loiodice (enzo) (A.Mounic/L'Equipe)

Enzo Loiodice : «Usain Bolt ou Kobe Bryant, on s'en inspire»

Milieu de terrain élégant et prometteur, Enzo Loiodice a quitté son cocon dijonnais frustré par son temps de jeu. Tout juste arrivé à Wolverhampton, sa première expérience à l'étranger, le gamin de 19 ans revient sur ses derniers mois compliqués et ce nouveau défi.

«Enzo, vous venez de signer à Wolverhampton. Quelles sont les premières impressions ?
Ça change de Dijon ! C’était un club un peu plus modeste, et là je me retrouve en Angleterre, dans LE pays du football. Donc tout ce qui est infrastructures, façon de voir le football, c’est totalement différent. C’est une approche qui me convient très bien, très professionnelle, donc j’ai hâte de pouvoir poursuivre.
 
Pourquoi avoir voulu quitter Dijon ?
Je voulais voir autre chose. Cela faisait un peu plus d’un an que je stagnais de par mon faible temps de jeu. J’ai eu l’opportunité de signer ici, à Wolverhampton. C’est un grand club. Je voulais me confronter à cela, prendre un risque à 19 ans. Pouvoir le faire, c’est très bien pour ma carrière. Mes deux derniers coaches à Dijon (Antoine Kombouaré et Stéphane Jobard, ndlr) ne m’ont pas beaucoup fait confiance, ne m’ont pas beaucoup intégré à la rotation. C’est compliqué, frustrant. Mais j’ai toujours été travailleur et respectueux. J’ai fait de mon mieux. J’apprends aussi dans ces moments-là.

«En aucun cas ça ne m'a dégoûté du football»

Qu’est-ce qu’on se dit quand on a connu la Ligue 1 et qu’on va regoûter à des matches de National 3 avec la réserve ?
Qu’il faut que je garde le rythme… Que malgré tout, j’essaye d’avancer. Je me dis qu’il faut rester positif, ne pas baisser les bras, se démotiver et ne plus s’entraîner. Ce n’est pas des moments que l’on aime vivre. Au début de ma carrière, quand j’ai commencé, je savais qu’il y allait avoir des périodes compliquées. Je n’étais pas surpris. Je pense avoir plutôt bien géré. Et en aucun cas ça ne m’a dégoûté de ce milieu-là ou du football en général.
Y a-t-il eu des discussions avec les entraîneurs successifs ?
Avec Antoine Kombouaré, pas trop… Après, avec Stéphane Jobard, on a eu quelques discussions. Mais voilà… Il me reprochait des trucs notamment au niveau de l’impact et sur des choix de jeu.

À la Coupe du monde U20, l'été dernier, Enzo Loiodice débute la compétition titulaire aux côtés de Boubakary Soumaré et Michaël Cuisance. (Gerrit Van Keulen/ANP SPORT/PR/PRESSE SPORTS)

L’été dernier, il y a eu la Coupe du monde avec l’équipe de France U20. Cela a dû être un bol d’air frais de rejouer...
C’était une grosse compétition, on n’en fait pas tous les jours des Coupes du monde. Ça a été enrichissant, même si on a été déçu de sortir dès les huitièmes de finale (défaite 3-2 face aux États-Unis, ndlr). Mais j’ai pu malgré tout, surtout à cette période de ma carrière où je ne jouais plus du tout, avoir la confiance d’un entraîneur et m’exprimer. C’était une période où je ne jouais pas, je m’étais fixé le Mondial comme objectif principal. C’était ça en ligne de mire, et ça a été le moyen de rester concentré et de me donner à fond.
 
Claude Puel nous disait du foot français cette semaine : «On ne peut pas espérer prendre des joueurs uniquement à dominante physique et espérer développer du jeu.» Il y a eu ce sentiment d’injustice ?
Oui. Ça a été cet aspect-là de mon jeu qui était souligné pour justifier ma mise à l’écart. Donc en partie, mais ce sont des choix de coaches…
 
Beaucoup de joueurs ont dû s’exiler pour réussir, comme Matteo Guendouzi ou Michaël Cuisance. Ç’a été des signaux positifs pour franchir ce pas ?
Chacun son histoire et sa route, mais j’avais ce besoin de voir autre chose, et une autre façon de voir le foot. J’ai eu cette opportunité en Angleterre, c’est le top. Le meilleur endroit dans le monde pour le football. Donc aller là-bas à 19 ans, ce n’est que du plus. Pour progresser, pour s’enrichir personnellement et pour jouer... Wolverhampton a été le club qui a porté l’intérêt le plus fort. Quand on se sent désiré, que le club veut s’engager avec toi et vient te chercher, ça change les choses. Dans leur discours, ils ont été honnêtes, transparents et ça m’a plu. Ils m’ont dit que ça allait être à moi de prouver, de retrouver du rythme. Je vais m’entraîner avec les professionnels et puis, pour l’instant, jouer la Premier League U23. C’est très bien, je ne suis pas inquiet. Ça va le faire au fur et à mesure, il y aura un peu de temps pour découvrir cet environnement donc je n’ai pas planifié. On va monter crescendo.

«Kobe, c'était un fou de travail donc j'ai beaucoup d'admiration»

Wolverhampton, en plus, est une des équipes qui joue le mieux au football…
Bien sûr ! C’est aussi pour ça que j’ai fait ce choix. J’ai vu que c’était une équipe qui me correspondait. Au milieu de terrain, on voit des joueurs comme Joao Moutinho ou Ruben Neves. Donc même si on ne fait pas 3 mètres et 150 kilos...
Comment décririez-vous votre jeu en trois mots ?
En trois mots, c’est dur… (il réfléchit.) Mais je suis un joueur de passes, d’anticipation et enfin, je dirais métronome.
Et au niveau de la personnalité ?
Travailleur. Rigoureux. Et le dernier… Qu’est-ce que je pourrais dire ? Allez, ambitieux. Même si je ne le montre pas. Mais c’est un signal que je parte en Angleterre, j’ai envie de prouver et de passer un cap.
Y a-t-il des joueurs qui vous inspirent ?
J’aimais beaucoup plusieurs milieux. Iniesta ou Xavi, ce sont des joueurs pour lesquels j’ai beaucoup d’admiration. Je ne vais pas dire qu’on a les mêmes caractéristiques… Mais si, un peu ! Bon, il y a du boulot pour arriver à ce niveau-là. Mais ce sont des joueurs qui m’inspirent. Et après je m’appuie sur d’autres footballeurs, avec d’autres compétences. Cristiano Ronaldo sur le travail, par exemple. Ou des sportifs. Usain Bolt ou même Kobe Bryant, on s’en inspire. On en parle beaucoup forcément, mais c’était un fou de travail donc j’ai beaucoup d’admiration.
La vie en Angleterre, comment vous la voyez ?
Très bien. Je voulais partir, découvrir autre chose d’un point de vue personnel. Et ça va au-delà du football, c’est en tant qu’homme également. Je vais pouvoir parler anglais, pouvoir apprendre, ça va être une aventure très enrichissante.
L’anglais, ça va ?
Oui oui, ça va ! Ça va plutôt bien même. Je me débrouille. Disons que c’est perfectible… Mais j’arrive à communiquer, c’est le principal.
Il va falloir parler un peu portugais à Wolverhampton aussi…
(il se marre.) Je sais bien. Ils sont beaucoup ! Mais bon, on va déjà apprendre à bien parler anglais. Le reste, on verra...»

Antoine Bourlon

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