deschamps (didier) (S.Mantey/L'Equipe)

Equipe de France : La communication autour de Karim Benzema est-elle le plus gros flop de l'ère Didier Deschamps chez les Bleus ?

Oui, Karim Benzema est de retour en équipe de France, et c'est tant mieux. Mais les paroles de Didier Deschamps en milieu de semaine au sujet de l'attaquant du Real Madrid ne confirment-elles pas le fait que la communication du sélectionneur autour du cas Benzema a été un gros raté depuis 2015 ? Si ce n'est le plus gros flop de son ère ?

«C'est l'offenser de penser qu'il ne pouvait pas être dans la liste des 23. Quand même, c'est Karim Benzema.» On ne va pas vous mentir, on a cru halluciner. Il paraît que ça va (très) vite dans le football, mais à ce point-là, et, surtout, sur ce cas-là... Nous sommes mardi aux alentours de 21 heures. Après avoir dévoilé la liste des 26 joueurs qui vont tenter d'aller remporter l'Euro avec l'équipe de France entre juin et juillet, Didier Deschamps se présente au siège de la FFF pour une conférence de presse face aux journalistes. Avec, évidemment, de nombreuses questions sur le retour incroyable, tant il était inattendu, de Karim Benzema dans le groupe France. L'attaquant du Real Madrid débarquant quasiment six ans après sa dernière sélection pour disputer une grande compétition. Une question d'un confrère interpelle Deschamps autour de l'hypothèse que l'on aurait pu ne pas voir figurer Karim Benzema en cas de liste "normale" à 23 éléments. Avec donc cette réponse du sélectionneur national.

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Il a petit à petit perdu patience

C'est qu'on a encore en tête la réponse quasi théâtrale du même Didier Deschamps il n'y a pas deux mois. Au Kazakhstan, l'équipe de France vient de s'imposer 2-0 et de réagir quatre jours après un nul décevant à domicile face à l'Ukraine (1-1). En interview d'après-match, un journaliste kazakh évoque Karim Benzema et son absence depuis bien longtemps. Deschamps, actor studio, sort son plus beau sourire et se penche sur sa chaise, hilare : «Oh non, même ici ! C'est un journaliste français qui vous a soufflé la question.»

Avant de s'en aller, applaudissant l'audace. Autre exemple, en 2020, quand, de nouveau interrogé sur l'idée d'un retour de Benzema, Didier Deschamps ne laisse même pas terminer la question du journaliste et se tourne vers le chef de presse des Bleus : «Ah, celle-là je l'attendais, elle est bonne, magnifique. On finit sur cette dernière question ?»

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Petit à petit, Didier Deschamps a perdu patience sur le sujet. D'abord très calme, éludant poliment ces interrogations au début de la mise à l'écart du Madrilène en 2015, le sélectionneur est progressivement devenu agacé. Il demandait, en 2017, s'il allait être interroger à chaque fois sur Karim Benzema. «Je vais vous rappeler que je suis l'unique décideur, clarifiait-il en 2017. Je fais des choix toujours dans le même sens, ce que je pense être le bien de l'équipe de France. Je suis là pour constituer un groupe. Pour moi, le collectif, j'ai toujours considéré qu'il était au-dessus de tout.» Au moins, Didier Deschamps n'a jamais dit que Karim Benzema était placardé pour toujours tant qu'il serait sélectionneur. Ce décalage, ce cafouillage, et un Deschamps pas aidé, également, par plusieurs déclarations inapropriées, voire déplacées, de son président Noël Le Graët, constitueront un vrai raté au moment où il faudra établir son bilan de fin de mandat. De là à être le pire des flops ? Même s'il faut bien préciser et clarifier une chose : le bilan sera, bien malgré ce cas Benzema, très positif. Quand même, c'est Didier Deschamps !

«Je fais des choix toujours dans le même sens, ce que je pense être le bien de l'équipe de France. Je suis là pour constituer un groupe. Pour moi, le collectif, j'ai toujours considéré qu'il était au-dessus de tout.»