courtois (thibaut) (CREMEL BENJAMIN/L'Equipe)

Real Madrid : Thibaut Courtois, le retour du mur belge

Habitué à subir les critiques au Real Madrid, Thibaut Courtois s'impose comme l'une des clés de la solidité des Merengue en cette fin de saison. Entre la Belgique et l'Espagne, FF analyse le retour en grâce d'un gardien aussi talentueux que clivant.

Je t'aime... moi non plus. Entre la presse espagnole et Thibaut Courtois, l'amour a des airs de violence. Rappelez-vous. Avant même son arrivée au Real Madrid, les journalistes ibériques se moquaient déjà du défaut principal du Belge : ne pas savoir fermer les jambes. «Eurotúnel», titrait même Marca en mars 2018. Aujourd'hui, le Flamand de 28 ans file tout droit vers son troisième trophée Zamora (après 2013 et 2014 avec l'Atlético), récompensant le portier de Liga au meilleur ratio de buts encaissés par match. Avec un rapport de 18 buts sur 31 rencontres (0,58 but par match), l'ancien de Genk domine aisément Jan Oblak (0,74). Le portier d'1m99 n'a été chercher le ballon au fond des filets qu'à deux reprises en sept matches depuis la reprise, pour vingt clean sheets en Championnat. Et la presse s'enflamme : quand AS chante les louanges du «mur», Marca félicite, à la Une, le «meilleur gardien de Liga». Difficile de croire qu'entre temps, ces mêmes journaux aient pu autant l'attaquer...

Mieux compris en Belgique

«Le Ballon d'Or ? Bien sûr que j'y pense, je suis le meilleur gardien du monde depuis plusieurs années déjà». Octobre 2019, au beau milieu d'un début de saison compliqué, Courtois est tombé dans le piège de Marca. Une attitude jugée arrogante, raillée à souhait de l'autre côté des Pyrénées, comme elle l'a été en France lors de la Coupe du monde 2018. Mais un ego qui fait sa force en Belgique, comme le confirme Lancelot Meulewaeter, journaliste de la RTBF. «C'est le meilleur gardien belge de tous les temps. Depuis sa première sélection, il a toujours voulu tout jouer (aux dépens de Simon Mignolet notamment). En Belgique, ça n'a vraiment posé aucun souci. Il est meilleur, et il a une autorité naturelle qui fait que tu ne peux pas lui reprocher». Au Real, la hiérarchie établie cette saison le prouve : Alphonse Areola n'a joué que huit matches, toutes compétitions confondues.

«Depuis la reprise, Zidane a utilisé tous ses joueurs, à l'exception d'Areola et Nacho».

Un mental à toute épreuve

Selon le journaliste, c'est même ce sens aigu de la confiance en soi qui permet à Courtois de rebondir. «À Chelsea, il y a une saison (2015-16) où il a été un peu moins bon. Et la saison d'après... Il est meilleur gardien de Premier League. Il est toujours resté très sûr de lui». Une situation semblable à celle vécue à Santiago-Bernabéu, où Courtois a eu besoin de deux saisons pour s'imposer. «Son arrivée était un caprice de Florentino Perez, rappelle Lancelot Meulewaeter. Keylor Navas venait de remporter trois Ligues des champions, c'était un chouchou de Zidane... Plusieurs conditions faisaient que, s'il n'était pas irréprochable, il se ferait descendre plus vite qu'un autre». Les 35 millions d'euros déboursés pour l'attirer ont finalement pris les traits d'une bonne affaire. «Après, note Meulewaeter, le Real est très bien en bloc et ne donne pratiquement aucune occasion. Ce n'est pas seulement une affaire de gardien, c'est aussi une affaire d'équipe.»
 
Théo Troude