Florian Lejeune s'est bien relevé après deux graves blessures. (P. Noble/Reuters)

Florian Lejeune (Newcastle) a connu un parcours accidenté

À Newcastle depuis deux ans et demi, Florian Lejeune (28 ans), défenseur central français au parcours tortueux, a marqué ses deux premiers buts et les esprits, mardi soir, à Everton (2-2).

Dans sa curieuse et sinueuse carrière, Newcastle est le club où Florian Lejeune s'est le plus installé. Le défenseur central (28 ans) évolue en effet chez les Magpies depuis deux saisons et demie déjà. Alors que depuis l'âge de 14 ans, il n'était jamais resté plus de deux ans au même endroit !

Mais après un premier exercice encourageant (2017-2018, malgré une absence de cinq semaines au milieu de la saison en raison d'un souci à une cheville), où il avait disputé 24 matches en Premier League, qu'il découvrait alors - puisque même s'il a appartenu à Manchester City (2015-2016), il n'y a jamais joué, étant prêté à Gérone (D2 espagnole, où il était déjà en 2014-2015) -, il a ensuite subi deux graves blessures aux genoux, à droite puis à gauche.

Ainsi, il a été absent six mois de juillet 2018 à janvier 2019, puis huit mois d'avril à décembre 2019. Voilà pourquoi Steve Bruce, son entraîneur depuis cet été, a déclaré mardi soir : « Si quelqu'un mérite ces 2 buts plus que n'importe qui compte tenu de tous les problèmes qu'il a eu ici, c'est bien lui ! »

Car Lejeune a enfin inscrit ses 2 premiers buts avec les Magpies (en 44 matches toutes compétitions confondues). Et pas n'importe lesquels : un étonnant retourné acrobatique, puis une volée en extension (les deux du droit, son pied fort) aux... 94e et 95e minutes, pour ramener son équipe à 2-2 sur la pelouse d'Everton !

« Les cinq dernières minutes ont été complètement dingues, mais c'est le foot. Je suis vraiment content de pouvoir jouer (il est apparu à 7 reprises depuis son retour de blessure, pour 5 titularisations et 2 entrées en jeu, dont mardi, 70e) et d'aider l'équipe. Je donne tout sur le terrain, alors je ne peux être que content », a sobrement réagi le longiligne défenseur (1,90 m, 81 kg) après son exploit inattendu, voire incongru.

Demi-finaliste de la Coupe du monde U20 en 2011

Un peu à l'image de sa carrière. Il l'a commencée en jeunes dans sa ville natale, Paris - CFF Paris (1998), Ternes (1998-2000, RC France, 2000-2005), puis l'a poursuivie dans le Sud (Cheminots Béziers, 2005-2006, FC Sète de 2006 à 2008, RCO Agde, 2008-2009) avant de franchir le pas du monde professionnel, sans être passé par un centre de formation, en débarquant à Istres, alors en L2 (2009-2011).

Après une saison très prometteuse en 2010-2011, il fut l'un des grands espoirs français au poste de défenseur central. « Je me souviens d'un garçon certes pas rapide, mais très intelligent dans son placement et au-dessus de tout le monde techniquement, confie son entraîneur de l'époque à Istres, José Pasqualetti. Il avait aussi un excellent jeu de tête et une très grosse frappe du pied droit. Il avait marqué ainsi un but de 35 mètres à Vannes (2-2, le 29 avril 2011).  »

Florian Lejeune, lorsqu'il était sous les couleurs de Brest (janvier 2013 - 2014). (Vincent Michel/L'Équipe)

En 2011, « Flo » a même fait partie de l'aventure des moins de 20 ans demi-finalistes de la Coupe du monde de la catégorie, en Colombie. Il était ainsi titulaire en quarts de finale et en demi-finales avec cette équipe alors entraînée par Philippe Bergeroo et où figurait notamment Alexandre Lacazette.

« Il a une super mentalité et a encore une belle marge de progression »

José Pasqualetti, son entraîneur à Istres (2010-2011)

Mais il est sans doute parti trop tôt à Villarreal (2011-janvier 2013), où il a surtout évolué avec l'équipe réserve. Après avoir tenté de se relancer à Brest, où il a disputé ses 10 seuls matches de Ligue 1 française (janvier à juin 2013) et ne s'est pas imposé la saison suivante en Ligue 2, il est donc retourné en Espagne. Il y est resté dans l'anonymat, même quand il a fréquenté l'élite, avec Eibar, en 2016-2017, une saison pleine qui lui a permis de signer à Newcastle jusqu'en juin 2022.

Cet anonymat l'a toujours plus ou moins accompagné et se marie bien avec sa discrétion naturelle. Mais il en est donc brutalement sorti mardi. Et il pourrait bien rester dans la lumière, selon Pasqualetti : « Il a une super mentalité et c'est un gros bosseur, qui en veut énormément et est très agréable à entraîner. En plus, il peut aussi évoluer milieu défensif grâce à ses qualités de relance et sa vision du jeu. Il est assez complet et, à 28 ans, il a encore une belle marge de progression. »