Soccer Football - Champions League - Group G - Juventus v FC Barcelona - Allianz Stadium, Turin, Italy - October 28, 2020 Barcelona's Frenkie de Jong in action with Juventus' Dejan Kulusevski REUTERS/Massimo Pinca (Reuters)

FC Barcelone : Frenkie de Jong, la bride et les tourments

Un peu plus d'un an après son arrivée au FC Barcelone, Frenkie de Jong n'y a pas encore étalé la classe qui en avait fait un joyau sous les couleurs de l'Ajax. Entre recherche de l'équilibre collectif et de l'épanouissement personnel, le Néerlandais ne semble pas encore avoir trouvé sa place.

Dix minutes. C’est le temps qu’a passé Frenkie de Jong hors du terrain depuis le début de la saison. Le milieu de terrain néerlandais a pris part à 710 des 720 minutes jouées par le FC Barcelone, toutes compétitions confondues, preuve de la confiance que lui accorde Ronald Koeman depuis sa prise de fonctions. Un stakhanovisme qui crispe certains supporters catalans, frustrés par le statut d’intouchable de leur numéro 21 malgré des performances qu’ils estiment régulièrement insuffisantes. Il y a un peu d’exagération mais aussi un peu de vrai dans ce jugement, car le souvenir des chevauchées et des inspirations du jeune milieu (23 ans) avec l’Ajax Amsterdam reste vivace. Trop peu souvent, De Jong a affiché une telle plénitude depuis son arrivée en Espagne, à l’été 2019. À vrai dire, le natif d’Arkel possède quelques circonstances atténuantes.

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Recruté à prix d’or (86 millions d’euros) pour incarner la succession de Sergio Busquets, Frenkie de Jong se coltine régulièrement le fantôme de l’ancien métronome barcelonais à ses côtés. Passif, exposé, le regista historique reste néanmoins influent dans les circuits de passes de son équipe, donnant parfois l’impression de brider son partenaire, régulièrement exilé vers le côté gauche, tel un second rôle. Problème : pour donner la pleine mesure de son talent, "FDJ" a besoin d’avoir un rôle central et une liberté totale. Bouger, reculer, réclamer le ballon, perforer… Autant de responsabilités dépendantes d’un profil mobile et équilibrant à ses côtés, que ne présentent ni Busquets, ni la recrue Miralem Pjanic, même si ce dernier offre plus d’énergie et de rythme lorsqu’il est aligné.

«Ma nature, c'est de vouloir le ballon et de construire le jeu»

«Je pense que ma nature, en tant que joueur, est de vouloir recevoir le ballon très tôt et construire le jeu, confiait d’ailleurs De Jong au site de l’UEFA il y a quelques jours. Cela correspond plus à mon style, plutôt que d’attendre que le ballon m’arrive plus haut sur le terrain, et ainsi le toucher moins souvent. Je me sens plus à l’aise dans un rôle de pivot, même si je suis capable de jouer plus haut.» Bénéficiant de mouvements perpétuels autour de lui lors de son éclosion aux Pays-Bas, De Jong paie également le fait d’avoir atterri au sein d’un collectif usé. Tout en donnant l’impression de n’avoir rien perdu de son imagination lorsque les appels sont suffisamment tranchants, à l’image de sa magnifique passe décisive pour Ansu Fati contre Ferencvaros il y a deux semaines.

L’intégration progressive du dernier phénomène du Barça, comme la place accordée à d’autres dans les couloirs (Pedri, Dembélé, Trincao) a de quoi redonner de l’importance à Frenkie de Jong. Sauf que depuis quelques matches, le voilà invité à évoluer… en défense centrale. Un poste qu’il maîtrise pour l’avoir connu à l’Ajax, qui lui permet d’être mieux responsabilisé à la relance, avec le jeu face à lui. Mais qui l’expose également, malgré son sens du déplacement, lui qui n’est franchement pas le meilleur pour courir vers son but, ni pour briller dans les airs. Cette «solution de secours», comme l’a présentée Ronald Koeman, peut-elle durer ? À Barcelone, depuis plusieurs saisons, l’entraîneur donne l’impression de marcher sur des oeufs au moment de faire des choix forts. Offrir à Frenkie de Jong un rôle totalement central dans l'entrejeu en serait un. Car plus les mois passent, plus une idée se répand : le crack hollandais ne se serait pas forcément trompé d’endroit, mais de timing. - C. C.