neymar (P. Lahalle/L'Equipe)

La question qui fâche : les Réseaux Sociaux font-ils désormais partie de la panoplie du footballeur pour affirmer leur virilité ?

De nos jours, la très grande majorité des footballeurs utilisent les Réseaux Sociaux pour développer leur image en dehors du terrain. Certains exploitent même ce mode de communication pour chambrer leurs adversaires et ainsi renforcer leur côté mâle dominant. Mais est-ce vraiment efficace ?

Carlos Mozer, Eric Di Meco, Roy Keane, Mark van Bommel, Nigel de Jong, Joey Barton... Ces noms résonnent plus comme ceux de joueurs hargneux et souvent à la limite de la violence -et même violents tout court sur bon nombre d'actions- que comme des artistes balle au pied. Si leur réputation de bad boys au tempérament sanguin s'est faite sur le terrain au fil de tacles ou gestes assassins, certains d'entre eux doivent aujourd'hui s'étouffer (de rire ou de dépit) devant les passes d'armes et les moqueries de plusieurs footballeurs sur les Réseaux Sociaux.

La dernière joute en date a opposé Neymar à son meilleur ennemi, Alvaro Gonzalez, sur Twitter dans la foulée du Trophée des champions remporté mercredi par le Paris-SG (2-1) face à l'Olympique de Marseille. Comme une réponse à leur duel en septembre dernier, marqué par les accusations de racisme du Brésilien envers le défenseur espagnol, l'attaquant du PSG a ouvert les hostilités avec le message «Le roi, n'est-ce pas Alvaro ?», en légende d'une photo de lui. La réponse de sa cible ? «Mes parents m'ont toujours appris à sortir les poubelles. Allez L'OM toujours», accompagnée d'une photo où le Marseillais attrape la tête de l'ancien Barcelonais lors d'un duel pendant la rencontre.

Les enfantillages se sont même poursuivis sur Instagram avec une vidéo où Neymar chambre Dimitri Payet de la même façon que le milieu de l'OM avait pu le faire après la finale de Ligue des champions perdue par le PSG l'été dernier. Irréprochable dans son attitude avec une parfaite gestion de ses émotions lors de la demi-heure de jeu passée sur la pelouse après son entrée en jeu à la 65e, malgré les fautes subies, l'attaquant brésilien s'est donc lâché sur les réseaux. Une image «virile» qui pourrait prêter à sourire en se remémorant ses hilarantes simulations lors de la Coupe du monde 2018 avec des roulades à n'en plus finir. Ou même ses improbables coupes de cheveux souvent raillées. L'art du contrepied en quelque sorte.

Et si le véritable mauvais garçon ne se distinguait désormais plus par ses tacles à la gorge mais par ses posts et autres punchlines sur le web ? Il est vrai que les arbitres ont pour consigne de ne plus tolérer le moindre geste répréhensible, ce qui limite fort logiquement -et heureusement- le champs d'action d'éventuels bouchers en herbe. Les Réseaux Sociaux sont ainsi devenus un exutoire pour certains. Mais cela renforce-t-il vraiment leur virilité auprès du public ? A l'inverse, certains, à l'image de Téji Savanier, ne sont inscrits sur aucun réseau. Et pourtant, le milieu offensif de Montpellier parvient tout de même à se démarquer par sa forte personnalité...

Clément Lacord