Pirlo fait front. (A. Venturini/Presse Sports)

La Juventus doit-elle insister avec Andrea Pirlo comme entraîneur ?

Au sortir d'une saison que l'on peut qualifier de loupée, les dirigeants bianconeri se grattent la tête pour le futur. Qu'adviendra-t-il d'Andrea Pirlo ? Mérite-t-il une nouvelle chance ? Deux de nos journalistes ne sont pas d'accord.

OUI

Parce que c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens
Et si on lâchait un peu le col d’Andrea Pirlo quelques instants ? Certes, la Juventus s’est lamentablement fait sortir de la Ligue des champions par Porto en huitièmes de finale et le Scudetto a filé entre les doigts des Bianconeri pour la première fois depuis 2011. Toute série a une fin et c’est tombé sur la tête de l’Architetto… Ça arrive. Il reste surtout au champion du monde 2006 encore quelques haies à franchir avant la fin de la saison. La terre entière enterre la Juve mais elle peut encore se qualifier pour la prochaine C1. Avec deux journées encore à jouer et trois petits points à grappiller sur le deuxième, les dés sont loin d’être jetés. Pirlo peut même terminer l’opus 2020-21 avec un trophée sous les bras. Pour les étourdis, la Juventus a aussi une finale de Coupe d’Italie à jouer contre l’Atalanta mercredi prochain. Une qualif’ en Ligue des champions, un trophée, ce serait pas si mal pour une saison qualifiée de cataclysmique non ?
 
Parce qu’il faut arrêter de croire qu’une équipe se construit en un jour
Les pourfendeurs de Pirlo ont déjà lâché les chiens. La meute. Mais ils oublient certainement que dans le football, si le temps est précieux, il est aussi une véritable nécessité. Intronisé coach à la grande surprise de tous en début de saison, Andrea Pirlo a récupéré un effectif usé et presque gavé jusqu’à la gueule de Scudetti. Avec un ressort déjà brisé et un poste qui à la base ne lui était pas promis, le natif de Flero a fait ce qu’il a pu. Peu présente sur le marché des transferts à l’été 2020, la Juventus est quasi repartie avec les mêmes en espérant que les choses changent. Une grave erreur. Est-il donc possible de tout imputer à l’ancien de Brescia ? Est-il juste de vouloir lui couper la tête alors qu’il n’a rien demandé à la base et qu’on lui a donné dans les mains un jouet déjà cassé ? Tant bien que mal, Pirlo s’est évertué à tenter des choses et appliquer ses préceptes coûte que coûte. Mais comme l’avait soufflé Sarri à la presse italienne lors de son départ, il était presque impossible de faire quoi que ce soit avec cet effectif-là. Andrea Pirlo mérite qu’on le revoie avec ses hommes et ses idéaux digérés.
 
Parce qu’il faut le dire, il n’a pas été verni
«Je me suis adapté pour des raisons internes, y compris avec des blessures et le Covid-19. Je n'ai jamais pu aligner le même onze de départ car je n'ai jamais eu les mêmes joueurs disponibles. Je me suis adapté à toutes les circonstances et donc chaque match est devenu différent à préparer et à planifier. Peut-être qu'au début on a une idée puis on s'adapte avec ce qu’on a.» A brûle-pourpoint et en toute honnêteté, Andrea Pirlo a justifié la saison maussade des Juventini en ne se cachant pas. Le coach de la Vecchia Signora n’a pas été verni par le sort pour ses débuts de coach. Avec une cascade de blessures et un effectif pressurisé, l’Architetto a fait avec les moyens du bord. Qu’en serait-il advenu de la saison de l’Inter si le tandem Lukaku-Lautaro n’avait pas pu souvent jouer ensemble ? Et si l’Atalanta avait perdu des cadres ? On ne le saura jamais mais il y a fort à parier que cette poisse ne collera pas à la peau de Pirlo deux saisons de suite. - J.T.

NON

Parce que pas de qualification en Ligue des champions, vraiment ?
Non seulement la Juve est tombée de son trône pour la première fois en dix ans, mais elle pourrait même ne pas obtenir un billet pour la prochaine Ligue des champions. Un résultat qui ferait vraiment tache. Encore plus après la tentative de création de Super Ligue européenne portée par Andrea Agnelli. Ajoutez à cela une nouvelle élimination précoce sur la scène continentale, contre Porto cette fois-ci, et le bilan est encore plus décevant. Andrea Pirlo a beau être néophyte dans le costume d’entraîneur, la saison de ses hommes est beaucoup trop en-deçà du standing auquel prétend la Vieille Dame. Peu d’idées, peu d’éclairs et peu de matches références contre des cadors. Pas de quoi inciter les dirigeants turinois à prolonger l’expérience avec leur ancien joueur.
 
Parce que la Vieille Dame n’a pas le temps
Maintenir Andrea Pirlo à la tête de la Juve signifierait se lancer dans un projet sur plusieurs années pour rebâtir une équipe pas à pas. Non pas que l’idée serait mauvaise en soi, mais les Bianconeri ont-ils réellement le temps ? Et peuvent-ils se permettre le risque de partir sur un cycle long sans réelles garanties de succès à moyen et long terme ? Non. Peu importe la triste saison qui s’achève, la Juventus reste un des grands d’Europe et doit pouvoir le rappeler rapidement. Andrea Pirlo a eu sa chance et s’est manqué dans les grandes largeurs. Ses dirigeants doivent désormais tourner la page de cet essai infructueux et réfléchir à rebondir dès la saison 2021-22. Si le jeune entraîneur doit se faire la main sur ce nouveau métier, il pourra le faire ailleurs. Mais pas dans un club du calibre de la Vieille Dame.
 
Parce que les options ne manqueront pas pour le remplacer
Il faudra plus qu’une saison manquée pour ternir l’attractivité de la Juventus. Si l’actuel coach est remercié dans les prochaines semaines, il ne fait aucun doute que les candidats seront très nombreux pour prendre le relais de l’Italien. Sans doute arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire avec son groupe au Real Madrid, Zinédine Zidane sera évidemment l’une des têtes d’affiche. Tout comme Massimiliano Allegri, ancien de la maison qui rappellera de très bons souvenirs aux supporters turinois. Les dirigeants du club auront l’embarras du choix pour signer le profil qui leur convient le mieux. Et se retrouveront sans problème avec un entraîneur bien plus aguerri et au calibre nettement supérieur à celui d’Andrea Pirlo. De quoi poser de solides fondations pour enclencher la reconquête des sommets italiens et continentaux. - Q.C.