Pablo Longoria ne s'enflamme pas. (P. Lahalle/Lâ?™Équipe)

La question qui fâche : l'OM se trompe-t-il de politique sportive en se lançant dans le trading ?

Le direction marseillaise a fait son choix en ajoutant cet été Pablo Longoria à son organigramme. Le nouveau Responsable du Football à l'OM doit assainir les comptes du club en générant des profits sur le marché des transferts via le trading. Mais les Olympiens ne font-ils pas fausse route avec cette nouvelle potitique sportive dans la tendance du football moderne ?

Les saisons passent, et le serpent de mer de la politique sportive à adopter revient fréquemment sur le devant de la scène à Marseille. Après le «Projet Dortmund», qui n'aura finalement jamais existé, initié par le président Vincent Labrune en 2013, puis le «Champions Project» de Frank McCourt en 2016, voici donc venu l'ère du trading en Provence. Bien qu'elle soit annoncée comme une Phase 2 du Champions Project, cette nouvelle stratégie demeure pourtant à l'opposé des lourds investissements consentis pour des joueurs chers (Payet, Strootman,...), souvent âgés et dont la perspective d'un bénéfice à la revente est quasi nulle. Le but de cette première étape étant de donner les clés à des joueurs expérimentés pour ramener le club en haut du classement.

Malgré plusieurs couacs (Strootman ou Mitroglou en haut de la liste), le pari a pris plus de temps que prévu pour récolter ses fruits mais il est en partie réussi avec le retour de l'Olympique de Marseille sur le podium de la Ligue 1 et sa qualification pour la Ligue des champions. Les dettes du club phocéen demeurent cependant abyssales et le couperet du fair-play financier a fini par tomber cet été (retrait de 15 % des sommes perçues pour sa participation aux compétitions européennes) après plusieurs avertissements sans frais. Après les pertes, l'heure est donc dorénavant aux profits. Et quoi de mieux que le trading de joueurs pour remplir des caisses vides ? A l'instar de Lille ou Monaco, l'OM a donc également choisi cette voie.

Pour mener à bien cette nouvelle orientation, les dirigeants ont choisi de confier les clés à l'Espagnol Pablo Longoria. Nouveau «Head of Football» marseillais depuis début août, l'Espagnol de 33 ans va peut-être réaliser son premier gros coup avec l'arrivée de Luis Henrique, attaquant brésilien de 18 ans recruté à Botafogo pour une somme comprise entre 10 et 12 millions d'euros. Premier gros coup, ou premier gros flop... Le pari est risqué pour un élément peu expérimenté au vu du montant de la transaction, mais le trading s'assimile à une sorte de loterie qui peut s'avérer très rentable pour les audacieux qui ont su avoir du flair.

Les supporters locaux pourront cependant regretter que leur club de cœur ne base pas plus son nouveau projet sur la détection et la formation des jeunes joueurs. La région regorge pourtant de talents mais seuls Boubacar Kamara et Maxime Lopez ont aujourd'hui leur place dans le onze d'André Villas-Boas. Isaac Lihadji aurait pu avoir la sienne. Le grand espoir phocéen de 18 ans a toutefois préféré rejoindre Lille cet été plutôt que de parapher son premier contrat professionnel avec son club formateur. La raison invoquée ? Le projet sportif des Nordistes. «Le LOSC fait confiance aux jeunes depuis plusieurs années», confiait-il ainsi lors de son arrivée chez les Dogues. Pablo Longoria n'aura peut-être pas toujours besoin de recruter à l'autre bout du monde pour générer de jolis profits. Le risque serait en tout cas plus mesuré...

Clément Lacord