Soccer Football - Champions League - Group B - Borussia Moenchengladbach v Real Madrid - Borussia-Park, Moenchengladbach, Germany - October 27, 2020 Borussia Moenchengladbach's Marcus Thuram celebrates scoring their first goal with Lars Stindl REUTERS/Uwe Kraft (Reuters)

Ligue des champions : Les nouveaux défis de Marcus Thuram

Avec ses premiers pas chez les Bleus en novembre dernier, le phénomène Marcus Thuram a pris de l'ampleur. Face au Real Madrid ce mercredi, l'attaquant du Borussia Mönchengladbach peut permettre à son équipe de se qualifier en 8e de finale de la Ligue des champions. Un des nouveaux défis qui attendent l'ancien Sochalien.

L’année 2020 de Marcus Thuram a tout d’un conte de fée. Une première saison en Bundesliga aboutie, des débuts fracassants en Ligue des champions avec un doublé inscrit contre le Real Madrid et des premiers pas plus que prometteurs en équipe de France. Le fils de Lilian a de quoi être satisfait quand il regarde dans le rétroviseur. Et le pire (ou le meilleur), c’est que tout n’est pas encore terminé ! Ce mercredi, son club du Borussia Mönchengladbach affrontera le Real pour une place en huitièmes de finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Une occasion en or que l’ancien Guingampais ne voudra certainement pas laisser passer afin de prouver une nouvelle fois l’épaisseur qu’il a pris ces derniers mois. Face à lui se dresseront Sergio Ramos et consorts, une opposition de taille qui fait partie des nouveaux défis qui attendent le natif de Parme. 

«Sa progression est tout à fait formidable» souligne Albert Cartier, son ancien coach à Sochaux de 2015 à 2017. En quatre ans, Thuram est en effet passé de l’ombre de la Ligue 2 aux flash lumineux des joutes internationales. Une progression loin d’être terminée qu’il doit autant à ses capacités qu’à sa personnalité. «Il a toujours eu un côté compétitif. Il aime et il sait être décisif. C’est important à souligner et c’est un atout qu’il tend encore à développer. Ce fait d’être compétiteur lui permet de prendre les responsabilités et il ne se cache pas. Avec Sochaux, il a 18ans, demi-finale de Coupe de France, penalty décisif, il s’en charge et il assume. Ces qualités-là lui ont permis d’avancer aussi vite dans la direction qu’il prend actuellement.» Mais sur quels aspects du jeu l’ancien de l’AC Boulogne-Billancourt peut-il encore travailler pour continuer à grandir ? 

«Il aime marquer mais aussi faire marquer»

«Il a une grosse marge de progression dans le domaine aérien, note Cartier. C’est quelque chose qu’on a beaucoup travaillé avec lui à Sochaux et qu’il peut encore améliorer. A l’époque, il refusait presque de se servir de sa tête et il préférait effectuer un contrôle poitrine pour se mettre le ballon sur le pied. Aujourd’hui, il a déjà fait des progrès.» Un aspect du jeu qui pourrait lui permettre de se recentrer sur le terrain ? Depuis ses débuts en professionnels, Thuram évolue surtout sur l’aile gauche même s’il lui arrive régulièrement de jouer avant-centre. Dans une position axiale, il pourrait se montrer plus décisif qu’il ne l’est déjà. «Ce n’est pas un objectif pour lui, répond Cartier. La barre des 15 ou 20 buts, il est déjà capable de l’atteindre. Mais il ne focalise pas là-dessus. Il n’est pas égoïste sur ce point. Il aime marquer mais aussi faire marquer.». Avant d’ajouter : «Il a encore un énorme potentiel. Le choix de rejoindre l’Allemagne va l’aider à progresser. Dans ce football, le travail sans ballon est très important. Ses qualités balle au pied, on les connait, il sait être intéressant. Mais sans ballon, il lui reste encore de la marge.» 

«Le club qu'il a choisi l'a grandement aidé. Le plafond de verre n'est absolument pas atteint.» Patrick Guillou

Arrivé à Mönchengladbach à l’été 2019, Thuram y bénéficie depuis d’un cadre idéal pour progresser. D’abord, un vestiaire où les francophones sont nombreux avec Alassane Plea, Ramy Bensebaini ou encore Breel Embolo. «Cela facilite forcément l’intégration» lance Patrick Guillou, consultant pour beIN SPORTS, diffuseur de la Bundesliga. «Mais je ne le pensais pas capable de s’adapter aussi rapidement. Le potentiel de Marcus, tout le monde le connait. Mais le club qu’il a choisi l’a grandement aidé. Le plafond de verre n’est absolument pas atteint.» Auteur de 10 buts et 8 passes décisives en 2019-20 pour les Poulains, l’ancien Sochalien était attendu pour la fameuse saison de confirmation. Et force est de constater qu’il continue sur sa lancée depuis la reprise. «La deuxième saison, on attendait de lui qu’il devienne un joueur cadre de l’équipe et qu’il poursuive encore sa progression. C’est ce qu’il fait. Il ne stagne pas, il avance. Jusqu’où peut-il aller ? J’ai envie de dire qu’il lui reste encore 139 sélections pour rejoindre son père en équipe de France !»

«L'homme est en train de prendre le pas sur le joueur»

En Allemagne, Thuram a séduit son monde grâce à ses performances mais aussi par sa personnalité. En juin dernier, il n’avait pas hésité à poser un genou à terre en soutien après la mort de George Floyd. Une prise de position appréciée qui se conjugue à l’image d’un travailleur acharné qu’il peut avoir outre-Rhin. «En Allemagne, quand on définit Marcus Thuram, on parle de son professionnalisme, de son investissement, de sa discipline. Il est en train de comprendre les progrès à réaliser. Il grandit» explique Guillou. L’international français semble presque avoir atteint l’âge de maturité. «Son engagement en dehors du terrain lui permet de mûrir. C’est rare mais l’homme est en train de prendre le pas sur le joueur. Et ça lui sert dans sa progression.» Face au Real Madrid, c’est encore un nouveau palier qui se présente à Thuram. Une marche aussi élevée que symbolique mais à la hauteur d’un joueur qui avait marqué un doublé à l’aller face aux partenaires de Raphaël Varane (2-2). «Les étapes, il les passe et il les valide, lance Cartier. Il a une capacité d’écoute au-dessus de la moyenne qui lui fait franchir les paliers, il ne perd pas de temps.» À 23 ans, le Français a en tout cas toutes les cartes en main pour relever un nouveau défi : celui de qualifier le Borussia Mönchengladbach en phase à élimination directe de Ligue des champions pour la première fois depuis la saison 1977-78. 

Benoît Desaint