Sinaly Diomandé face à Lorient (1-1), le 27 septembre en Ligue 1. (V. Michel/L’Équipe)

Sinaly Diomandé (Lyon) : «Je compte profiter de la moindre opportunité»

Quasi inconnu il y a moins d'un an, Sinaly Diomandé s'est fait sa place derrière le duo Denayer-Marcelo pour sa première saison dans le groupe professionnel. À 19 ans, le défenseur central est toujours invaincu en 20 rencontres jouées avec un OL dans la lutte pour le titre. Récemment prolongé jusqu'en 2025, il s'est confié à FF sur ses premiers pas en Ligue 1, son ascension et ses objectifs.

«Vous venez d'enchaîner quatre titularisations de suite pour la première fois de la saison, vous n'avez toujours pas connu la défaite avec l'OL et vous venez de prolonger au club. Tout va bien non ?
C'est sûr ! Je me sens bien avec le club et avec mes coéquipiers. Tout se passe super bien.

L'an passé, vous évoluiez avec la réserve et en Youth League. Si on vous avait dit que vous joueriez plus de 20 matches dans une équipe candidate au titre cette saison, vous l'auriez cru ?
Non c'est clair. Intégrer le groupe pro pour la Ligue des champions, c'était déjà merveilleux pour moi. Au début de la saison, je ne m'attendais pas à avoir ce rôle même si je pensais jouer un peu quand même. Il y a toujours des blessures ou des suspensions donc je me disais que le travail paierait quand il y aurait une opportunité. Quand j'ai vu que c'était possible, je me suis dit : ''Pourquoi pas ?'' En bossant, j'ai gagné ma place et la confiance du coach.

L'été dernier, on pensait que l'OL allait chercher un défenseur central mais le club a finalement choisi de compter sur vous. Que vous a dit Juninho ?
On a parlé ensemble cet été. Il m'a dit qu'il avait confiance en moi et de continuer à travailler à l'entraînement. J'ai rapidement senti la confiance du coach, du directeur sportif et de tout le monde. Ça donne envie de se défoncer. Ils m'ont donné ma chance et j'ai fait en sorte de la saisir.

Après avoir été lancé contre Nîmes, vous avez connu votre première titularisation en Ligue 1 à Lorient. Mais le coach vous a sorti dès la pause. Comment l'avez-vous vécu ?
Sur le coup je n'ai pas compris la décision. Je trouvais que j'avais fait de belles choses en première période et malgré ça on me sort. On a changé de système à la pause, il fallait sortir un défenseur, c'est comme ça... Je n'ai pas été perturbé, au contraire. Ça m'a donné envie de bosser encore plus et d'avancer.

Quel a été le discours du coach dans la foulée ?
Il est venu me voir pour en parler et m'expliquer sa décision. Il m'a dit que j'avais été le meilleur de la première période mais qu'il fallait faire un choix pour se réorganiser. Il a préféré garder les joueurs plus expérimentés sur le terrain. Je l'ai compris.

Pourtant, ça ne vous a pas empêché d'être appelé en sélection ivoirienne début octobre et de débuter contre la Belgique. C'était un objectif en début de saison ?
Oui c'était dans mes objectifs. J'espérais être sélectionné mais c'est arrivé plus vite que je croyais. À mon âge, jouer avec la sélection, c'est magnifique. Ça m'a marqué et ç'a marqué mes amis, ma famille. J'ai pris énormément de plaisir. Jouer contre la Belgique de Jason (Denayer) était sympa à vivre. Avant le match on a pu discuter un peu, et malheureusement il m'a dit qu'il n'allait pas jouer.

Pour l'instant, vous êtes derrière Jason Denayer et Marcelo dans la hiérarchie. Est-ce que vous avez le sentiment que vous avez moins le droit à l'erreur quand vous avez une opportunité de jouer ?
Quand tu es troisième défenseur, tu n'as pas le droit de faire des erreurs. C'est parfois difficile parce que tu ne sais jamais à l'avance si tu vas jouer. Quand tu enchaînes les matches sans jouer, il faut garder la tête haute, ne pas se relâcher et rester prêt et concentré. Car à tout moment on peut faire appel à moi. Je compte profiter de la moindre opportunité. Qu'il manque un défenseur central, un latéral ou même un milieu défensif, peu importe. S'il y a un trou je fais en sorte d'être prêt et de m'adapter à toutes les situations.

«Quand tu es troisième défenseur, tu n'as pas le droit de faire des erreurs»

Comment essayez-vous de vous inspirer de vos deux coéquipiers ?
Ils sont comme deux grands frères avec qui j'apprends tout le temps. Ils me donnent beaucoup de conseils sur la tactique, le placement, la concentration, la relance... Un peu de tout. Je les apprécie énormément. Ils me parlent beaucoup et me font travailler. J'espère que grâce à ça, même si ce n'est pas cette saison, je deviendrai titulaire un jour. Pourquoi pas la saison prochaine ? J'ai aussi mes qualités.

Justement, comment vous définiriez-vous comme défenseur ?
Je suis capable de gagner beaucoup de duels et de casser des lignes à la passe. Parfois je ne joue pas assez simple, mais je dois encore progresser. Ce qui est sûr, c'est que je fais toujours tout mon possible pour rester concentré et être un leader en défense. Être leader, ce n'est pas forcément une question d'âge.

Vous avez des modèles qui vous ont donné envie de faire ce sport plus jeune ?
Kolo Touré et Sergio Ramos. Je me souviens de regarder les matches de la Côte d'Ivoire. Kolo m'a beaucoup inspiré avec les Éléphants. Un exemple de courage, de motivation, un vrai leader. Comme Ramos évidemment.

On vous voit très autoritaire et propre techniquement par séquences. Mais aussi très imprécis ou moins concentré, comme sur ce ballon perdu en début de seconde période contre Strasbourg (3-0, le week-end dernier). Comment l'expliquez-vous ?
Rester concentré, ça se travaille. Ça m'arrive encore trop souvent de perdre le fil, à moi de plus travailler. Ça ne doit pas arriver quand tu es défenseur central. Jason et Marcelo sont beaucoup derrière moi après ce genre d'erreur. Ils savent qu'on n'a pas le droit de perdre le ballon dans cette position. Parce qu'en général, ça fait but derrière.

Quel est le secteur dans lequel vous estimez devoir le plus progresser ?
Le côté tactique et, comme je viens de dire, la concentration. Quand je reste concentré, je peux faire de superbes matches. Mais pour l'instant ça ne m'arrive pas assez souvent. Je travaille beaucoup avec Claudio (Caçapa). Pendant les matches, à l'entraînement, avant et après. On fait beaucoup de séances vidéo pour m'aider à progresser.

Qu'est-ce qui a été le plus compliqué pour s'adapter au niveau Ligue 1 ?
La découverte. L'entrée contre Nîmes n'était pas évidente, j'avais de l'appréhension. Après, la confiance est venue progressivement. J'ai pu être titulaire sur des gros matches comme contre Monaco ou Saint-Etienne, ça fait grandir.

Votre contrat court jusqu'en 2025, vous aurez 24 ans. Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter d'ici là ?
D'abord, jouer plus de matches en Ligue 1 et être plus souvent titulaire. Lyon est un grand club, ce serait déjà bien. J'ai aussi mes rêves donc pourquoi pas aller voir plus haut un jour. En tout cas, j'espère que j'aurai énormément progressé et que ma carrière sera déjà belle.»

«Mes modèles ? Kolo Touré et Sergio Ramos»

«Ça m'arrive encore trop souvent de perdre le fil, à moi de plus travailler. Ça ne doit pas arriver»