(L'Equipe)

La ligue des héros d'un soir

Ils sont pour la plupart de rugueux défenseurs habitués aux basses besognes sur le terrain. Mais ce soir-là, ils ont marqué, pris un bout de lumière et offert à leur club un grand moment en Coupe de la Ligue. Voici nos cinq héros d'un soir.

Patrick Müller, Lyon-Monaco (2-1 a.p.), finale 2001

Il fait partie de ces gars discrets. Dont on n’entend quasiment jamais parler. De ceux pour qui la gloire et la célébrité sont un bien grand mot. Le défenseur suisse, Patrick Müller fait bien partie de cette caste-là. Précieux remplaçant à l’OL, Müller vit à l’ombre de la charnière Edmilson-Caçapa. Il n’est pas titulaire lors de cette finale 2001 mais son entrée en jeu à la 106e minute s’avère déterminante. Placé au milieu de terrain, l’ancien joueur du Servette suit à la trace un contre orchestré par Sonny Anderson à deux minutes du terme de la prolongation. Bien placé au point de penalty, il reçoit une offrande du Brésilien et se jette pour mettre son pied en opposition. Le kop lyonnais explose. Müller offre aux Gones leur premier titre depuis la Coupe de France 1973. Et si le Suisse avait lancé sur des roulettes l’orgie de titres des hommes de Jean-Michel Aulas ?

Sylvain Monsoreau, Sochaux-Metz (3-2 a.p.), demi-finale 2003

99e minute de jeu. Les prolongations sont insoutenables pour les deux clubs de l’Est de la France, Sochaux et Metz. Favoris mais au bout du rouleau, les Lionceaux se cassent les dents sur la défense messine composée de cinq joueurs. On file tout droit vers la prolongation. Bonal le sait, les téléspectateurs le savent mais un joueur s’entête. Latéral gauche, Sylvain Monsoreau prend la liberté de monter sur un coup-franc de Benoît Pedretti. Il se fait discret au second poteau et échappe à la meute concentrée au centre de la surface de réparation. Bien lui en prend. Le ballon arrive vers lui et, d’un extérieur du pied droit vient battre le malheureux Ludovic Butelle. Le voilà propulsé héros du match, celui qui a emmené le FC Sochaux au Stade de France.

Jean-Christophe Devaux, Strasbourg-Caen (1-0), finale 2005

Il court comme un dératé sur la pelouse du Stade de France. Pour être honnête, on ne sait pas trop où il va et même lui doit encore se poser la question aujourd’hui. Bon, il faut dire qu’il a de quoi devenir fou. Du bout de son soulier, le natif de Lyon offre une seconde Coupe de la Ligue aux Alsaciens (2-1 face à Caen). Et pas un but en bois ! Décalé sur son pied droit, Devaux claque une frappe surpuissante sous la transversale de Vincent Planté. Sous les couleurs du Racing, il s’agit seulement de son deuxième but, mais il coûte si cher. La belle histoire.

Henrique, Bordeaux-Lyon (1-0), finale 2007

Habituellement plus coutumier de tacles et d’interventions défensives, Henrique est entré dans le cœur des Bordelais avec un but qui vaut de l’or. Sur un corner sortant à la 88e minute de jeu, le Brésilien surgit et catapulte un coup de boule surpuissant dans les cages de Rémy Vercoutre. Une victoire majuscule pour les Girondins car à cette époque-là, l’OL survole le championnat et n’a d’égal dans toute l’Hexagone. Après neuf ans de bons et loyaux services du côté de Chaban-Delmas, Henrique quittera Bordeaux les larmes aux yeux. Avec son but en finale et sa bonhomie, il est entré dans le panthéon des Scapulaires. 

Bernard Mendy, PSG-Lens (2-1), finale 2008

Souvent raillé pour son manque de technique et sa maladresse balle au pied, Bernard Mendy reste un chouchou pour les supporters du Paris Saint-Germain. Le latéral droit est loin d’être un goleador mais en ce soir de 2008, il a le courage de prendre ses responsabilités. A la suite d’une faute dans la surface de réparation de Vitorino Hilton sur Péguy Luyindula, Mendy prend le ballon dans ses mains. 1-1, le chrono affiche 93 minutes de jeu. Le natif d’Evreux s’élance et bat un Ronan Le Crom resté cloué au sol. Ivre de joie, l’international français accourt vers son banc. Il sait qu’il vient d’offrir un trophée au PSG. Son sourire de gamin restera dans les mémoires.


Johan Tabau