thauvin (florian) (P.Lahalle/L'Equipe)

Sampaoli, activité, pressing, frustration, déchet et but libérateur : zoom sur la performance de Florian Thauvin lors de Marseille-Brest

Décisif en toute fin de match face à Brest après 87 minutes globalement décevantes, Florian Thauvin, extrêmement sollicité lors des deux premières rencontres de l'ère Jorge Sampaoli, s'est fait beaucoup de bien pour lancer l'OM dans un sprint final vers l'Europe.

L'image restera et symbolise la première très bonne semaine de l'ère Jorge Sampaoli à l'Olympique de Marseille. Et peut-être la nouvelle libération de cet effectif phocéen. Florian Thauvin, servi par Luis Henrique, vient de tromper Gautier Larsonneur pour son deuxième but, seulement, en 2021 (huit pions en tout en L1 en 2020-21). Il offre surtout, à la 88e minute, un second succès en deux matches à son nouvel entraîneur après les trois points grattés devant Rennes mercredi (1-0). A peine les filets perçés, le champion du monde 2018 se tourne vers son banc, les yeux rivés sur son coach. Pas le temps de remercier son passeur décisif, Thauvin fonce vers son staff pour une embrassade pas vraiment Covid, mais qui en dit beaucoup. Avec le gaucher de l'OM et l'ancien technicien du FC Séville qui prennent chacun la tête de l'autre dans leurs mains. On n'ose à peine imaginer l'atmosphère si le Vélodrome avait été bondé. Car c'est aussi ça que les supporters marseillais souhaitaient (re)voir avec Jorge Sampaoli : de la passion, de l'enthousiasme et de la folie. On a eu un peu de tout ça dans cette fin de match face aux Brestois, avec le coaching décisif de l'Argentin.

Sampaoli-Thauvin, parti pour durer ? (P.Lahalle/L'Equipe)

Pas passé loin du carton rouge

Pour Thauvin, cette effusion de joie équivalait à une délivrance extrême au bout d'un match très longtemps compliqué pour lui, il ne faudra pas l'oublier. Devant Gaëtan Charbonnier et consorts, il était de nouveau titularisé en 8, aux côtés de Boubacar Kamara et Saîf-Eddine Khaoui au milieu de terrain au coup d'envoi, avec les mêmes ingrédients entrevus face à Rennes. Beaucoup de courses, notamment à haute intensité pour presser la défense d'Olivier Dall'Oglio, mais très vite de la frustration lorsque son équipe avait le ballon. On l'a vu pester de ne pas voir ses coéquipiers venir à lui. Mais dans les vingt premières minutes, sur ses rares prises de balles pour porter l'offensive, Thauvin combinait bien avec Dimitri Payet et Arkadiusz Milik. Le relais avec le Réunionnais déboûchait sur un centre repoussé par Larsonneur (18e). Surveillé par Jean Lucas et Jérémy Le Douaron, Florian Thauvin ne parvenait pas en fait à se montrer réellement disponible entre les lignes d'un milieu brestois performant dans le premier acte. Lorsqu'un Pol Lirola ou un Alvaro Gonzalez montaient le ballon, Thauvin demandait bien mais ne trouvait pas la position idéale. L'ancien Bastiais voyait les fils se toucher quand il fauchait grossièrement Jean Lucas (38e). Il s'en sortait avec un jaune. D'autres arbitres que Monsieur Miguelgorry se seraient certainement posés la question d'une expulsion.

Très sollicité, trop peu précis

Le match avançant, il allait avoir de plus en plus de situations sur des attaques rapides, notamment en contre. Juste avant l'ouverture du score, il décalait bien Lirola avant de voir sa tentative être contrée par un retour in extremis de Romain Perraud (41e). Sans se décourager et continuant à contribuer à l'effort défensif à l'image de ce retour dans sa surface (45e). Pour Thauvin, la seconde période allait d'abord continuer dans la frustration. Il avait plus d'espaces mais ses bons décalages (28 passes dans le camp adverse, dont 79% réussies) ne payaient pas. Notamment sur les frappes de Lirola (53e, 57e), tandis que Lilian Brassier était solide au poste pour contrer son premier tir de ce samedi (60e). Surtout, Thauvin reprenait sa place naturelle quand son entraîneur basculait plutôt vers un 5-4-1 avec l'entrée de Pape Gueye. Le gaucher pouvait coller à une ligne de touche qu'il ne voyait que très peu jusque-là. Des rushs, encore (on ne peut pas lui reprocher d'avoir abandonné), beaucoup de centres, oui, mais trop peu de précision dans ces derniers (10 centres tentés face à Brest, un seul réussi). Celui qui a touché 63 fois le ballon (plus haut total de l'OM ; 81% de passes réussies) en avait encore dans le coffre avant un dernier quart d'heure moins fringant alors que son entraîneur faisait les changements pour aller arracher la victoire.

Déjà extrêmement sollicité face à Rennes pour la première de Sampaoli (90 minutes jouées, 12 kilomètres parcourus !), Thauvin prouve en tout cas qu'il peut enchaîner les efforts. Face à Brest, l'OM a attaqué à 41,4% sur son côté droit, un pourcentage passé à quasiment 45% en deuxième période. Ce n'est pas toujours parfait (19 ballons perdus face à Brest, pire total de son équipe), on aurait tendance à le vouloir plus animateur, plus précis et plus régulier dans une rencontre, mais Thauvin termine une semaine où il a été prépondérant sur l'action qui amène le 1-0 mercredi et où il a été l'auteur du but décisif pour le succès de ce samedi. Il faudra enfin observer l'évolution de son poste dans les prochaines semaines. Car un Thauvin qui joue 8, avec les efforts défensifs, notamment, que le poste requiert, ne peut pas être aussi décisif offensivement qu'un Thauvin qui est sur l'aile. «C'est un poste différent pour moi, expliquait-il en conférence de presse. Je suis dans un nouveau registre, j'ai pris beaucoup de plaisir, cela me permet d'être plus polyvalent, de progresser.» Lui qui avouait également ne pas pouvoir être à 100% du fait de sa situation contractuelle («Un joueur qui se retrouve en fin de contrat se pose toujours des questions, il n'est pas à 100 %. Le physique et la tête... vous ne pouvez pas tirer le meilleur de vous-même») s'est en tout cas fait un peu de bien au moral. Et à tout l'OM en passant. Le meilleur est-il à venir ?