Nacer Chadli (à gauche) a été victime d'une rupture tendineuse en janvier 2021. (L. Baron /Reuters)

Nacer Chadli (Belgique), à propos de sa présence à l'Euro : « J'ai dout?

Nacer Chadli, piston gauche de la Belgique, nourrissait quelques inquiétudes avant que la liste de la sélection à l'Euro ne soit communiquée.

Nacer Chadli est soulagé. L'ancien joueur de Monaco a peu joué cette saison avec Basaksehir (Turquie) en raison de multiples blessures. Il a notamment subi une rupture tendineuse trois jours après celle de son ami Axel Witsel avec Dortmund (9 janvier). Il était d'autant plus content que son nom figure sur la liste des 26 de Roberto Martinez. Un peu comme lors de la Coupe du monde 2018 où son but, le troisième des Belges face au Japon (3-2, huitième de finale, 2 juillet), reste dans toutes les mémoires.

« Comment avez-vous vécu l'accident cardiaque du capitaine danois Eriksen lors de Danemark-Finlande (0-1) ?
J'étais choqué. Je ne regardais pas la rencontre mais j'ai reçu un message d'un ami. On allait commencer la réunion d'avant-match. Tout le monde était un peu abasourdi par la nouvelle. Sur le chemin qui conduisait au stade (St-Pétersbourg), on a appris qu'il était conscient. C'était un ouf de soulagement. S'il était resté en état critique et ne s'était pas réveillé, je n'aurais pas pu trouver la concentration. Il faut être honnête : quand on n'est pas au top mentalement, il faut l'admettre.

L'entraîneur danois a dit qu'il demanderait à ses joueurs s'ils peuvent jouer. Cela change-t-il quelque chose pour la Belgique ?
Pour nous, je ne pense pas que cela va changer notre approche du match. On s'entraîne de la même manière. Si nous l'emportons, ce sera synonyme de victoire. C'est un match super important. On le prend au sérieux. Je comprends l'entraîneur. Le contexte est exceptionnel. Si certains ne sont pas bien mentalement, cela peut représenter un poids pour l'équipe. Le Danemark est une très bonne équipe. Ils sont assez solides à chaque ligne. Il faudra jouer à notre niveau pour pouvoir gagner. Je ne sais pas quel sera leur état d'esprit mais il faudra qu'on soit très concentrés pour les battre.

Pourquoi avez-vous prolongé de deux saisons avec votre club ?
On en parlait depuis quelques semaines. J'avais une option d'une saison supplémentaire. Finalement, on a trouvé un terrain d'entente à deux. Il y a un projet au club dont je voulais faire partie. C'est rassurant. Prolonger évite le stress. SI je ne l'avais pas fait avant l'Euro, je me serais posé beaucoup de questions. Ça n'a pas été évident cette saison pendant laquelle j'ai connu trois blessures. 25 % de temps de jeu, ce n'est pas beaucoup. Sur la fin, j'ai pu montrer ce que je pouvais apporter. Le club en a eu conscience. Sinon, il me m'aurait pas prolongé.

Avez-vous douté de ne pas être retenu pour l'Euro ?
Oui, c'est sûr. À la base, il y avait 23 joueurs. 26, ça faisait plus de place pour moi peut-être. J'ai été blessé jusqu'à un mois de la liste. J'ai repris et j'ai disputé cinq rencontres. Quand mon nom a été cité, j'ai quand même été soulagé.

Vous arrivez frais pour l'Euro. Est-ce un avantage ? 
Ça peut l'être comme ça peut devenir un inconvénient. Le plus compliqué est d'avoir du rythme. La fraîcheur compte aussi lors d'une fin de saison avant de disputer un Euro. C'est un peu pareil pour moi qu'avant la Coupe du monde en Russie. J'avais joué quatre rencontres. Je me sentais bien.

« Je dois pouvoir attaquer quand l'équipe a le ballon et défendre quand elle ne l'a pas »

Nacer Chadli

Comment voyez-vous votre rôle de piston en sélection ?
Il n'a pas changé depuis que Roberto Martinez est là. Je dois pouvoir attaquer quand l'équipe a le ballon et défendre quand elle ne l'a pas. Le reste relève des détails techniques et de notre faculté à nous adapter à la formation adverse. J'ai remarqué que beaucoup d'équipes jouent avec des « winback » (pistons). Des défenses à cinq. C'est une évolution du jeu. Il n'y a plus trop de défense à quatre. On attaque beaucoup sur les côtés. En général, l'adversaire ferme l'axe. C'est pour ça que l'on mise sur les flancs. J'ai joué des deux côtés à ce poste. Je me sens vraiment plus à l'aise côté gauche. Il y a aussi Yannick (Carrasco) qui peut jouer là ou Thorgan (Hazard) ou Thomas (Meunier, à droite). D'autres se préparent s'ils doivent remplacer un joueur (Castagne a déclaré forfait). Vu mon temps de jeu, je peux comprendre que certains soient surpris de ma présence. Le statut est une chose et ce que tu peux apporter sur le terrain en est une autre. Si je suis là, ce n'est pas en raison de mon statut. Mais pour ce que je peux apporter à l'équipe et parce que l'entraîneur a confiance en moi.

Quelle est votre préférence avant France-Allemagne ?
Que le meilleur gagne. Je suis au courant de ce qui a été dit après les déclarations de Thomas Meunier (après la victoire en Russie (3-0), l'ex-joueur du PSG avait notamment expliqué qu'il faudrait « une armada pour battre la Belgique ».). Il n'a rien dit de mal. Il a cité un fait : on est numéro un mondial au classement FIFA. Il n'y a rien de mal à le souligner. Le commentaire a été mal pris par les Français. Ils ont dit qu'on avait le « melon ». Ce n'est pas vrai. On continue de travailler dur pour aller le plus loin possible dans ce tournoi. Personnellement, je n'ai aucune rancoeur envers les Français. La demi-finale de Coupe du monde (0-1, 2018) est du passé. Il faut regarder vers l'avenir. Si on les rencontre, il n'y aura pas de sentiment de revanche. On jouera notre jeu et on restera concentré. Quand on a un sentiment de revanche, on peut perdre les pédales. »