28/09/19 PRIMERA DIVISION GETAFE - BARCELONA RAKITIC Cordon Press *** Local Caption *** (JOAQUIN CORCHERO ARCOS/CORDON//PRESSE SPORTS)

Ivan Rakitic (Barça), l'éternelle énigme

Aimé par certains, décrié par beaucoup, Ivan Rakitic est un joueur clivant. Tour d'horizon des opinions et des carences, entre niveau technique, déclin idéologique et jeunes talents.

Il en a fallu peu, mercredi, lors du Clasico face au Real Madrid. Un milieu dominé, les Merengue qui prennent le dessus, Rakitic qui coule. Noté 4 par France Football, le Croate en a ensuite pris pour son grade. Un classique. «Les fans regardant les matches depuis leurs écrans sont largement défavorables à Rakitic, détaille Sofiane, qui suit le quotidien du club pour la page Twitter Actualité - Barça. Ils considèrent qu'il fait le plus souvent des passes latérales, qu'il est l'un des grands responsables de la débâcle à Anfield.» "Regardant les matches depuis leurs écrans", la nuance est importante. Car au sein du grand débat autour du niveau d'Ivan Rakitic, le clivage est toujours plus grandissant, entre ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. «Les supporters du Barça faisant partie de la "Grada Animació", c'est-à-dire ceux derrière les buts qui sont chargés de mettre de l'ambiance au Camp Nou, sont largement favorables à Rakitic, poursuit-il. D'ailleurs, il leur rend assez bien en allant donner un maillot, des crampons à la fin de certains matches.» Ainsi, il n'est pas rare de le voir hué par les réseaux sociaux, et acclamé par le Camp Nou.

Une identité en déclin

Une tendance extra-sportive, mais revenons-en au terrain. «Rakitic est arrivé au poste de Xavi en 2014, donc naturellement la plupart des gens attendent de lui des passes verticales, du jeu vers l'avant, enchaîne Navid, membre de la Penya Blaugrana Paris. Et c'était en partie le cas sous Luis Enrique ! Mais petit à petit, cela a cessé, le jeu de passe du Barça ressemblant à du handball... Il a fallu un coupable.» Chouchou de Valverde, Rakitic a subi le joug du déclin, de ce Barça plus pauvre, moins créatif, moins technique et moins identitaire. La philosophie en berne, certaines individualités, joueurs ou entraîneur, sont mis sur le devant de la scène. Rien de plus logique. «Je pense qu'Ernesto Valverde a voulu assurer le domaine défensif en mettant Busquets et Rakitic, continue Navid. Busquets étant plus avancé par moments pour le jeu de passe et Rakitic pour stopper l'adversaire.» «Valverde apprécie que Rakitic soit un joueur sûr : peu blessé, qui a de l'expérience et qui apporte de l'équilibre même si on peut en discuter», répond lui Sofiane, tandis que le principal intéressé, Ernesto Valverde, le concédait en conférence de presse : «C'est un joueur qui apporte de la sécurité dans beaucoup d'aspects.» Sécurité contre étincelles, une équation jamais résolue, en Liga comme en Ligue des champions.

Promesses freinées

L'arrivée de Frenkie de Jong et l'émergence d'Arthur Melo pouvaient, elles, laisser penser à une relégation de Rakitic sur le banc. Si ce fut le cas en début de saison, le Croate est revenu dans le onze au point que Mundo Deportivo, le 10 décembre dernier, titrait en Une : «Rakitic convainc.» Il est pourtant loin de séduire l'entièreté du public, et encore plus celui qui voit au travers du prisme de la Masia, l'académie barcelonaise. «Rakitic freine indirectement des joueurs comme Carles Aleña et Riqui Puig, analyse Sofiane, d'Actualité - Barça. Arthur devrait à terme, si le physique le lui permet, être le relayeur titulaire.» Et Navid de poursuivre : «Beaucoup estiment que ce sont les dernières chances de le vendre pour obtenir de l'argent et recruter des jeunes pour préparer l'avenir. À partir de 30 ans environ, si un joueur n'apporte pas et qu'il n'est pas issu du club, les gens sont plutôt en faveur de vendre pour construire l'avenir.» En somme, pour l'opinion générale, laisser la place aux pépites, laisser filer Rakitic. Pour le moment, cela semble loin d'être une priorité... - A.B.