verdon (olivier) (L.Argueyrolles/L'Equipe)

Olivier Verdon (Bénin) : «On peut concurrencer n'importe quelle équipe»

Après son bon nul inaugural contre le Ghana (2-2), le Bénin d'Olivier Verdon espère bien glaner une première victoire historique dans une CAN face à la Guinée-Bissau. Ambitieux, le central de 23 ans se verrait même atteindre les huitièmes de finale et se confie sur sa progression fulgurante, de la DH à Alavés.

«Comment jugez-vous votre entrée dans la compétition après ce nul surprise face au Ghana (2-2) ? 
On est plutôt satisfaits. Même un peu frustrés car on aurait pu faire mieux dans le secteur défensif et offensivement marquer un but de plus quand ils étaient à dix. Après, si on nous avait dit qu’on accrocherait le Ghana, on aurait signé tout de suite. Pour le prochain match (contre la Guinée-Bissau), on s’attend à une rencontre difficile. Je les ai regardés contre le Cameroun et c’est une équipe vaillante. Faut vraiment pas les sous-estimer et faire un match sérieux.
 
Comment avez-vous préparé cette CAN avec les Écureuils ? 
On s’est d’abord rejoints au Bénin, puis on est rapidement partis au Maroc, dans la ville d’Ifrane à 1600 mètres d'altitude dans les montagnes, et enfin on est partis à Marrakech une douzaine de jours pour finir la préparation. On a travaillé le foncier, la musculation aussi le matin et le travail tactique avec ballon l’après-midi.
 
Que pouvez-vous nous dire du groupe ? Quelles sont vos qualités ou vos spécificités par rapport à d’autres équipes qui ont peut-être plus d’individualités ? 
Le groupe est très sain. Entre nous, on s’appelle la famille. C’est clair que sur le papier, on n'a pas la meilleure équipe d’Afrique mais collectivement on est très fort. On l’a démontré pendant les phases éliminatoires. Pour moi, on peut concurrencer n’importe quelle équipe. Personne ne nous fait peur. Et on peut aussi compter sur des individualités comme Stéphane Sessegnon, notre capitaine. En plus d’être un super joueur, dans l’état d’esprit, c’est comme un grand frère pour nous. Il nous tire tous vers le haut.

Personnellement, dans quel état d’esprit traversez-vous votre première compétition internationale avec le Bénin à 23 ans ? 
C’est un rêve d’enfant de pouvoir représenter mon pays lors d’une compétition internationale. Contre le Togo, pour le dernier match de qualification pour la CAN, le stade était plein. Les gens avaient dormi au stade la veille pour avoir une place. C’est magnifique. Ils sont à fond derrière nous et on sait qu’ils donneront tout pour nous soutenir. Il y a de l’excitation. Mais malgré ça il faut garder son calme pour pouvoir bien préparer les matches sereinement. On n’a pas peur en tout cas.

«Je sais d'où je viens mais je savais surtout où je voulais aller».

Pourtant, en 2016, vous évoluiez encore en N3 en amateur à Angoulême à 20 ans. Vous avez toujours cru en votre réussite ? 
Je sais d’où je viens mais je savais surtout où je voulais aller. Mentalement, je savais que ça allait être dur mais j’ai toujours été sûr de moi. Sans être arrogant. C’est ce qui a fait ma force. J’ai aussi eu la chance d’avoir de bons coaches et des partenaires plus aguerris qui m’ont beaucoup appris. Au fur et à mesure, j’ai tout appliqué sur le terrain. Cela ne fonctionne pas toujours, il y a des matches plus compliqués que d’autres... Mais à force tu prends de l’expérience et tu évolues naturellement.
 
Vous avez aussi fait vos armes en Division d’Honneur à Taissy à 17 ans. Que vous a appris le monde amateur ?
C’est un autre monde. Les terrains sont moins bons. Il y a moins de monde dans le stade. Il faut savoir se prendre en charge tout seul, donc cela m’a apporté une certaine maturité. Et surtout la rage d’aller plus haut. Il y a de plus en plus de joueurs qui empruntent ce genre de parcours, des gens qui signent pro à 28 ans, sans forcément sortir d’un centre de formation. Moi j’ai signé tôt. Beaucoup plus tôt, j’avais 20 ans (ndlr : à Bordeaux en juillet 2017). Il faut juste ne rien lâcher.
 
Quels sont vos objectifs personnels pour la suite de votre carrière ? 
Prendre un maximum de temps de jeu à Alaves, dans un nouveau Championnat que je ne connais pas. J’espère que cela sera encore une étape pour aller plus haut. Pourquoi pas rejoindre après un top club. Cela va vite, je suis encore jeune. On ne sait pas comment cela peut se passer. Moi, j’ai de grands objectifs. De grands objectifs… 
 
Et avec le Bénin lors de cette CAN après ce match nul inaugural ? 
Historiquement, le Bénin n’a jamais gagné un match à la CAN, donc ça serait beau d'en gagner un. On aimerait aussi sortir des poules et se qualifier pour les huitièmes de finale. Si on gagne contre la Guinée-Bissau, on pourrait déjà se rapprocher grandement de la phase finale».

Quel lien entretenez-vous avec le Bénin ?  
C’est mon pays… J’y vais souvent depuis que je suis tout petit. La première fois, je devais avoir deux mois. Ce lien vient du côté de ma mère qui est béninoise. J’ai encore beaucoup de famille là-bas. 
 
Vous attendiez-vous à être sélectionné, vous qui venez de vivre votre première saison pleine chez les pros en Ligue 2 avec Sochaux (30 matches pour 2 buts) ? 
J’avais pris part à tous les matches en phase éliminatoire, ça marchait bien aussi en club et si je n’étais pas blessé - je touche du bois - et bien il n’y avait pas de raison de ne pas l’être. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se reposer sur ses lauriers. Il faut montrer qu’on a toujours envie de mieux faire.
 
Depuis septembre 2018, vous avez connu une progression fulgurante : des titularisations, un brassard de capitaine en février, un maintien acquis et un transfert vers Alavés. Votre carrière a pris une tout autre dimension en quelques mois... 
C’est clair. Sochaux m’a fait confiance. Ils n’ont jamais hésité à me faire jouer et je les remercie pour ça. Ça s’est bien passé personnellement mais collectivement aussi car on a réussi à se maintenir. Ce n’était pas toujours facile mais je sors grandi de cette saison. Maintenant, direction l’Espagne (ndlr, il a signé à Alaves en janvier dernier).

«Moi, j'ai de grands objectifs. De grands objectifs...»

Augustin Audouin