Alexandre Song a quitté le Barça cet été pour rejoindre West Ham. (AFP)

L'avatar de West Ham

Moribond et vraiment pas beau à regarder jouer la saison passée, West Ham s'est métamorphosé en cette première moitié de Championnat en une séduisante équipe qui joue les trouble-fêtes en Premier League (4e). Le point avant le déplacement des Hammers ce vendredi à Stamford Bridge face au leader Chelsea (13h45).

La tactique a changé

La saison passée, West Ham rendait fou ses supporters - et accessoirement José Mourinho* - avec son très défensif 4-5-1. Son jeu, symbolisé par le célèbre «kick and rush», était indigent. Le milieu de terrain était un «no man’s land», où  les défenseurs n’avaient qu’une obsession : trouver en un long dégagement le géant Andy Carroll à l'avant. A l'intersaison, l’entraîneur Sam Allardyce a s’est rendu compte qu’il possédait dans son effectif des joueurs à la technique intéressante, qu'il convenait d'exploiter. Le jeu des Hammers se pratique désormais au sol et via les milieux de terrain. Indirectement aidé par la blessure d’Andy Carroll, il est passé à une attaque à deux têtes, avec les deux recrues Sakho et Valencia. Son 4-5-1 s’est métamorphosé en un 4-4-2, classique ou en losange. Une vraie réussite.

(*) West Ham avait tenu en échec Chelsea (0-0) à Stamford Bridge grâce à un jeu ultra défensif, ce qui avait passablement énervé José Mourinho. Ce dernier avait lâché après la partie que West Ham jouait « comme une équipe du XIXe siècle ».

Le (bon) recrutement

En disposant de fonds pour le recrutement, le club s'est renforcé intelligemment. Son grand coup a été de se faire prêter Alexandre Song, de retour en Premier League. L’ancien joueur d’Arsenal trainait sa peine au FC Barcelone depuis deux ans. Le Camerounais s’est intégré très vite au jeu de l'équipe et il compose un duo efficace avec le Sénégalais Cheikou Kouyaté, une autre recrue. En attaque, les Hammers peuvent compter sur Diafra Sakho et Enner Valencia. Le premier a aussitôt confirmé, malgré les interrogations qui planaient sur un joueur venu de L2 (il jouait à Metz la saison dernière). En six journées de Championnat (de la 4e à la 9e), celui qui a signé pour 5 ans a inscrit 6 buts. C’est la grande surprise de cette première moitié de saison. Valencia, lui, a débarqué avec un statut de star lié à sa bonne Coupe du monde et son transfert d’un montant de 15 millions d’euros. Auteur d’un très bon début de saison, le Colombien est plus irrégulier que Sakho et joue moins depuis le retour de blessure de Carroll qui, lui aussi, a fait des progrès dans son jeu.

Downing en meneur

La vraie trouvaille de Sam Allardyce est d’avoir repositionné Stephen Downing. L’ancien joueur de Middlesbrough, Aston Villa, Liverpool et de l’équipe d’Angleterre avait toujours été utilisé comme milieu gauche. Jusqu'alors cantonné à être le gaucher qui déborde et qui centre, il est devenu un vrai numéro 10 quand West Ham évolue dans un système en 4-4-2 en losange, grâce à un ingénieux recentrage opéré par Allardyce. D'abord sceptiques, les observateurs locaux se sont tous ravisés depuis. Et Downing a prouvé depuis qu’il avait aussi un pied droit. Ce qui peut servir.

De l'argent et Sheringham

West Ham a la chance de posséder des propriétaires fortunés. Les deux David, Gold et Sullivan, qui ont fait fortune dans l’industrie du porno, ont acquis 50% des parts du club. Eux qui avaient déjà repris Birmingham au début des années 90 ont des liquidités pour acheter des joueurs. Cet été, ils n’ont pas hésité à débourser 15 millions d'euros pour Valencia (Pachuca) et 9 pour Kouyaté (Anderlecht). Des finances relativement saines et l’arrivée dans le stade olympique (54 000 places) en 2016 ouvrent des perspectives. Par ailleurs, le club a renforcé son staff technique avec Teddy Sheringham. L’ancien attaquant de Tottenham et Manchester United, qui a aussi joué trois ans à West Ham (2004-2007), est l’entraîneur des attaquants. Forcément un plus pour ce joueur symbole qui a clamé son amour pour le club. Si Andy Carroll se porte si bien, Sheringham ne doit pas y être pour rien.