Saïd Benrahma espère toujours signer à West Ham. (Andrew Couldridge/Pool via Reuters)

Info FF - Comment et pourquoi Saïd Benrahma a atterri à West Ham dans les derniers instants du mercato

Annoncé dans plusieurs formations de Premier League dès le début de l'été, Saïd Benrahma a dû attendre les dernières heures du mercato pour quitter Brentford et rejoindre West Ham. Un dénouement tardif qui tient à un ensemble de circonstances mêlant crise sanitaire, jeu d'agents et particularismes britanniques.

Nouveau joueur de West Ham, Saïd Benrahma (25 ans) a dû patienter jusqu'aux ultimes secondes du mercato pour pouvoir (enfin) savourer son arrivée en Premier League. Sur fond de quotas, de Brexit et de trading, il aurait également pu faire partie des grands oubliés de ce mercato. Tout commence lorsque l'international algérien et Brentford manquent l'accession en première division lors d'une finale irrespirable à Wembley (défaite 2-1 face à Fulham, le 4 août dernier). Au coup de sifflet final, tout le monde pense que Benrahma vient de jouer son dernier match chez les Bees. Il en jouera encore trois chez le pensionnaire de Championship. Le temps pour lui de qualifier les siens pour un quart de finale historique en League Cup et pour les clubs de l'élite intéressés par l'Algérien d'évaluer l'intérêt d'un tel achat. Ce n'est pas le talent du joueur qui pose problème - l'ailier sort d'une saison de haute voltige et fait l'unanimité dans nombre de cellules de recrutement du Royaume - mais plutôt le contexte.

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Joueurs "homegrown" et trading

A l'heure du Covid-19 et des huis clos, la somme demandée par Brentford est conséquente (25 millions). West Ham (déjà), Fulham, Crystal Palace et Leeds se demandent alors s'il est opportun de signer un tel chèque pour un joueur qui n'est pas «homegrown» et dont on se demande s'il pourra être revendu plus cher par la suite car déjà âgé de 25 ans. Concernant la première donnée, c'est de formation qu'il est question. Les clubs anglais sont obligés de compter dans leur effectif huit joueurs ayant effectué trois années (au moins) de leur formation (entre leur 17 et 21 ans) dans une entité affiliée à la Football Association. Ce n'est pas le cas de Benrahma, formé en France. Concernant l'âge du garçon, il n'est pas assez avancé pour que personne n'investisse mais il n'incite pas non plus aux folies. Ces deux facteurs combinés poussent Crystal Palace et Fulham à opter pour Eberechi Eze et Ademola Lookman, deux (très) jeunes anglais, lors de la première fenêtre du mercato, celle durant laquelle toutes les transactions sont autorisées. Le dribbleur algérien continue lui d'attendre son heure après avoir vu son numéro neuf Ollie Watkins s'envoler pour Aston Villa contre 30 millions. Brentford, qui n'a plus besoin d'argent, est en position de force et n'hésite pas à attendre, confiant, la deuxième fenêtre du marché des transferts pour solder le dossier de son numéro 10 (auteur de 30 buts et de 27 passes en deux saisons). Entre les clubs de Premier League et ceux des trois autres divisions professionnelles du Royaume, les transactions sont en effet autorisées jusqu'au 16 octobre, 17h.

Visite médicale compliquée et dérogation

Le soir du 4 octobre, date à laquelle les différents marchés européens ferment leurs portes, les directeurs sportifs du club n'ont de toute manière pas une seule offre ferme sur leur bureau. Pour l'ensemble des raisons évoquées plus haut. Le joueur et son entourage commencent alors à douter et si la rumeur Crystal Palace (ré)apparaît, celle-ci tient au moins autant à un jeu d'agents qu'à un intérêt appuyé. Tout s'accélère en réalité à partir du dimanche 11 octobre. Benrahma est d'accord avec West Ham. Reste alors aux deux clubs à s'entendre et cela ne sera pas une mince affaire. Alors que le joueur est en train d'honorer ses quatre et cinquième sélections avec les Fennecs, les négociations s'enlisent. Les Hammers tentent de faire baisser l'addition jusqu'à une ultime visite médicale qui fait étrangement apparaître un souci physique à même de faire capoter le deal. La combine est un peu grosse et ni le board de Brentford ni le clan Benrahma n'y goûteront. Mais l'essentiel est sauf : après une course contre la montre (les deux clubs ont demandé une dérogation à la FA pour pouvoir envoyer tous les documents à temps), l'ancien de l'OGC Nice, notamment, peut passer de l'ouest à l'est de Londres. Le tout sous la forme d'un prêt d'une saison assorti d'une option d'achat obligatoire et d'un contrat de cinq ans (une année plus quatre). Pour un total de 25 millions de livres (4 pour le prêt payant, 21 pour le transfert sans les bonus) et pour le plus grand bonheur d'un joueur qui a bien failli payer au prix fort les particularismes du Royaume. - T. P.

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