Soccer Football - Champions League - Group C - Manchester City v Olympique de Marseille - Etihad Stadium, Manchester, Britain - December 9, 2020 Manchester City's Sergio Aguero REUTERS/Phil Noble (Reuters)

Le bilan de Sergio Agüero en Ligue des champions avec Manchester City

Manchester City l'a annoncé fin mars : Sergio Agüero quittera le club en fin de saison, après dix ans de bons et loyaux services. Alors que les Citizens jouent une place en demi-finales de Ligue des champions à Dortmund ce mercredi, FF dresse le bilan du buteur argentin en C1.

Arrivé à Manchester City en provenance de l'Atlético Madrid pour le début de saison 2011-12, Sergio Agüero n'a eu besoin que d'une petite saison pour entrer dans l'histoire de son nouveau club. Qui ne se souvient pas de ce but libérateur contre les Queens Park Rangers lors de la dernière journée de Premier League cette saison-là ? Sûrement pas les supporters de Manchester United. Les fans des Red Devils ne s'en doutaient peut-être pas à l'été 2011, mais le nouveau buteur de leur éternel rival allait devenir l'un des attaquants les plus létaux de la décennie 2010. Car en dix saisons en Angleterre, l'Argentin a eu le temps d'affoler les compteurs. Avec 181 pions en 272 matches de Premier League, il est tout simplement le quatrième buteur le plus prolifique de l'histoire de la compétition. Et même le premier étranger. De quoi permettre aux Citizens d'empocher quatre Championats sur la période. Et même si toutes les bonnes choses ont une fin, nul doute que l'Angleterre se souviendra du Kun. Mais quid de l'Europe ? A l'image des péripéties de Manchester City en Ligue des champions ces dernières saisons, le bilan continental du buteur est plus mitigé.

Des chiffres à la hauteur des plus grands

Sur le plan individuel, Sergio Agüero se situe au niveau des plus grands attaquants de la Ligue des champions en termes statistiques. En dix campagnes européennes, l'Argentin a disputé 62 matches sous les couleurs de Manchester City dans la reine des compétitions du Vieux continent. Sur cette période, il cumule 36 buts et 8 passes décisives. En ajoutant ses réalisations sous les couleurs de l'Atlético et en phase de qualifications à la Ligue des champions, son compteur atteint les 47 buts. Un total qui lui permet de figurer à la 14e place du classement des buteurs les plus prolifiques de la compétition, à deux buts du top 10. Dans cette liste, le nom du Citizen figure aux côtés de ceux d'Eusebio, d'Alessandro Del Piero, de Thomas Müller ou de Didier Drogba. En termes d'efficacité, l'Argentin fait même encore mieux avec 0,59 but par match, soit le 9e meilleur ratio parmi le top 20 des buteurs. Mieux que Karim Benzema, Raul ou Thierry Henry pour ne citer qu'eux.

Derrière ces chiffres de haute volée, plusieurs faits d'armes. Il y a d'abord ces six buts et trois passes décisives en cinq rencontres de la phase de groupes de l'édition 2013-14, où le Kun s'offre deux doublés consécutifs contre le CSKA Moscou pour permettre à City de terminer deuxième du groupe D, à égalité de points avec le Bayern Munich, tenant du titre et futur demi-finaliste. La saison suivante, l'attaquant de l'Albiceleste réitère. Cinq buts et une passe décisive en six matches dans un groupe piège avec la Roma et, encore, le CSKA Moscou et le Bayern. Dos au mur avec seulement deux points au coup d'envoi de la cinquième journée, les Citizens comptent une fois de plus sur leur buteur de poche. À l'Etihad Stadium contre les Bavarois, Agüero claque un triplé dont deux buts dans les dernières minutes pour renverser le Bayern et mettre les siens sur les rails d'une qualification en huitièmes. Enfin, c'est encore lui qui porte les Citizens en phase à élimination directe de l'édition 2018-19 en signant quatre buts en quatre rencontres sur les huitièmes et les quarts contre Schalke 04 puis Tottenham. Malheureusement pour lui et ses coéquipiers, il manque un penalty au match aller face aux Spurs et les hommes de Pep Guardiola manquent l'opportunité de marquer l'Europe. Une fois de plus.

Une décennie de rendez-vous manqués

Car, en rentrant dans le détail, les saisons européennes de Sergio Agüero avec Manchester City ont principalement des airs d'occasions manquées. Sur ses neuf premières saisons, l'Argentin et son club n'ont atteint les demi-finales qu'à une seule reprise en 2015-16. Après avoir notamment sorti le PSG avant de finalement tomber contre le Real, futur vainqueur. Le reste du bilan n'a rien de scintillant : deux éliminations dès la phase de groupes, trois en huitièmes de finale (contre le FC Barcelone deux fois et Monaco) et trois sorties consécutives en quarts (contre Liverpool, Tottenham et l'OL). Si les éliminations contre le Barça ont des airs d'apprentissage cruel du haut niveau européen, celle contre les Reds reste une vraie leçon tandis que les sorties prématurées contre Spurs, Monégasques et Lyonnais ressemblent d'abord à des échecs majuscules. Une qualification contre Dortmund ce mercredi soir viendrait redorer ce bilan plus frustrant que convaincant pour un club qui ne cache pas ses ambitions en C1 depuis une dizaine d'années. Et Agüero en est aussi responsable.

Aussi prolifique soit-il, l'Argentin a eu, comme son club, une fâcheuse tendance à rentrer dans le rang lorsque le niveau s'est élevé en matches éliminatoires. Sur l'ensemble de ses 36 buts, seuls neuf ont été inscrits après la phase de groupes. Aucun n'a été décisif. La plupart sont d'ailleurs intervenus dans des victoires faciles (comme contre Kiev en 2016, Bâle en 2018 ou Schalke 04 en 2019) ou finalement insuffisants (comme ce doublé contre Monaco en huitièmes de finale aller ou ce but contre Tottenham en quarts de finale retour). À l'inverse, Agüero a toujours semblé flancher dans les moments les plus importants. En dix matches retour en phase à élimination directe, il n'a marqué que sur deux rencontres et n'a jamais offert la qualification pour le tour suivant aux Citizens (muet contre Liverpool en 2018, contre Monaco en 2017, contre le Real, le PSG et Kiev en 2016, et contre le Barça en 2015 et 2014). Peu utilisé par Guardiola depuis son retour de blessure cette saison, l'Argentin n'aura peut-être plus la possibilité de corriger cette anomalie.

Une marche à franchir

Après neuf saisons, force est de constater que le City d'Agüero n'est jamais parvenu à passer du statut d'outsider ambitieux à celui de favori assumé. Les Citizens et leur Argentin se sont à chaque fois écroulés lorsque la pente devenait trop raide et la pression trop forte. À bientôt 33 ans, Agüero pourrait s'offrir un nouveau challenge dans un club en quête d'un joueur d'expérience capable de faire parler la poudre dans un rôle pas nécessairement majeur. Au sein d'un autre gros poisson européen, nul doute qu'il pourrait enfin franchir la marche. Côté Manchester City, le départ du meilleur buteur de l'histoire du club est évidemment la fin d'un chapitre. Mais pas celle des ambitions. Encore une fois réinventés par Guardiola cette saison, les Citizens vont désormais explorer une autre voie pour tenter de parvenir à leurs fins en C1.

À moins que le déclic opère dès cette année alors que City est, une fois de plus, à 90 minutes d'une demi-finale de Ligue des champions ? «Tout peut arriver. Tout peut changer rapidement de manière positive ou négative. Tout le monde doit être prêt et j'espère que Sergio pourra être prêt rapidement», a déclaré Pep Guardiola ce week-end au moment d'évoquer le rôle de son buteur argentin dans la dernière ligne droite de la saison. De là à nous offrir un incroyable happy end sur la scène européenne ?

Quentin Coldefy