mbappe lottin (kylian) (A.Mounic/L'Equipe)

Focus sur la saison de l'indispensable Kylian Mbappé dans un PSG insuffisant

Vrai patron de l'attaque du PSG, Kylian Mbappé a flambé aussi bien en Ligue 1 qu'en Ligue des champions ou en Coupe de France. Insuffisant, cependant, pour sauver à lui seul la décevante campagne 2020-21 des Parisiens. Sa saison est un paradoxe.

Le miracle espéré dans la course au titre de champion n’a pas eu lieu. Au lendemain de cette issue défavorable, le bilan de la saison parisienne est bien terne pour ne pas dire plus. Seuls un maigre Trophée des champions et une Coupe de France viennent atténuer la chute du trône en Ligue 1 et une sortie de route à l’attitude indigne d’un prétendant européen en Ligue des champions. Pour trouver des motifs de satisfaction à ce PSG, il faut aller piocher dans les performances de certains joueurs. Un Keylor Navas brillant, un Marquinhos toujours plus patron et, surtout, un Kylian Mbappé inarrêtable. Après un exercice 2019-20 pas si reluisant sur le plan individuel, l’ancien Monégasque était attendu au tournant cette année. Et comme toujours depuis le début sa jeune carrière, l’attaquant du PSG a embrassé le défi sans sourciller. En dehors d’un très relatif passage à vide au cœur de l’hiver, il a survolé les débats du début à la fin de cette nouvelle saison dans la capitale. Que ce soit sur la scène nationale ou continentale.

Kylian aime frapper

Statistiquement, la saison de l’international français est hors normes. 47 matches pour 42 buts et 11 passes décisives. Des chiffres dans la lignée de sa très prolifique deuxième saison parisienne (39 buts et 17 passes en 43 rencontres). En Ligue 1, Mbappé a, par moment, porté le PSG à bout de bras dans l’intense lutte pour le trône. Notamment dans le sprint final au cours duquel il a planté à neuf reprises sur les sept matches qu’il a disputés. Le Parisien a été l’une des rares garanties de régularité d’un effectif qui a sans cesse varié au fil des blessures et suspensions. Au total, le voilà sacré meilleur joueur et meilleur buteur du Championnat pour la troisième fois avec 27 pions en 31 journées. Un seuil au-delà des estimations statistiques et de ses 24,6 Expected Goals. Une preuve de plus qu’il n’a aucunement besoin d’occuper l’axe de l’attaque pour se montrer létal.

La différence entre cette saison et son superbe exercice 2018-19 se trouve dans ses performances en dehors de la Ligue 1. En Coupe de France, l’enfant de Bondy a été sans le moindre conteste l’homme phare du nouveau succès parisien. Un doublé à Brest en seizièmes (3-0), un autre contre Lille en huitièmes (3-0), un troisième dans une prestation impressionnante à La Mosson en demi-finale (2-2, 8 tab à 7) et, enfin, un dernier but assorti d’une passe décisive pour faire tomber Monaco en finale (2-0). Mais c’est d’abord (et surtout) sur la scène européenne que Kylian Mbappé a pris une toute autre envergure. Après une phase de groupe très laborieuse, au cours de laquelle il n’a été décisif que dans la double confrontation contre Basaksehir, il a littéralement explosé les compteurs à partir des rencontres éliminatoires. Pour un bilan final de huit buts et trois passes décisives en dix matches de Ligue des champions. Tout simplement énorme.

LE leader de l'attaque parisienne

L’impression laissée par le champion du monde 2018 est d’autant plus forte qu’il a su afficher ce niveau dans une saison où l’attaque parisienne a souvent été dégarnie de deux de ses têtes d’affiche. Censé être le leader technique de ce PSG et son meneur de jeu attitré, Neymar a failli dans son rôle après avoir porté les Parisiens l’an passé. Beaucoup trop absent (26 matches manqués), le Brésilien n’a jamais trouvé son rythme dans une saison très intense. Comme à son habitude, sa méforme s’est transformée en une frustration qui a davantage pénalisé les siens dans des moments parfois cruciaux. A l’image de ses deux rouges contre l’OM et le LOSC. Définitivement transféré dans la capitale l’été dernier, Mauro Icardi a quant à lui été proche du pathétique par moment. L’Argentin a lui aussi manqué 26 rencontres et a surtout montré une attitude désinvolte indigne de son statut. Pour un rendement très loin de l’attente suscitée par sa première saison (7 buts en Ligue 1, aucun en C1).

Si le PSG a pu retourner dans le dernier carré européen et croire aussi longtemps au titre de champion malgré l’accumulation des défaites, c’est en grande partie grâce à son attaquant français. Kylian Mbappé a multiplié les prestations de premier choix lors de matches décisifs. En Ligue 1 d’abord. Avec des doublés dans le duel contre Monaco à l’automne (défaite 2-3), au Groupama Stadium au printemps (victoire 4-2) et un autre en toute fin de match contre Saint-Etienne (victoire 3-2). En Ligue des champions surtout. Difficile d’oublier ce match parfait récompensé d’un triplé sur la pelouse du Camp Nou pour porter le PSG en l’absence de Neymar (victoire 4-1). Puis ce nouveau but pour s’éviter des frayeurs au retour (1-1). Et cet autre doublé sur la pelouse du Bayern, champion d’Europe en titre, dans un quart de finale aller mémorable (victoire 3-2). Sans parler de ses sorties XXL en Coupe de France, seul trophée majeur des Parisiens cette année.

Goût amer

Et pourtant, impossible de ne pas souligner ce goût amer au moment de faire le bilan de la saison de Kylian Mbappé. Lui-même ne cachait pas sa frustration à l’issue de ce succès inutile contre Brest dimanche soir. «Je ne peux pas dire ce qu'on va faire, je ne suis que joueur, mais je pense que les gens ont vu, tout le monde a vu (après avoir été interrogé sur ce que Paris devait changer).» Des mots qui seront certainement jugés trop durs par certains mais qui témoignent d’une fin de parcours très décevante pour le principal intéressé. Touché en demi-finale aller de Ligue des champions contre Manchester City puis contraint d’assister à la déroute de ses coéquipiers depuis les tribunes de l’Etihad Stadium, Mbappé n’a pas non plus été en mesure de tenir sa place dans un match nul à Rennes qui a finalement pesé très lourd dans la lutte pour le titre national. «On a perdu le titre, mais maintenant, il faut se concentrer sur le futur», ajoutait l’attaquant des Bleus. Reste à savoir de quoi son futur à lui sera fait, à l’approche d’un été décisif.

Quentin Coldefy