jourdren (geoffrey) (CREMEL BENJAMIN/L'Equipe)

Geoffrey Jourdren : «L'âge minimum de la retraite est à 62 ans»

Actuellement sans contrat depuis qu'il a résilié avec Nancy, Geoffrey Jourdren (32 ans) se dit encore prêt à rendre de précieux services. Une personnalité attachante qui a accepté de répondre à quelques questions. Mais il a fallu négocier...

«Bonjour. C'est 100 euros l'interview avec facture si ça vous convient. Cordialement.» Venant d'autres, la demande aurait choqué. Mais pas de lui. Non pas qu'il soit vénal. C'est juste un original qui aime, souvent, provoquer. Au début du mois de novembre, en apprenant la fin du contrat liant Geoffrey Jourdren et l'AS Nancy-Lorraine, l'envie était de prendre des nouvelles de l'ancien gardien de Montpellier. Et de savoir de quoi serait fait son avenir, lui qui, à 32 ans, n'a pas joué cette saison avec l'ASNL et reste sur une expérience contrastée dans le Grand Est. Mais au texto envoyé, nous avons donc reçu cette drôle de réponse. Pas de quoi s'étonner tant nous connaissons le caractère imprévisible de Geoffrey Jourdren, avec qui nous avions déjà publié une interview sur le site de FF il y a deux ans pour son anniversaire.

Lire : Jourdren, «Le foot est devenu une pièce de théâtre»

La conversation se poursuit :
-France Football : «Pas sûr que mon boss soit d'accord (pour les 100 euros)...»
-Geoffrey Jourdren : «À vous de voir, je reste à votre disposition.»
-FF : «C'est vraiment sérieux Geoffrey ? J'ai simplement envie d'évoquer votre carrière et votre avenir ! Pas sûr que ça vaille 100 euros.»
-GJ : «Champion de France petit ?»
 
Après lui avoir rappelé notre précédent entretien de 2016, Geoffrey Jourdren accepte finalement que nous lui envoyions nos questions par mail. Il a en effet refusé une conversation téléphonique. En filigrane, on sent l'envie du natif de Meaux de contrôler davantage une communication qui a pu lui jouer des tours par le passé. Avec un peu de retenue, tout en voulant faire passer quelques messages, le gardien de but promet qu'il n'est pas fini. Loin de là.

«Pourquoi avoir résilié avec Nancy ?
Le club avait besoin de moi la saison passée. Ce qui n'était pas le cas en 2018-19 avec le retour de Guy-Roland (Ndy Assembé). Être éloigné une seconde année de suite de ma famille était dur pour moi. Ajoutez à cela que le club rencontre des problèmes sportifs et financiers... Il était plus simple pour tout le monde de passer par cette résiliation commune.
 
Pourquoi cette expérience a-t-elle été aussi compliquée ?
C'était une première expérience dans un autre club que Montpellier, éloigné de mon entourage, donc. Le tout couplé à des résultats ne reflétant pas le travail effectué à l'entraînement... Mais le terme compliqué est inapproprié. C'est un enchaînement de points négatifs qui ont mis à mal notre moral, ça nous a rendu la vie difficile.
 
Que retiendrez-vous de votre aventure nancéienne ?
Une famille, des supporters qui vous suivent dans tous les matches. Avec un président à l'écoute, qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour que l'ASNL revienne à une position qui est la sienne, en Ligue 1.
 
Désormais, quelles sont vos envies ?
Retrouver un challenge sportif et humain. Ces deux points sont essentiels pour moi, parce qu'ils ont toujours été de la partie dans ma carrière.

«La Ligue 1 ? Mon premier choix»

Retrouver la Ligue 1 est-il une priorité ?
C'est le Championnat qui relate ma carrière. C'est un environnement que j'aime et où je m'épanouis. Ce serait effectivement mon premier choix.
 
Une aventure à l'étranger peut-elle vous tenter ?
C'est une option que j'envisage : ouvrir une nouvelle page, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir une vision différente du football. En plus, les gardiens français sont réputés à l'étranger.
 
Pensez-vous à la retraite ?
Je peux apporter à un club, ne serait-ce qu'en position de doublure. L'âge minimum de la retraite est à 62 ans dans notre pays. Il me reste encore du chemin avant d'en arriver là...

Aujourd'hui, estimez-vous toujours autant payer votre image ?
Beaucoup de personnes relayent mes propos après que j'ai pris la parole. Quand vous êtes issu de l'école Louis Nicollin et de la famille Jourdren, vous êtes un gagnant, un compétiteur, avec beaucoup de niaque et avec l'envie de se surpasser par le travail. Donc, forcément, parfois, vous n'avez pas votre langue dans votre proche. Vous dites les choses aux gens, dans le respect. Sinon, il faut être "Je-m'en-foutiste", et ça, ce n'est pas mon état d'esprit.
 
Regrettez-vous par exemple l'épisode de Brest où, avec Nancy, vous avez délibérément envoyé le ballon vers les supporters bretons ? Vous avez alors écopé de dix matches de suspension...
Oui, je le regrette, pour le club et pour ma famille. Les propos qui m'ont été adressés par une poignée de personnes m'ont personnellement touché. Lorsqu'on attaque sa famille, et plus précisément ses enfants, le temps de la réflexion est occulté...
Pensez-vous avoir été suspendu dix matches parce que vous êtes Geoffrey Jourdren ?
Depuis ça, j'ai beaucoup analysé les suspensions d'autres joueurs : au mieux ç'a atteint cinq matches, et pourtant, il y a eu des gifles, des bagarres... Je vous laisse faire la comparaison.

«Lorsqu'on attaque sa famille, et plus précisément ses enfants, le temps de la réflexion est occulté...»

«Mbappé ? Beaucoup oublient Clairefontaine dans son évolution»

En avez-vous marre que l'on parle toujours de votre caractère ?
J'éprouve une forme de lassitude à ce sujet. Je ne suis pas un maître de la communication, et les journalistes y ont pris goût. J'ai pu accueillir Florian, pour l'émission "Deux nuits avec". Cette expérience a prouvé que lorsque vous n'avez pas de compte à rendre, la réalité est tout autre.

Si quelqu'un vous dit que vous êtes une tête brûlée, ça vous agace ?
Une tête brûlée est une personne qui ne veut pas entendre ce qu'on lui dit. J'ai toujours privilégié la discussion plutôt que l'affrontement.
 
Aimeriez-vous que le football soit parfois moins sérieux ?
Non, nous avons besoin de ce sérieux.
 
Que pensez-vous par exemple de Kylian Mbappé ?
C'est tout simplement un phénomène parce que peu de gens, voire personne, n'a fait ce qu'il accomplit à son âge. Je suis très content qu'il soit dans notre Championnat, dans notre équipe nationale. En plus, il sort de Clairefontaine, comme moi (Il sourit). Tous les honneurs vont à Monaco, son club formateur. Mais beaucoup oublient Clairefontaine dans son évolution...»

Timothé Crépin