filippi (roderic) (L.Argueyrolles/L'Equipe)

Rodéric Filippi (GFC Ajaccio) : «J'ai vendu le Kangoo pour partir sur le continent»

Cinq ans après son unique saison en L1 avec le Gazélec, Rodéric Filippi n'a pas changé, loin de là. FF l'a retrouvé pour un entretien à l'image du défenseur central : entre détente et sincérité.

Pour les adeptes de la Ligue des Talents, impossible de ne pas se souvenir du visage de Rodéric Filippi. Saison 2015-16, la France accueille le Gazélec Ajaccio pour la première fois dans l'élite et découvre certaines individualités. Au sein de l'effectif de Thierry Laurey, avec son physique imposant, sa barbe et son brassard de capitaine, Filippi interpelle. À travers différentes interviews et apparitions dans les médias, le défenseur, aujourd'hui âgé de 32 ans, détonne dans le milieu, avouant sans aucun problème qu'il ne regarde pas les matches et qu'il ne connaît pas ses adversaires. Cinq ans après, entre un faux-départ marquant en Angleterre puis trois saisons à Tours qui l'auront convaincu de ne jamais plus vivre ailleurs que sur son île, Filippi porte toujours les couleurs du Gaz', désormais en N2. Et alors que c'est Lille, le leader de la Ligue 1, FF a discuté une demi-heure avec Rodéric Filippi. Et franchement, on ne regrette pas.

«On se demandait : que devient votre Renault Kangoo, que vous conduisiez à l'époque du GFC Ajaccio en Ligue 1 ?
(Il sourit) Il a été vendu après la descente en Ligue 1, parce que je suis parti sur le continent. Je pense qu'il n'aurait pas supporté la traversée de la France.

La Gazélec et l'aventure en Ligue 1. Le Tours FC pendant trois ans (2016-2019), puis un retour au GFC Ajaccio : où en êtes-vous dans votre carrière ?
L'expérience que j'ai eue après la Ligue 1 (NDLR : Monté en deux ans du National à la Ligue 1, le Gazélec de Filippi avait terminé 19e, à trois points de Toulouse, 17e, avec 8 victoires en 38 journées), l'âge et la situation actuelle font que je suis sur la fin de ma carrière. Je suis un peu lassé de ce monde. A l'époque, au Gazélec, j'étais un peu plus jeune, plus ambitieux. J'avais un super club et un super groupe. On était sur une dynamique de montée. Toutes les conditions étaient là pour performer dans le métier et avoir une grosse envie d'atteindre le très haut niveau. Là, aujourd'hui, avec ces trois ans à Tours qui se sont très, très mal passés sur le plan sportif et, un peu, sur le plan humain... Et en plus, de retour à Ajaccio, l'épidémie qui continue sur deux saisons... Avec des résultats un peu hachés. Ça n'aide pas à vouloir continuer.

Vous dites être lassé. Vous venez d'avoir 32 ans : pendant combien de temps pensez-vous encore jouer ?
Franchement, on verra... Si vous voulez, je ne sais pas de quoi est fait demain. Je ne pense pas perdurer dans le foot. Peut-être encore deux ou trois ans, et encore. Et encore.

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«Le foot, aujourd'hui, c'est beaucoup de social»

Qu'est-ce qui vous saoule aujourd'hui dans ce milieu ?
Les nouvelles mentalités. Je n'ai pas connu la grande époque de ces joueurs de caractère qui s'arrachaient pour tout. Quand il fallait y aller avec la tête, le coude, n'importe quoi... Il y avait peut-être moins de technicité, de tactique, mais il y avait onze chiens sur un terrain. Aujourd'hui, je trouve que c'est beaucoup de social. Il faut aller dans le sens du joueur, le mettre dans les meilleures conditions... C'est fatigant.

Vous avez un exemple qui illustre ça ?
Je ne veux pas donner d'exemple. Les gens connaissent un peu le football... Mais au-delà des joueurs et du foot, j'ai même envie de parler de la vie de tous les jours. Je ne suis pas très vieux mais quand on voit la jeunesse d'aujourd'hui, qui n'a pas forcément de respect envers les anciens : c'est ce qui se retrouve dans le football. Je vous dis une bêtise mais quand il faut bricoler un peu la maison pour réparer quelque chose, à l'époque, les parents, grands-parents, arrière-grands-parents essayaient de faire ça eux-mêmes. Aujourd'hui, on a une solution de facilité : on appelle quelqu'un, on paye, on ne se mouille pas, on n'essaye pas...

Du coup, on imagine que les réseaux sociaux doivent être quelque chose qui vous dépassent...
(Il rit) C'est pas gentil ça ! Ça veut dire que je suis vraiment très, très vieux...

«Quand on est dans le milieu du foot, qu'il faut faire attention à son image de footballeur professionnel et à celle du club, ça devient assez chiant. Moi qui aime bien la vie assez simple...»

On vous disait ça dans le sens où ce sont des outils qui ne correspondent pas vraiment à votre philosophie...
S'il y a un truc qui me rend fou, c'est le temps passé par les jeunes sur les portables. Mais, moi qui ne suis pas du tout réseaux sociaux, ils ont réussi à me faire installer Snapchat. C'est pas mal, hein ?

C'est déjà pas mal...
Je vous rassure, je n'y comprends rien. Mais j'envoie juste un message de temps en temps. Et bien souvent, c'est pour jouer à la PlayStation. Ça s'arrête là. Mais sinon, les TikTok, Instagram, Twitter... J'ai abandonné. Ça ne m'intéresse pas. Je n'ai pas envie de passer ma journée sur le portable.

«Je considère que je n'ai qu'une vie et qu'il faut en profiter»

Quand la France vous a découvert lors de votre saison en Ligue 1, vous aviez un peu détonné dans le milieu : comment aviez-vous vécu cette médiatisation ?
Chiante (Il sourit).

Au moins, c'est honnête.
C'est sûr que ça fait toujours plaisir quand on vous reconnaît, que votre famille est fière de vous parce qu'on a parlé de vous... Mais quand on est dans le milieu du foot, qu'il faut faire attention à son image de footballeur professionnel et à celle du club, ça devient assez chiant. Moi qui aime bien la vie assez simple... Je préfère peut-être un peu plus l'anonymat... Quand on fait une interview où on discute et on rigole, ça va, mais autrement... C'est ça aussi qui me saoule un peu : les interviews, aller faire des représentations à droite, à gauche, pour le club... Ça me fatigue. Je préfère rester chez moi avec mes enfants et profiter.

Qu'est-ce qui avait pu être un peu violent pour vous ?
C'est moi qui suis violent, généralement. Non, je rigole. Qu'est-ce qui m'avait heurté ? Rien, en fait. Je suis assez simple, moi, donc les exigences... Je ne suis pas un mauvais élève mais j'écoute d'une oreille et j'essaie de faire ma vie. C'est peut-être pour ça aussi que je ne suis pas resté très longtemps au très haut niveau. Je considère que je n'ai qu'une vie et qu'il faut en profiter. J'ai fait quelques concessions, mais sans être énormément professionnel. Si j'avais atterri à Marseille ou à Paris, ç'aurait pu être très compliqué pour moi (Il sourit).

Zlatan Ibrahimovic, souvenir resté dans la mémoire de Rodéric Filippi. (F.Porcu/L'Equipe)

«Je ne suis pas allé boire un coup tous les soirs, je n'ai pas mangé n'importe comment, mais je n'étais pas comme certains à se dire qu'il fallait du poisson le lundi, des légumes, peser les aliments... Non, c'est trop pour moi.»

En fin de compte, vous vous êtes dit un jour qu'il fallait vous donner les moyens ?
Les moyens, je me les donne sur le terrain par ma volonté, par ma rage, par mon abnégation, par mon envie de donner aux autres. Mais en dehors... Savoir comment il faut manger ou autre... Je ne suis pas allé boire un coup tous les soirs, je n'ai pas mangé n'importe comment, mais je n'étais pas comme certains à se dire qu'il fallait du poisson le lundi, des légumes, peser les aliments... Non, c'est trop pour moi.

«Regarder un match ? Je préfère me tirer une balle»

Vous ne cachiez pas que vous ne regardiez pas le foot : est-ce toujours le cas ?
Je ne regarde toujours pas le foot, je vous rassure. Excusez-moi cette vulgarité mais mon rapport avec le football est toujours aussi dégueulasse (Il sourit). C'est le sport que j'aime mais comme je dis, il y a une certaine lassitude. Même si, cette saison, je trouve qu'on a un très bon groupe avec des jeunes qui ont un peu le même sens des valeurs auxquelles je tiens. Mais, sinon, regardez du foot... (Il souffle). Je crois que je préfère me tirer une balle plutôt que de regarder un match.

C'était quoi votre dernier match devant la télé ?
Je ne saurais même pas vous dire... À part ceux de mon équipe... Ça remonte à très loin.

Donc si on vous parle d'asymétrie, de contre-pressing, de VAR... Ce sont des choses qui vous dépassent.
Je sais ce que c'est ! Mais savoir qui est meilleur buteur au Paris Saint-Germain, qui fait les meilleures passes...

Ça vous aurait plu de jouer contre Neymar et Kylian Mbappé ?
(Du tac au tac) Non ! Honnêtement, ça n'aurait rien changé à ma vie. Ce sont certainement de très bons joueurs... J'ai joué contre Zlatan Ibrahimovic. Je vous rassure : je suis sorti de là, je suis allé boire ma bière avec mes amis. On a pris 4-0. Ç'a piqué. Ç'a fait mal à la tête. C'est tout.

Mais ça reste un peu dans votre mémoire quand même ou pas du tout ?
Pour être honnête, ce sont les gens qui me le font garder en mémoire : "Ah, t'as joué contre Zlatan !" Ce sont surtout les jeunes qui sont dans mon équipe. Si on ne me le répète pas, ce n'est pas moi qui en parle.

Vous leur répondez quoi à ces jeunes quand ils vous parlent d'Ibrahimovic ?
Que c'est un homme, avec deux bras et deux jambes. Effectivement, oui, il est fort, mais il n'est pas imprenable non plus. Je vais vous parler du match de ce week-end contre Lille, contre qui ils sont contents de jouer. Moi aussi, à l'époque, je pense que j'étais content quand on tombait contre une grosse équipe de Ligue 1. Mais quand on a su le tirage des 16es de finale, il y a eu une grosse effusion de joie : moi, je reste assez stoïque, car c'est un simple match, avec onze mecs en face de nous. Peu importe qui c'est, il va falloir les manger les uns après les autres pour passer un tour de plus.

S'il y avait un souvenir de cette saison de Ligue 1 qui restera à jamais gravé ?
Le premier match gagné, face à Nice, 3-1 à la maison. J'en ai les frissons rien que d'en parler. On était sur dix matches sans aucune victoire. On reçoit Nice qui était pas mal positionné avec un joueur quand même important dans le Championnat français : (Hatem) Ben Arfa. On se demandait quand est-ce qu'on allait gagner... Les supporters nous avaient fait un très bel accueil pour ce match et il en est ressorti une photo magnifique avec les fumigènes. Le président l'a placardé dans son bureau. Et, en plus, je mets un doublé : un but contre mon camp et un but pour nous (NDLR : Après l'ouverture du score de Grégory Pujol, il égalise malencontreusement à la 11e minute avant de donner l'avantage aux siens à la demi-heure). C'est peut-être le plus beau souvenir que j'ai de la Ligue 1. Et peut-être le seul, en fait, car je n'ai pas une super mémoire.

«Ce sont les gens qui me le font garder en mémoire : "Ah, t'as joué contre Zlatan !"»

«Pas non plus dégueulasse en Ligue 1»

Comment étiez-vous ressorti de cette saison de Ligue 1 ?
J'étais assez content de ma saison. Je n'avais pas fait tous les matches, mais une vingtaine, je crois (NDLR : 26 apparitions, 21 titularisations, 2 buts). Pour une première saison en Ligue 1. Avec un compliment du président qui m'avait dit, au départ, qu'il ne comptait pas forcément sur moi vu que je n'avais aucune expérience de ce niveau. À l'époque, il y avait Jérémie Bréchet et Kader Mangane. Au final, j'ai réussi à m'imposer dans ce trio. Ça reste deux grands joueurs de Ligue 1. Et même s'ils étaient sur la fin, ça faisait plaisir d'évoluer parmi eux et de ne pas être non plus dégueulasse dans ce Championnat. On ne passe pas loin du maintien. On arrive à gagner contre des gros clubs : Nice, Bordeaux, Lyon. J'aurais été plus fier de réussir à nous maintenir.

Que s'est-il passé après la saison en Ligue 1 ?
Aucune nouveauté par rapport à ce milieu : on m'a promis des choses... J'essaie d'être un homme de paroles. Et quand je dis oui à quelqu'un, avec qui je m'engage, je tiens ma parole, car je n'aimerais pas qu'on me la mette à l'envers. Mais tout le monde n'est pas pareil. Au lieu de me dire que c'était difficile, qu'il n'y avait pas forcément de club, on m'a dit de quitter le Gaz' et que j'allais avoir un club en Angleterre. Chose que je recherchais. Ça ne s'est pas fait. Derrière, j'ai dû me débrouiller tout seul pour trouver un club. Tours est venu me chercher. Ils avaient un discours plutôt intéressant. Mais entre le discours et la réalité (Il sourit), ce sont deux choses différentes.

Où deviez-vous aller en Angleterre ?
On m'avait dit : "Oui, oui, ne t'inquiète pas, on va te trouver un club."

Qui vous a dit ça ?
Mon agent de l'époque. Il a dit directement au président : "Vous ne pourrez pas vous aligner par rapport à la proposition qu'on va avoir pour Rodéric." À partir de là, j'étais plus ou moins content. Je me disais que s'il lançait ça, c'est qu'il a quelque chose. C'était un adieu, entre guillemets, au Gaz', après sept ans. On m'avait parlé de Cardiff. Je n'ai pas cherché à atteindre Chelsea ou Arsenal ! À l'époque, pour Cardiff, je crois qu'il y avait la Coupe de la Ligue ou la Coupe d'Europe, je ne sais plus ce qu'il se passait... Dans le foot, vous le savez très bien, je ne suis pas très calé (Il sourit). Bref, on me disait que ça tardait à cause de ça. Ça tarde, ça tarde... Au bout d'un moment, apparemment, Cardiff n'est plus intéressé. Ils (NDLR : ses représentants) sont allés chercher du côté du Celtic, des Glasgow Rangers, de clubs de deuxième division anglaise et écossaise. Ç'a commencé en juin. Je leur ai laissé jusqu'au 31 août pour me trouver un club. Au final, ils me disent : "On a un club pour toi : le Red Star." Je leur ai répondu : "Écoutez, moi, je ne suis pas parti du Gaz' pour aller à Paris, surtout au même niveau. On va s'arrêter là dans notre collaboration." Entre Paris et la Corse, je fais vite mon choix niveau qualité de vie. J'étais dans le club que je connaissais. Il ne fallait pas m'en faire partir juste pour rester au même niveau.

«On m'avait dit : "Oui, oui, ne t'inquiète pas, on va te trouver un club."»

Étiez-vous dégoûté ?
Oui et non. Je pars du principe qu'il ne faut rien regretter. C'est la vie, c'est comme ça. Si cela ne m'a pas apporté niveau football, ça m'a apporté une expérience au niveau familial : ma femme n'était jamais allée vivre sur le continent. Il ne faut pas regretter...

Vous rejoignez donc Tours, en Ligue 2, qui connaît petit à petit de sérieux problèmes sportifs et internes avec une descente en National puis en National 2.
Je pars à Tours fin septembre (2016). Le Championnat avait déjà repris. Les clubs corses, que ce soit Bastia ou l'AC Ajaccio, avaient tous clôturé leur recrutement. Tours avait besoin d'un défenseur central et est venu me chercher. J'y vais parce que sinon, derrière, je me retrouve sans rien... Après (Il sourit), si j'avais su à l'avance que j'allais finir à Tours, je serais peut-être resté au Gaz'.

La fête à Ajaccio, un soir de victoire face à l'OL. (L.Argueyrolles/L'Equipe)

Du coup, ce week-end, c'est le moment de se montrer !
Non, je n'ai plus à montrer. Enfin, je ne cherche plus à montrer. Je cherche à être le meilleur possible sur le terrain pour aider mon équipe et, si possible, faire briller les jeunes. Je n'ai jamais cherché à briller. Je cherche à faire mon métier du mieux possible, à prendre du plaisir sur le terrain. C'est comme ça que je kiffe. Entendre "Lille a remarqué que Filippi est encore là", ça, je m'en fous complètement. Je veux faire un bon match, contre une belle équipe et, si possible, pousser un peu les jeunes comme Jérémie Bréchet et d'autres l'ont fait avec moi à l'époque. C'est là où on prend le plaisir.

«On ne retournera pas sur le continent !»

Vous dites que cela a été une expérience humaine : vous, amoureux et attaché à la Corse, quel bilan aviez-vous fait de ce séjour sur le continent ?
(Il sourit) Il y a des trucs bien, et des trucs un peu moins bien. Le constat le plus fort qu'on a fait c'est qu'on ne retournera pas sur le continent ! On restera en Corse.

Et la Ligue 1, aujourd'hui, ça vous manque ?
(Il réfléchit) C'est mitigé. Bien sûr, jouer contre des bonnes équipes, sur des beaux terrains, ça me manque. Mais le côté, comme je vous disais, d'être connu, l'engouement autour... Il y a énormément de mauvais côtés, et peu de bons. Sur ça, ça ne manque pas trop.

À quel moment avez-vous arrêté de rêver ou espérer revenir en haut ?
À aucun moment je n'ai arrêté d'espérer. Encore aujourd'hui, il n'est pas impossible qu'on monte en Ligue 1 avec le Gaz' ! Jouer au haut niveau, j'y crois encore. Après, au-dessus, personnellement, je n'y ai jamais vraiment cru (Il sourit). Je sais très bien où sont mes capacités. Je sais où elles s'arrêtent. Je ne suis pas un Raphaël Varane ou un Laurent Koscielny.

À quoi va ressembler la suite de la vie de Rodéric Filippi ?
Très simple : en Corse, déjà, c'est la première des choses importantes. Plus de continent ! Après, un métier, un petit jardin et le week-end, les parties de chasse, ça, ça va être très, très bon, je vous inviterais un jour si vous voulez. Puis aussi la plongée, les oursinades sur la plage...

On revient là-dessus mais on a le sentiment que votre séjour à Tours a comme renforcé votre amour pour la Corse et, au contraire, votre désamour pour le continent.
Je viens du continent, je suis né sur Toulon. J'y ai vécu pendant quinze ans avant d'arriver en Corse. Il y a une qualité ici que je n'ai croisé nulle part ailleurs sur le continent. Il y a des valeurs, des principes, un respect de la personne qui vit à côté de vous. Et il n'y a pas tous ses problèmes qu'on peut trouver sur le continent. Je ne peux plus le voir ce continent (Il rit).

Dans le passé, vous aviez évoqué une reconversion comme chauffeur poids lourds : c'est toujours d'actualité ?
Oui, j'ai toujours, entre guillemets, l'ambition de passer le permis poids lourds. C'est un bagage, ça peut me servir dans pas mal de métier. En dehors de ça, j'ai exploré une autre filière, mais il faut que je vois parce qu'il y a une formation à passer et je ne peux pas la suivre pendant que je suis footballeur : c'est chaudronnier.»

«Je ne suis pas un Raphaël Varane ou un Laurent Koscielny.»

«Je ne vois pas pourquoi on arrête le N2»

Comment cela se passe-t-il à Ajaccio pour vos conditions d'entraînement ?
Ça va, c'est compliqué par rapport au Covid-19, comme tout le monde. Mais ça se passe bien, on parvient à s'entraîner dans de bonnes conditions. Et surtout avec le soleil. Il y a pire. On a effectué notre reprise en Championnat le week-end passé (NDLR : La N2 était stoppée depuis début octobre ; défaite 1-2 face à Sedan ; le GFC Ajaccio figure au 10e rang de la poule B après neuf matches disputés) et on a joué quelques rencontres de Coupe de France. C'est une reprise agréable car on a gagné les trois matches de Coupe (aux tirs au but face à Furiani Agliani puis 1-0 à Saint-Omer et à Saint-Brice). Maintenant, on a appris que le N2 allait s'arrêter. Les dirigeants avaient de bons retours au niveau de la FFF (pour une reprise). On était tous enthousiastes pour repartir dans de bonnes conditions.

Qu'est-ce que cela vous inspire ?
(Il souffle) Je ne sais pas quoi dire. Cela fait deux saisons qu'on se fait arrêter brutalement. Sur des motifs assez incertains. On ne sait pas sur quel pied danser. Ils ne savent pas nous répondre non plus. On fait des tests Covid-19 tous les trois jours et je n'ai pas l'impression qu'il y a de grosses conséquences sur l'épidémie. Je ne vois pas pourquoi on nous arrête. On ne sait pas pourquoi on allait le reprendre, on ne sait pas pourquoi on l'arrête...

Comment vivez-vous cette période du Covid-19 ?
Je ne l'ai pas mal vécu, je vous rassure. Ça ne m'atteint pas vraiment en fait. Je suis de retour chez moi après une petite période sur le continent. J'ai ma famille, j'ai mes amis. Quand il y a eu le confinement total, on s'est occupés. On a le jardin, avec un petit potager. On se régale comme ça. Ce qui est un peu chiant, c'est tout ce qui est vie sociale en dehors de la maison. Le café avec les amis en bord de plage, les restaurants... On est dans une région assez agréable.

«La suite de ma vie ;? Un métier, un petit jardin et le week-end, les parties de chasse, ça, ça va être très, très bon, je vous inviterais un jour si vous voulez. Puis aussi la plongée, les oursinades sur la plage.»

Timothé Crépin