait dit qu’il était intéressé par mon profil. Il me connaissait parce que j’avais joué contre eux avec la réserve d’Auxerre en CFA. Il voyait à peu près qui j’étais et comment je jouais. Donc il a été intéressé. On s’est vu une première fois, et après les négociations se sont faites.

«Je ne regrette pas du tout d'être allé en Grèce, bien au contraire».

C’était le seul club avec lequel vous aviez des contacts ?
Non, mais j’ai vu l'entraîneur de la Duchère peut-être un mois ou deux après être revenu. J’ai aussi eu des contacts avec d’autres clubs en Ligue 2 et National, et j’avais des possibilités à l’étranger également, mais je voulais refaire une bonne saison en France, et privilégier un club où l'entraîneur me sollicitait vraiment. Et il se trouve que c’est la Duchère qui est le plus revenue à la charge. L'entraîneur m’a montré beaucoup d’intérêt, donc c’est pour ça que j’ai choisi cette option.

Vous êtes originaire de Lyon, cela a-t-il joué dans votre décision ?
Oui ! Je savais que je serais proche de ma famille et de mes amis. Forcément, ça joue dans le choix d’un club. Mais c’est aussi à double tranchant. Il ne faut pas oublier que je suis là pour travailler, donc tout ça ne doit pas me faire oublier le principal. Je me suis demandé si c’était bien d’être à Lyon par rapport à mon métier. Mais au moins je vais être avec mes proches pour une fois. Ça ne m'était pas arrivé depuis mon départ en centre de formation, donc ça fait du bien.

Quels sont vos objectifs avec la Duchère pour cette saison ?
Déjà, ce serait de faire une bonne préparation pour me remettre à niveau. Et faire le plus de matches avec les meilleures performances possibles. Après, collectivement, c’est vrai que l'équipe reste sur une belle saison l’an dernier. Ce serait bien si on arrivait à faire aussi bien, voire mieux.»

Louis Faure