09.02.2019, Craven Cottage, London, ENG, Premier League, FC Fulham vs Manchester United, 26. Runde, im Bild Maxime Le Marchand of Fulham // Maxime Le Marchand of Fulham during the Premier League 26th round match between FC Fulham and Manchester United at the Craven Cottage in London, England on 2019/02/09. EXPA Pictures © 2019, PhotoCredit: EXPA/ Focus Images/ Steve O'Sullivan *****ATTENTION - for AUT, GER, FRA, ITA, SUI, POL, CRO, SLO only***** (Steve O'Sullivan/Focus Images//PRESSE SPORTS)

Maxime Le Marchand raconte le confinement en Angleterre : «Je suis allé faire mes courses avec un masque, tout le monde me regardait un peu bizarre»

Resté à Londres avec sa femme et ses deux enfants, Maxime Le Marchand, ancien défenseur du Havre et de Nice aujourd'hui à Fulham (D2), raconte le confinement outre-Manche. Entre nuits agitées, cuisine et questionnement sur l'avenir.

«Un mot pour définir le confinement ?
Calme (Il sourit.). On est bien occupés avec les enfants mais ce n'est plus du tout pareil. Les journées étaient rythmées par le foot. Maintenant, c'est beaucoup plus calme. On est à la maison et on bouge moins.

A quand remonte la suspension des entraînements avec Fulham ?
C'était le 12 mars je crois. Le vendredi 13, en revenant de blessure, je devais jouer avec les jeunes. Dans la journée, on nous a dit que les matches étaient annulés et qu'il fallait rester chez nous. Depuis, on n'a pas eu d'entraînement. On est chez nous et on a un petit programme pour s'entretenir.

Le club vous tient-il régulièrement informé de la situation ?
Ça communique pas mal oui. On a eu des retours du préparateur physique, des personnes qui sont chargés de gérer certains joueurs, du nutritionniste aussi parce qu'il y a forcément eu des problèmes de stocks dans les magasins. Grâce au nutrionniste, il y a des fournisseurs qui nous proposaient des choses. La communication du club m'a contacté pour savoir si ça allait.

«Je me suis procuré un tapis de course juste à temps»

Le programme d'entraînement à la maison est-il intense ?
C'est assez dur quand même. Dès que ça sentait un peu le roussi, je me suis procuré un tapis de course juste à temps. Je n'en avais pas. Donc c'est course sur tapis, même si on peut toujours aller dehors pour ça. J'irai de temps en temps. Sinon, on a quelque chose à faire tous les jours du lundi au vendredi. Les membres du club nous ont amené ce qui pouvait nous manquer, comme des poids, des élastiques pour faire tout ce qu'il fallait au niveau de la musculation, de la prévention. On a tout ce qu'il faut. On sait que ça va être une période assez longue. A nous de gérer nos séances. Mais j'aime bien. Quand je reste un peu trop sur le canapé et que je ne bouge pas... J'ai la chance d'avoir ce tapis de course, c'est quand même du luxe. Je me lève, je prends mon petit déjeuner, je me prépare pour aller courir. C'est pas mal. Pour se motiver, il n'y a pas de problème. Ce n'est pas comme si j'allais dehors et que je devais me couvrir.

Vous posez-vous des questions sur votre état physique à la reprise des compétitions ?
Bien sûr. Je lis des articles. On se demande aussi comment ça va se passer s'il y a une reprise. Si on doit par exemple reprendre et jouer un match tout de suite au bout de trois jours. Peut-être que la Ligue ici, en Angleterre, ne s'inquiètera pas du temps qu'on a eu... Forcément, on s'inquiète un peu. C'est pour ça que le préparateur physique et le coach nous demandent comment ça se passe avec le programme, et nous disent qu'il faut être très sérieux pour être au mieux. Je me demande aussi comment on va être tous, et moi personnellement, étant donné que je reviens de blessure.

Maxime Le Marchand sur son tapis de course à Londres, pendant le confinement. (D.R)

Une date possible de reprise vous a-t-elle été indiquée ?
Pour l'instant, vraiment, on a rien. On sait qu'il y a ces trois semaines de confinement en Angleterre. C'est tout ce qu'on sait pour le moment. Mais, à mon avis, ça va durer plus longtemps. On a aucune date précise, on fait au jour le jour. On regarde tous un peu les nouvelles. On a un groupe sur WhatsApp avec tous les joueurs. Chacun donne les dernières informations. Parfois, quand je me lève la nuit pour ma petite, je regarde s'il n'y a pas une nouvelle qui est tombé. On attend...

Qu'est-ce qu'il se dit sur ce groupe WhatsApp ?
Au début, je discutais un peu plus. Etant donné que la France était un peu plus en avance que l'Angleterre, je leur disais que le pays allait se mettre en confinement, que les gens devaient avoir un papier pour sortir. Ils étaient assez choqués. Je leur disais que ça allait sûrement venir en Angleterre, que les joueurs évoluant en France étaient moins payés. Je demandais si ça allait être le cas pour nous. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité. Ça va peut-être venir. On discute un peu de tout ça, on se pose des questions sur la reprise du Championnat.

«Etant donné que la France était un peu plus en avance que l'Angleterre, je disais à mes coéquipiers que le pays allait se mettre en confinement, que les gens devaient avoir un papier pour sortir. Ils étaient assez choqués.»

«Je prends le temps de réfléchir sur ce que je pourrais faire après le foot»

A titre personnel, c'est une pause qui vient s'ajouter à une saison jusque-là bien délicate (8 apparitions seulement en Championship)...
Ouais... Cette saison a été très particulière pour moi. Avec ça en plus, c'est incroyable. C'est vraiment bizarre. On a tous envie que ça se termine rapidement pour reprendre le cours normal des choses. Mais c'est fou comme un virus peut chambouler le monde en général et le monde du football. On prend du recul. On voit tous ces gens qui peuvent être malades. On est comme tout le monde. En tant que footballeur, parfois, on est privilégié, mais là on est comme tout le monde. Ça fait réfléchir sur l'avenir. Je prends le temps de réfléchir sur ce que je pourrais faire après le foot. Mais j'essaie de voir le côté positif. Je passe beaucoup de temps avec ma famille donc je suis content. Même si je suis stressé par ce virus, j'ai quand même moins de pression par le football, ça soulage aussi de temps en temps.

Plus globalement, comment ressentez-vous ce confinement en Angleterre ?
J'étais assez surpris : en France, il y avait déjà le confinement que la vie continuait en Angleterre. J'étais un peu choqué. J'allais faire mes courses, je voyais les gens discuter très proches, ils se réunissaient encore, les restaurants et les bars étaient ouverts. Je ne comprenais pas parce que j'étais dans l'actualité française, donc un peu en avance. Il y a plus d'une semaine, je suis allé faire mes courses avec un masque, tout le monde me regardait un peu bizarre (Il sourit.). Au final, quelques jours après, il y a eu cette annonce de confinement. Depuis, les gens sont quand même très respectueux, ils gardent leurs distances. Les magasins sont presque tous fermés comme en France. Mais, pendant longtemps, c'est comme s'il n'y avait rien et qu'ils ne faisaient pas assez attention.

Et Boris Johnson (NDLR : Le premier ministre britannique) a même été testé positif...
Avec ma femme, on n'était pas étonnés parce que ce sont des gens qui rencontrent et croisent plein de personnes. Comme j'étais à Nice (2015-2018), on suit l'actualité, et on avait vu que c'était pareil pour (Christian) Estrosi (NDLR : Maire de Nice). Ils sont vraiment au contact avec du monde donc ce n'est pas étonnant qu'ils l'attrapent.

Racontez-nous une journée type chez les Le Marchand en temps de confinement.
Déjà, on se réveille dans la nuit (Il sourit.). On est réveillés par la plus grande entre 6h30 et 7 heures. Petit déjeuner tous ensemble. Je me prépare pour aller faire mes exercices. Je prends pas mal de temps si j'ai de la musculation ou de la prévention à faire. Ensuite, j'aime beaucoup passer du temps en cuisine. J'ai toujours aimé cuisiner mais comme j'ai un peu plus le temps, je prépare des petits trucs. Après, c'est le temps de repos : la plus petite dort et la plus grande a un petit temps de télévision. On essaie de tous faire une petite sieste. On a la chance d'avoir un jardin. Avec ma femme, parfois, on se dit qu'à Paris, ça ne doit être facile d'être dans un petit appartement. Les gens doivent en avoir un peu marre... Donc soit on joue dans le jardin l'après-midi, soit on fait une balade dans le quartier parce qu'il ne faut pas s'éloigner de la maison. On rentre. On goûte. Le bain des enfants. Si j'ai le temps, je cuisine un peu l'après-midi aussi. Et on va vite se coucher parce qu'on est un peu fatigués.

C'est quoi la spécialité de chef Le Marchand ?
Je n'en ai pas vraiment. Je me lance sur plusieurs choses. J'ai mon robot qui m'aide bien ! Ce midi, j'ai fait un gratin dauphinois. Ça reste basique mais ça fait plaisir de prendre le temps et de faire des petits repas pour sa famille parce qu'on n'a pas trop le temps quand on est au foot. Donc j'apprécie vraiment.

Formé au Havre, Maxime Le Marchand a disputé 65 matches de Ligue 1 avec Nice avant d'être transféré pour environ 4 millions d'euros à Fulham. (R.Martin/L'Equipe)

«J'ai toujours aimé cuisiner mais comme j'ai un peu plus le temps, je prépare des petits trucs.»

Quel âge a votre plus grande fille ?
Quatre ans. La plus petite a bientôt huit semaines.

Comment avez-vous expliqué la situation actuelle à votre fille de quatre ans ?
Des fois, elle se demande : "Quand est-ce que je retourne à la crèche ?" On lui dit : "En ce moment, beaucoup de gens ont des gros rhumes. On va tous rester à la maison. Tout est fermé." Des fois, je vais au cinéma avec elle, donc je lui dis que c'est fermé. Elle veut faire les courses avec moi, je lui dis qu'on ne peut pas. On lui explique. Elle comprend. Elle est contente d'être avec ses parents. Mais des fois elle dit qu'elle aimerait bien revoir ses copains.

A quoi ressemblera la première journée de fin de confinement ?
Je n'en ai aucune idée mais je pense que ça va être assez particulier (Il sourit.). On mettra tous du temps à retrouver notre vie normale, sur tous les plans.»

Timothé Crépin