Mitroglou est dans le onze. () S. Boue/L'Équipe

Pourquoi l'Olympique de Marseille devrait relancer Kostas Mitroglou

«Je ne compte pas sur lui». Par ces mots sans détours et ambages, André Villas-Boas a décidé de fermer la porte à un avenir olympien à Kostas Mitroglou. Et si le coach lusitanien s'était quelque peu précipité ? FF a quelques raisons de le penser.

Statistiquement pas pire que Dario Benedetto

Pour un attaquant, il ne suffit pas de regarder un tableau de stats et de jouer les comptables. Cruelle manière de fonctionner qui a mis au pilori bien des joueurs offensifs qui n’étaient pas assez décisifs. Mais il ne faut pas y aller par quatre chemins, si Dario Benedetto a une certaine utilité dans les rouages du jeu phocéen, encore que dernièrement, c’est un peu limité, Pipa ne marque plus et la panne est violente. A sec, devant les cages, l’ancien de Boca Juniors n’a plus trouvé la mire depuis son triplé aux Costières… le 28 février dernier. Une éternité. En manque évidente de confiance, l’Argentin balbutie ses gammes et son football. A des années lumières de ce qu’il était capable de montrer du côté de la Bombonera. Il y a un besoin évident de souffler de son côté et dans cet effectif olympien, disons-le tout de go, il n’y a que deux purs attaquants : Valère Germain et Kostas Mitroglou. Raillé par tous, l’international grec n’en reste pas moins un attaquant qui a scoré. La preuve : en Championnat, il a claqué un pion toutes les 111 minutes. Loin d’être un vulgaire ratio de croqueur d’occases. L’ex de l’Olympiakos a ses défauts, sa nonchalance, sa lenteur d’exécution et parfois ses énormes lacunes techniques, mais devant les cages, il a du sang froid. Et l’Olympique de Marseille, incapable de se créer des occasions, a besoin d’un buteur.

Un vrai professionnel

Certains blâmeront son attitude à la limite du respectable sur la pelouse. D’autres ne verront que le prisme financier en lui rappelant sans cesse les 350 000 € qu’il palpe mensuellement. On peut tout reprocher à Kostas Mitroglou. Mais pas son dévouement au club et son professionnalisme. Prêté deux fois d’affilée, jeté en pâture, le Grec ne l’a pas ouvert une seule fois en conférence de presse, ni sur les réseaux sociaux, ni lors d’un entretien en face à face où il aurait pu déverser toute sa haine et son venin envers les huiles provençales. Du haut de ses trente-deux ans, de son expérience européenne, de son statut de joueur chouchou à l’Olympiakos ou au Benfica, le natif de Kavala aurait bien pu semer la zizanie pour partir le plus vite possible ou mettre un petit tacle à tout le monde. Il est toujours là. Même si André Villas-Boas le compare à Grégory Sertic. Même quand le gamin Luis Henrique débarque et lui prend son numéro 11… Kostas Mitroglou attend patiemment sa chance.

Un profil idéal dans un 4-4-2

André Villas-Boas l’a mauvaise. Acculé une fois de plus sur une question de changement de système vendredi dernier, il l’a joué aussi cassant qu’un roseau séché par le soleil de Provence. «Je n'en peux plus de vos questions sur le système, s’est-il agacé. Le système est celui que je veux. Le problème, ce n'est pas le système, ce sont les autres choses. Nos prestations individuelles ont baissé, elles doivent remonter, mais ça c'est de ma responsabilité.» A la lumière de la prestation encourageante montrée face aux Girondins de Bordeaux en 4-4-2 losange et de la piètre performance au Pirée, la question mérite tout de même d’être posée. Un système, ce n’est certes qu’un système et il dépend grandement de quelle volonté et de quelle animation les joueurs veulent en faire.

Si le 4-4-2 devrait faire son retour sous peu et au vu du peu de munitions offensives, Kostas Mitroglou doit avoir un petit sourire en coin. Il en a tellement rêvé de cette pointe à deux joueurs. Lui qui avait claqué à l’Olympiakos dans ce système-là et au Benfica où il avait fait les beaux jours de la Luz avec un super duo avec Jonas. Le 4-4-2 losange met en lumière ses qualités intrinsèques. Proche du but, dans un jeu de déviation, le Grec aurait beaucoup d’armes à faire valoir. Dans les bons points accordés suite au match contre Bordeaux, l’apport incroyable des deux latéraux, Hiroki Sakai et Jordan Amavi. Sans cesse en situation de débordement, les deux ont tenté des centres restés lettres mortes. Avec un Mitroglou souvent juste dans le jeu aérien, le cuir pourrait trouver preneur un bon nombre de fois dans la surface. Alors une fois de plus, pourquoi se passer d’un joueur qui a fait du très bon en 4-4-2, quand on l’a dans son effectif et qu’on compte jouer en 4-4-2 ?

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Une relation privilégiée avec Dimitri Payet

Là dans les bons, comme dans les mauvais moments. Comme un bon capitaine. Dimitri Payet a souvent tiré Kostas Mitroglou vers le haut. Dans les instants de doute, le Réunionnais s’étaient fait un sacerdoce d’offrir au Grec un maximum de caviars pour le remettre sur le droit chemin du but. Et il avait réussi. A l’image d’un but tout fait offert à Mitroglou face à Metz, Payet adoré arroser l’ancien numéro 11 de l’OM. Une vraie relation de confiance était née entre les deux et elle a plutôt bien fonctionné un certain moment. Avant que Rudi Garcia ne décide de plomber l’ambiance et de remettre coûte que coûte Valère Germain à la pointe de son 4-2-3-1. Une bonne équipe, c’est surtout de bonnes connexions dans le jeu et dans l’animation offensive. Et il est du rôle de l’entraîneur de tenter et quand cela fonctionne, d’entretenir ces histoires de passes, de buts mais aussi d’hommes tout simplement.

Un esprit revanchard

La fin de carrière s’approche pour lui. Mais il reste encore pas mal de choses à prouver à Kostas Mitroglou. Le réhabiliter et le remettre à petites doses dans le groupe, c’est aussi lui permettre de remettre les choses à plat dans sa carrière et de se relancer dans la course. En fin de contrat en 2021, celui qui a été formé à Mönchengladbach sera à la recherche d’une nouvelle (dernière ?) aventure en juin prochain. Il a aussi envie de se faire plaisir et c’est en performant que l’on trouve chaussure à son pied. Devant cet OM parfois apathique et sans idées, Mitroglou et sa gouaille ne pourraient pas faire de mal. Et qui sait si celui qui était un véritable leader d’attaque ne pourrait pas renaître du semblant d’attaquant que l’Olympique de Marseille a connu depuis 2017 ? Un pari, parfois, il faut le prendre. A quitte ou double !