Rémy Cabella n'est pas du déplacement à Rennes. (SERGEY PIVOVAROV/Reuters)

Rémy Cabella (Krasnodar) : «Kylian Mbappé a raison : il ne faut pas parler d'âge»

Il était dans France Football en octobre dernier pour raconter son aventure en Russie. FF.fr vous propose des extraits inédits avec Rémy Cabella où il est question de tourisme, de la Ligue des champions, de l'équipe de France, mais aussi de Jul.

Pourquoi il a quitté Saint-Étienne
«Les commentaires sur mon départ, il y en a eu, mais c’était : pourquoi part-il de Saint-Étienne alors qu'il y était bien ? Je comprends énormément cette phrase. Car, à la base, ce n'était pas prévu. Je voulais faire ma saison avec Saint-Étienne, on était en Ligue Europa. Je m'étais fixé l'objectif d'aller en Ligue des champions. Se qualifier pour la C3, c'était monstrueux. Mais je voulais tellement jouer la Ligue des champions... On avait une grosse équipe, il y avait Wahbi (Khazri), Yann (M'Vila), avec Denis Bouanga qui venait de signer : ça allait être monstrueux. Krasnodar jouait la qualification pour la Ligue des champions. J'ai demandé quelques jours de réflexion. Mais il faut aussi savoir une chose : à Saint-Étienne, la première année, lorsque Jean-Louis Gasset est arrivé, j'ai évolué à un poste où j'étais libre, où le jeu passait beaucoup par moi.

La deuxième année, on a eu des nouveaux joueurs, mais le jeu avait un peu changé. En préparation, je le ressentais, je trouvais que le jeu allait passer moins par moi. C'était différent. Dans ma tête, ça ne m'avait pas trop plu. Ce n'était pas que j'étais triste, mais je sentais que je n'allais pas m'épanouir, moins jouer mon jeu. Cela m'avait mis un coup. Et j'ai eu cette proposition qui a fait que le choix s'est fait comme ça. Ç’a fait tilt. Si le jeu n'avait pas changé, je n'aurais jamais pensé à partir. Tu aurais pu m'amener n'importe quelle proposition, je serai resté. Mais le fait de se sentir moins utile, de faire moins ce que je voulais dans le jeu, je n'étais pas bien dans ma tête.»
 
Sa grave blessure*
«On fait le premier match contre Porto, ça se passe super bien, on gagne (NDLR : défaite 0-1 à l’aller mais victoire 3-2 au retour au Portugal en troisième tour préliminaire). Le deuxième match, je me fais les croisés contre l'Olympiakos (0-4) au bout de vingt minutes. Là, au sol, tout se passe dans ma tête, je ne pensais qu'à la Ligue des champions. J'étais tellement obnubilé par ça... Tout était fini dans ma tête. J'ai eu les croisés et les deux ménisques. C'était un gros coup. J'ai mis longtemps avant de revenir. J'ai un peu galéré par rapport à mon genou. Je ne me suis jamais laissé abattre. Je savais que j'allais me donner à fond.»
 
*Moins d’un mois après son arrivée en Russie, il est victime d’une rupture des ligaments croisés lors du tour de barrage qualificatif pour la phase de poules de la C1.

«Ici, il connaissent surtout "Djadja"»

Sa découverte de la Russie
«J’ai découvert Moscou récemment. C’était ma première visite hors Krasnodar. La Place Rouge, la Cathédrale, le Kremlin, c'était vraiment beau ! On doit aussi aller à Saint-Pétersbourg. J'aimerai aussi aller un peu vers l'Est, dans les coins où il fait froid pour visiter. J'aime découvrir le monde et voyager. Le Transsibérien, je compte aussi le faire un jour, mais quand j'aurais plus de temps.»
 
Rap russe vs rap français
«La musique russe, je ne comprends pas ! Mais dans le vestiaire, c'est moi le DJ. Je mets toutes mes musiques de rap français. Eux ils connaissent surtout "Djadja" d'Aya Nakamura, qui est très connue en Russie, et "Formidable" de Stromae. Là, ils écoutent Jul petit à petit. Quand j'ai fait le signe en Ligue des champions, le coach et tout le monde m'ont demandé ce que ça signifiait.»
 
Le groupe de Krasnodar en C1
«Rennes est un très bon club, j'aime bien. Je trouve qu'on a un très, très bon groupe. Chelsea, Séville, Rennes, je suis content, c'est un bon groupe de football.»

«Tous les joueurs qui ont touché l'équipe de France rêvent d'y rejouer»

Les Bleus : «Si on a un jour besoin de moi…»
«Si j’y pense ? Tout le temps ! Tous les joueurs qui ont touché l'équipe de France rêvent d'y rejouer. Mais, là, l'équipe de France est très forte, avec de très grands joueurs, des jeunes. Il y a l'âge, mais comme Kylian Mbappé l'a dit, il ne faut pas parler d'âge. Il a raison. Quand je vois Ronaldo, Ibrahimovic, Ramos, Messi... Il n'y a plus d'âge. Quand on est bon et performant, comme l'a fait (André-Pierre) Gignac au Mexique, il a été rappelé, il a fait l'Euro. A moi de faire une grosse Ligue des champions, d'être bon en Championnat... Si l'équipe de France a un jour besoin de moi, pourquoi pas. Je trouve que, pour le moment, ils ont leur équipe, et qu'il n'y a pas besoin de changer. Mais si je suis meilleur que certains... Il faut se faire entendre. On y pense toujours.»

Sa fin de carrière
«Je n'y ai pas pensé. Là, je suis bien en Russie, ensuite, pourquoi pas retourner en France ? C'est la question que tout le monde me pose. Et, la deuxième question, c'est où. Beaucoup de personnes aimeraient que je retourne à Sainté, à Montpellier. J'ai mes petits coups de coeur en moi. Le foot va tellement vite... On ne peut pas savoir. J'ai mes petites idées, mes petites envies, mais je veux d'abord réussir à Krasnodar. Ils ont tout fait pour que je vienne, je suis le plus gros transfert du club, ils me font confiance, ils m'ont aidé pendant ma blessure. A moi de continuer, de faire ce que j'ai à faire et quand je sentirai le moment de partir, je le ferai. Et pourquoi pas en France.»

«Pourquoi pas retourner en France ? J'ai mes petits coups de coeur en moi.»

Timothé Crépin