ben arfa (hatem) zeffane (mehdi) (A. Mounic/L'Equipe)

Mehdi Zeffane (Rennes) : «Je suis tenté par l'étranger»

Relancé dans le grand bain par Sabri Lamouchi puis confirmé par Julien Stéphan, Mehdi Zeffane a retrouvé des belles sensations lors de la saison historique du Stade Rennais. Après un cycle de quatre ans en Bretagne, à 26 ans, l'international algérien se projette ailleurs. Il nous explique pourquoi.

«Comment avez-vous vécu ce succès historique avec Rennes en Coupe de France ?
Les émotions sont encore là, on n'a pas forcément réalisé sur le moment. Mais les jours qui ont suivi, et notamment avec la communion avec le public, on s'est rendu compte qu'on avait réussi quelque chose de beau. On savait que l'attente était énorme. On est très fier de rentrer dans l'histoire du club et surtout dans le coeur des Rennais. Notre parcours, aussi, a été à la hauteur. On a éliminé des grandes équipes de notre Championnat comme Lille, Lyon et Paris. Cette Coupe de France, on ne l'a pas volée. On a été la chercher...

Peut-être le regret de ne pas avoir participé à ce match contre le PSG...
Oui, j'aurais aimé jouer cette finale, mais la joie collective était tellement immense. Quand on vit cela en harmonie avec les autres, on est dans un autre état d'esprit. C'est avant tout la solidarité de tout un groupe qui nous a permis de le faire.

Lors de cette rencontre, à quel moment avez-vous senti que Rennes pouvait le faire contre l'ogre parisien ? 
A partir du moment où on est revenu à 2-1, on a ressenti qu'on prenait plus confiance en nous, et que le PSG devenait nerveux. On a su gérer nos émotions comme il le fallait alors que ce n'était pas facile à un tel stade de la compétition. Après la pause, on est revenu avec l'envie de tout donner, et d'aller au bout. Au final, c'est un succès historique au bout du suspense. 

Lors de cette deuxième partie de saison, on vous a vu davantage, et avec à la clé des bons matches comme en Ligue Europa. L'effet Stéphan ? 
Oui, cela a été mieux. J'estime que c'est dans la continuité de la saison. C'est d'abord Sabri Lamouchi qui m'a sorti d'une situation très difficile. J'étais au placard à Rennes. Il a été classe, il m'a mis à l'aise et m'a relancé. Quand Julien Stéphan a pris l'équipe, on a eu plusieurs discussions dans son bureau, et ça a contribué à mon retour au premier plan. J'ai repris de la confiance, et j'ai joué des matches de haut niveau en Ligue Europa contre le Bétis Séville ou Arsenal. J'ai répondu présent lors de ces matches de haute intensité. On y prend goût, et on a envie de revivre cela.

Que retenez-vous de ces moments difficiles ?
Ce n’est jamais drôle d'être mis au placard surtout quand on a le sentiment qu'on peut apporter sa pierre à l'édifice. Avec du recul, ça fait beaucoup grandir, et gagner en maturité. Je préfère conserver le positif de toute épreuve dans la vie. Ces moments de galère m'ont aidé à faire cette saison. J'en ressors grandi et satisfait. J'ai travaillé et respecté l'institution rennaise. Je n'ai jamais ouvert ma bouche, ni manifesté mes états d'âmes.

Latéral droit, milieu droit ou gauche. Vous êtes très polyvalent, c'est un atout mais parfois un frein dans une gestion de carrière. Qu'en pensez-vous ? Dans quel rôle êtes-vous le mieux ?
A l'OL, j'ai été formé comme latéral droit, et c'est à ce poste que je performe le mieux. Il est vrai que je suis polyvalent, cela peut servir et desservir. On peut donner le sentiment d'être là pour dépanner. Mais si on peut proposer plusieurs solutions à un coach, c'est bien aussi.

Un peu usé de dépanner à tous les postes ?
Ayant connu le placard et maintenant une forme d'ascenseur émotionnel avec cette belle fin de saison, c'est sûr que j'ai envie de vivre des saisons pleines dans la peau d'un titulaire.

Justement vous arrivez en fin de contrat avec Rennes. Très récemment, Julian Stéphan a fait part de son envie de vous voir continuer l'aventure à Rennes. Alors, quelle est la suite des événements ?
Cela fait plaisir de sentir la confiance d'un coach qui souhaite me voir prolonger à Rennes. Après, le football nous offre la possibilité de vivre pas mal de choses. Aujourd'hui, je suis plus axé sur le projet de partir à l'étranger. Pour le plaisir de jouer ailleurs, déjà, mais aussi en tant qu'homme pour découvrir une autre culture, une autre langue... En France, j'ai connu Lyon et Rennes, deux très bons clubs de L1. Je pense avoir fait le tour, à 26 ans, je suis tenté par l'étranger.

Des championnats en particulier ?
Déjà au niveau sportif, j'aimerais avoir un poste de titulaire afin d'enchaîner les matches et pouvoir exprimer pleinement mes qualités. Je n'ai pas le sentiment que ça sera à Rennes. J'étais une doublure cette saison. Malgré ce temps de jeu insuffisant, je remercie le club pour avoir pu vivre cette année. Je suis heureux d'avoir vécu cela et de partir par la grande porte avec un titre à la clé et un beau parcours en Ligue Europa. La question d'ailleurs se pose, elle est bien présente dans ma tête.

En cette fin de saison, vous êtes également concerné par une éventuelle CAN avec l'Algérie. Vous devez attendre avec impatience la liste finale de Djamel Belmadi ?
Oui, c'est quelque chose de fort. J'ai participé à celle de 2015 avec Christian Gourcuff. J'espère vraiment faire partir de cette aventure. Cette saison, j'ai toujours eu la CAN à l'esprit, j'ai donc essayé d'être le plus performant avec mon club.

Depuis 2014, l'Algérie est en échec. Cette CAN, sous les ordres de Belmadi, peut-elle enfin permettre à cette sélection de réaliser son potentiel ?
On a une équipe de qualité, et on a vraiment un coup à jouer en Egypte. Il ne faut pas oublier qu'il est très difficile de jouer en Afrique, mais on est prévenu. Dans les têtes, il faut être prêt.»

Propos recueillis par Nabil Djellit

«C'est d'abord Sabri Lamouchi qui m'a sorti d'une situation très difficile. J'étais au placard à Rennes. Il a été classe»

«Aujourd'hui, je suis plus axé sur le projet de partir à l'étranger. Pour le plaisir de jouer ailleurs, déjà, mais aussi en tant qu'homme pour découvrir une autre culture, une autre langue»