milla (florian) caleta car (duje) (A.Martin/L'Equipe)

«On ne sentait pas une équipe unie» : Florian Milla, buteur lors de l'exploit d'Andrézieux contre l'OM, raconte la déroute marseillaise

C'était l'une des sensations de ces 32es de finale de la Coupe de France. Andrézieux, club de N2 (quatrième division), a battu Marseille (2-0). Florian Milla, le second buteur, raconte pour FF.fr.

«Florian, vous avez été formé à Saint-Etienne. Jouer dans le Chaudron, et marquer contre l’OM, c’était un rêve ?
C’était un moment vraiment particulier de revenir ici, et de gagner contre Marseille, c’était super ! C’est aussi spécial de revenir de cette manière-là, de jouer dans ce stade où j’aurais aimé évoluer quand j’étais à Saint-Etienne. Y jouer avec un autre club, c’était assez bizarre. Mais ma plus grande joie, c’était de représenter Dieu grâce à mon tee-shirt.
 
Comment avez-vous senti cette équipe de Marseille ?
C’était quand même l’Olympique de Marseille, donc on sentait que techniquement c’était assez propre. Mais c’est vrai qu’il leur manquait quelque chose. Cette équipe-là, ce n’est pas comme si elle était un peu "morte" mais presque. On ne sentait pas une équipe unie, et je pense que c’est simplement ça qu’ils doivent bosser. Payet était un peu moins bon que d’habitude, mais je pense que c’est toute l’équipe, pas seulement un ou deux joueurs.

Lire : Marseille, la nouvelle humiliation
 
Après cette nouvelle défaite, leur entraîneur, Rudi Garcia, est sur un siège éjectable...
C’est un super entraîneur mais comme tout le monde, il passe par des situations compliquées. On va voir comment ça va évoluer.

Que ressentez-vous lorsque vous foulez la même pelouse que des joueurs comme Florian Thauvin, champion du monde ?
C’est sûr que ça fait plaisir de jouer contre des joueurs qui ont participé à la Coupe de monde. J’avais déjà disputé un match contre Fekir et Lacazette par exemple quand j’étais à l'étranger. Mais champion du monde, c’est sûr que c’est différent. Je n’ai pas pu lui parler, j’étais concentré sur ce que je devais faire. Surtout que j’étais une ou deux fois en duel avec lui.
 
Et de marquer un but à Mandanda, lui aussi sacré cet été...
C’est quelque chose de grand…
 
Justement, votre but, pouvez-vous nous en parler ?
Un coéquipier est bien lancé sur le côté gauche, il réussit une super prise de balle, et moi je suis un peu loin mais je me dis qu’il faut y aller. Et je commence tout de suite à partir au second poteau. Je vois Mandanda qui la retouche. Le ballon vient un peu vers moi, je dis à mon coéquipier de me la laisser, je la reprends comme elle vient et grâce à Dieu elle va au fond. On souffrait et si on prenait un but ça aurait été difficile pour nous. Mais le fait de mettre ce deuxième but, c’était une délivrance.

«C'est sûr que ça fait plaisir de jouer contre des joueurs qui ont participé à la Coupe de monde».

Comment vous êtes-vous senti après ce but ?
C’était une grande joie. Les images le montrent, la première chose que j’ai voulu faire, c’est rendre gloire à Jésus. J’ai eu beaucoup de fierté de pouvoir le représenter à travers le foot.

Florian Milla après son but.

Au coup de sifflet final, ça devait être l’euphorie…
Quand le coup de sifflet final arrive, c’est là que l’on se rend compte de l’exploit. Même quand il reste quelques minutes, on ne voit pas la fin. Dans le vestiaire, c’était un peu fou, on a fait des cris de guerre et j’ai personnellement mis des musiques religieuses, on a bien célébré la victoire.
 
Vous avez poursuivi la soirée ensemble ?
Oui, le club a organisé une réception pour féliciter le groupe mais aussi tous les bénévoles. On en a profité un peu avec toutes les familles pour partager un excellent moment. Puis je suis rentré à la maison avec ma femme et mes enfants, pour prier. 
 
Hier vous marquiez contre l’OM, et aujourd’hui, quel est le programme de votre journée ?
Ce matin, c’était un peu comme d’habitude, on s’est levé (rires). Mais c’est vrai que j’avais un peu plus de messages que d'habitude (il sourit)
 
Vous avez certainement dû faire perdre beaucoup d'argent aux parieurs sportifs avec votre but…
Je trouve que parier n’est pas quelque chose de bien. Après, je peux juste leur dire qu’ils ont perdu leur argent (rires).

A 2-0, vous sentiez que le match ne pouvait plus vous échapper ?
C’est sûr que c’était comme au tennis, c’était une sorte de break à la 82e minute, un joker. Il fallait rester solide. On avait le public derrière nous, ça nous a beaucoup aidé pour tenir le score. Sentir le soutien des supporters sur des dégagements défensifs ou des duels gagnés, c’était fort.
 
Les supporters chambraient même les Olympiens...
Oui, ils ont un peu chambré l’OM. Mais moi je suis quelqu’un d’assez humble, donc dans la victoire ce n’est pas quelque chose que j’aime vraiment. Je sais qu’en étant de l’autre côté, ça pourrait agacer. Mais le public était avec nous et c’est ça qu’il faut retenir.

«Quand le coup de sifflet final arrive, c'est là que l'on se rend compte de l'exploit».

Vous avez joué quelques mois en République tchèque, au Mlada Boleslav, que retenez-vous de cette aventure ?
C’était vraiment une bonne expérience, après c’est vrai que je n’étais pas comme je suis aujourd’hui, je n’étais pas encore assez mature, et pas aussi croyant...
 
Vous aviez notamment marqué un but contre Lyon en Ligue Europa, ça doit être un agréable souvenir pour vous…
C’était de l’euphorie, la fête et toutes ces choses-là. C’est un super souvenir, surtout en tant que Stéphanois. Marquer contre Lyon à Gerland, c'est un bon moment.»

Erwan Issanchou