pereira (danilo) (S.Mantey/L'Equipe)

Du Portugal à la France en passant par l'Italie, la Grèce et les Pays-Bas : l'histoire des pérégrinations européennes de Danilo Pereira (PSG)

Cinq pays différents pour grandir, s'affirmer et enfin parvenir au très haut niveau européen : avec les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé, FF vous raconte comment Danilo Pereira, le milieu du PSG, si timide, s'est construit patiemment, avec une mentalité qui s'est petit à petit affirmée. Grand Format FF.

Il est le nouveau Patrick Vieira. Il n'y a pas qu'en France que des étiquettes ou des comparaisons sont très (et trop) vite établies entre un grand joueur et un prospect qui émerge petit à petit dans le paysage footballistique. Nous sommes en 2010. Oui, les U19 du Portugal viennent d'être fessés (et d'être éliminés) 5-0 par la Croatie à Bayeux pour le compte de la phase de poules de l'Euro de la catégorie organisé en France (et remporté par les Bleuets), mais une des individualités lusitaniennes se fait remarquer. A 18 ans, Danilo Pereira en fait fantasmer certains, qui voient donc là un Patrick Vieira en puissance. Né en Guinée-Bissau en 1991, il rallie le Portugal à l'âge de six ans pour rejoindre sa mère, partie depuis plusieurs années au pays. Puis vient rapidement le football et le Benfica Lisbonne à la fin de son adolescence. Pas vraiment patient à l'idée de grandir petit à petit à la sortie du centre de formation, Danilo voit donc sa cote monter en flèche. Il a 18 ans et il va quitter les Aigles. «J’aimerais jouer pour Benfica, mais c'est compliqué, regrette-il à l'époque au journal Publico. Benfica a d'autres aspirations, doit gagner pour garder les fans heureux et a peur de parier sur les jeunes.» Frustré, il voit surtout que de nombreuses écuries italiennes sont séduites. On parle de l'Inter Milan, la Sampdoria, Palerme, Naples. Danilo atterrit finalement à Parme, voyant là une bonne opportunité de cumuler du temps de jeu en Serie A. Raté. Alors que l'avant-centre parmesan s'appelle encore Hernan Crespo, Danilo Pereira fait un zéro pointé à son compteur de minutes jouées lors des six premiers mois. Difficile de se faire une place au milieu des Sebastian Giovinco ou Antonio Candreva. Impossible de rester. A dix jours de la fin du mercato d'hiver, Danilo Pereira reprend l'avion. Destination la Grèce et l'Aris Salonique.

Une timidité qui marque déjà

Là-bas, il fait la connaissance de Ricardo Faty. «Il est arrivé tardivement et il n'a même pas pu être inscrit à temps sur la liste UEFA», se rappelle l'international sénégalais, aujourd'hui à la Reggina. En 2010-11, Salonique termine en effet deuxième de sa poule de C3 derrière le Bayer Leverkusen mais devant l'Atlético Madrid de Sergio Agüero et Diego Forlan. Mais Manchester City sera trop fort en seizièmes (0-0 ; 0-3). Qu'importe, Ricardo Faty sent que son nouveau coéquipier a besoin de repères. «Je l'ai tout de suite pris sous mon aile. En plus, on parlait un peu italien tous les deux. Il aimait beaucoup l'Italie.» Faty n'hésite pas à inviter son compère à domicile les soirs de Ligue des champions. Les affinités se développent et l'ancien d'Ajaccio et de Nantes perce un peu plus la carapace de Danilo Pereira : «Un jeune timide, un peu réservé, introverti, tranquille, très poli. Il n'élevait pas la voix, il n'était pas là à faire des blagues. Il était très calme, détaille-t-il. J'ai des échos au PSG aujourd'hui qui me disent qu'il est toujours comme ça. C'est vraiment quelqu'un de bien élevé, un bon gars. Sa gentillesse, sa timidité, c'est l'image que j'ai encore de lui. Au niveau du caractère, il n'a pas changé, il n'a pas eu besoin de se travestir ou de changer sa mentalité et sa personnalité pour être où est-ce qu'il est.» Avant d'ajouter : «Sans faire le père spirituel, je me voyais un peu en lui. Il me faisait penser un peu à moi quand je débarquais à la Roma. Je voulais l'aider. On avait des bons délires. C'était ma façon de le mettre un peu à l'aise.» Et à l'entraînement, Ricardo Faty découvre un «vrai milieu défensif, costaud pour son âge, il était déjà bien bâti. Il dégageait une puissance physique naturelle».

Pourtant, là encore, Danilo joue très peu. Cinq matches de Championnat, pour deux buts. «Je me souviens de celui qu'il a marqué de l'extérieur de la surface lors d'un match à Larissa, s'enthousiasme Cristian Portilla, coéquipier et voisin à Salonique, avec qui Danilo Pereira parlait ballon pendant des heures. C'était une fusée ! Il était jeune et a montré un bon football. Il est timide, mais si vous le connaissez, vous pouvez lui parler de tout. Pendant les entraînements et les matches, il a fait preuve d'une mentalité courageuse, forte, une mentalité de gagnant.» «On sentait un bon potentiel, continue Faty. Cela a été rapide mais je pense que la Grèce lui a fait du bien, il a pu voir autre chose. Il a pris du coffre. Il a joué avec des adultes dans un Championnat pas au top, mais il a pu se confronter, aller au charbon.»

«Cela a été rapide mais je pense que la Grèce lui a fait du bien, il a pu voir autre chose. Il a pris du coffre. Il a joué avec des adultes dans un Championnat pas au top, mais il a pu se confronter, aller au charbon.»

Bourreau des Bleuets de Griezmann et Lacazette

Si le bilan en club est mitigé pour une première saison en dehors du Portugal, c'est encore avec la sélection que Danilo Pereira va se faire vraiment remarquer. A l'été 2011, il s'incline avec les siens en finale de la Coupe du monde U20 face au Brésil d'Oscar (auteur d'un triplé), Casemiro ou Philippe Coutinho en prolongation (2-3). Avant cela, en demi-finale, il avait marqué et provoqué un penalty pour faire tomber la France d'Antoine Griezmann, Alexandre Lacazette ou Kalidou Koulibaly (2-0).



«Il est le meilleur de sa génération avec le Portugal, confirme Marco Martins, correspondant pour RFI. Après le Mondial, Parme décide de le garder mais il ne colle pas du tout à l’effectif. Danilo n’avait pas de bonne qualité technique, ce qu’on apprécie en Italie et au Portugal notamment. Il ne va pas aller défier un joueur en un contre un, par exemple. Danilo a un jeu beaucoup plus simple et lors de son passage à Parme, il a pris plus de risques en essayant de devenir un joueur plus technique, mais cela ne collait pas à son profil et il perdait beaucoup de ballons.» Conséquence, dans la foulée d'un Mondial U20 qui l'a mis encore plus dans la lumière, Danilo Pereira déchante encore une fois à Parme : cinq bouts de matches en Serie A sur toute la saison 2011-12. «Je me souviens de lui comme si c'était hier, rembobine Jonathan Biabiany, alors chez les Parmesans comme Danilo, qui se revoit encore déjeuner dans des restaurants brésiliens avec son ancien coéquipier. L'entraîneur ne lui faisait pas confiance. Mais ça se voyait qu'il était fort. Physiquement, il faisait une impression...» S'il s'est contenté de matches avec les catégories de jeunes lors de ses dix-mois à Parme, Danilo «était toujours très concentré, promet Ze Eduardo, autre ancien partenaire en Émilie-Romagne. On était beaucoup de jeunes joueurs.» Le duo Biabiany-Ze Eduardo, comme beaucoup d'autres, se souviennent aussi et surtout de la timidité de Pereira. Un handicap pour se faire une place ? «Je ne suis pas très bavard, j'aime rester dans mon coin, affirmait-il encore à Publico. Je n'aime déranger personne.»

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«Quand il arrive à Maritimo, il semble être un espoir perdu, poursuit Marco Martins. On parlait de lui comme un joueur qui n'arrivait pas à s'intégrer dans des petits clubs européens. Mais Maritimo fait des paris sur ces jeunes en perdition pour les relancer. Danilo va davantage se montrer et simplifier son jeu.» De là même à s'imposer comme le meilleur joueur de l'équipe selon Leonel Pontes, son entraîneur, qui expliquait à L'Equipe : «Il fallait qu’il prenne confiance, qu’il soit plus rapide, plus vertical dans son jeu, plus haut sur le terrain, parce qu’il avait tendance à se placer très près de ses défenseurs centraux.» Sur l'île de Madère, Romain Salin fait la connaissance d'«un mec qui a 20-21 ans quand il arrive et la surprise que j'aie, c'est qu'il a déjà une grosse culture car il a beaucoup voyagé. Tu te rends compte qu'il a déjà joué en Grèce, aux Pays-Bas, en Italie et qu'il a été formé au Benfica». Un véritable plus dans une formation du Maritimo où, en 2014-15, les nationalités portugaises, brésiliennes, françaises, maliennes, néerlandaises, colombiennes, nigériennes, angolaises, allemandes, américaines, cap-verdiennes se mélangent. «Notre avantage, dans le foot, c'est plus tu fais de pays, plus tu rencontres de gens, forcément ça t'ouvre l'esprit, note le deuxième gardien du Stade Rennais. Quand tu parles un peu foot, mais aussi des habitudes de vie, tu t'ouvres aux autres, tu poses des questions... Tu comprends que lorsqu'il était en Hollande et que le dîner était à 18 heures, il allait au restaurant à 21 heures et, des fois, tout était fermé. Plus tu voyages jeune, plus tu emmagasines de la culture et de l'expérience. Ensuite, tu as l'avantage de savoir t'adapter à tout type de personnes. Et je me suis dit qu'il allait savoir.» 

Quand la carrière progresse enfin... au poste de défenseur

Impossible de rester dans cette situation. Nouveau pays, encore. Nouvelle langue, encore. Direction Roda, aux Pays-Bas. Là-bas, la situation n'est pas des plus simples, Roda jouera les barrages en fin de saison pour sa survie en Eredivisie. Pourtant, enfin, c'est le vrai départ de la carrière de Danilo Pereira. Son bilan : 31 matches, 29 titularisations. Et alors qu'il évolue au milieu lors de ses deux premiers mois en Hollande, il redescend défenseur central début octobre 2012. Et ça marche. «Au milieu, il y avait pas mal de choix, précise Arnaud Djoum, coéquipier de Pereira à Roda. Cela a été une option assez naturelle, il est assez intelligent, il lit bien le jeu et il pouvait dépanner. Aux Pays-Bas, on aime bien construire de derrière, donc avoir un milieu facilite un peu les choses pour sortir le ballon proprement. Il a été très bon.» Ajoutez à cela une certaine qualité de passe et un physique qui impressionne comme auparavant, et vous obtenez enfin des signes de progression. Danilo refait quelque peu parler de lui au pays et débarque au Maritimo Funchal. Lui qui, pourtant, avait affirmé trois ans plus tôt : «Au Portugal, il n'est pas question de jouer dans un autre club que le Benfica Lisbonne. C'est mon club, et ce sera toujours le cas.» (Publico)

«Quand il arrive à Maritimo, il semble être un espoir perdu.»

Danilo Pereira, sous le maillot de Maritimo, en discussion avec Jorge Jesus, l'entraîneur de Benfica. (Filipe Amorim/CORDON/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

Le FC Porto est convaincu. Formé au Benfica, Danilo Pereira passe chez le rival contre 4,5 millions d'euros dans des circonstances rocambolesques. Le joueur avait en effet d'abord donné son accord au Sporting Portugal avant qu'Antero Henrique et le FC Porto ne renversent tout pour obtenir sa signature. Forcément, peut-être encore plus que d'habitude, les Porto-Sporting sont bouillants. Mais pas de quoi changer l'état d'esprit de Danilo Pereira : «Il y a deux moments qui m'ont marqué avec lui, lance Adrien Silva, dont l'un lors d'un Porto-Sporting. C'était très, très intense, voire au-delà avec certains joueurs. Mais le respect qu'on avait tous les deux, ça m'a marqué. Il y avait de l'intensité, mais au lieu de se provoquer, on avait aussi du respect. On avait la même mentalité, celle d'essayer de ne pas gâcher la beauté du foot. Cela m'avait touché qu'il ait la même valeur.» A Porto, Danilo Pereira est très vite incontournable. Que ce soit en Championnat (où il se permet même de marquer six buts pour sa première saison) ou en Ligue des champions, dont il fait la découverte en 2015-16. Intronisé sur le banc du FC Porto pour prendre la suite de Julen Lopetegui, José Peseiro ne tarde pas lui non plus à être conquis. «Danilo est costaud à tous les niveaux. Physiquement et mentalement. C'est un grand professionnel, clame l'actuel sélectionneur du Venezuela. A Porto, on sentait qu'il avait, à ses yeux, enfin la chance de montrer qu'il avait les épaules pour jouer et s'imposer en sélection nationale.» C'est que le verrou de la timidité, qui avait pu peut-être le freiner dans ses ambitions et dans sa capacité à vite s'imposer, a désormais sauté. Cette fois, Danilo Pereira est un leader. José Peseiro abonde : «L'un des plus forts que j'ai connu dans ma carrière. Aux entraînements, il était exemplaire avec ses coéquipiers, il travaillait dur pour s'améliorer. Il était dévoué au collectif.» Avec toutefois un bémol devant tant de dévotion : «Il a tendance à mettre trop de pression sur les autres et sur lui-même aussi. C'est le revers de la médaille d'un leader, il veut toujours en faire plus.»

A son tour, Romain Salin perçoit une forme de prudence dans la personnalité de son coéquipier. «C'est quelqu'un de réfléchit. Il ne va pas s'imposer tout de suite par sa grande bouche, par la force, promet le Breton. Il est humble, il a besoin de temps pour avoir son espace.» Mais le Maritimo de Salin et Pereira manque de leader. Un des plus expérimentés, Salin a besoin d'un relayeur sur le terrain, «de mecs qui donnent du souffle à l'équipe. Il fallait lui répéter plusieurs fois pour qu'il encre tout». Capitaine, Salin discute alors avec son coach de son brassard et de l'importance de le donner à un joueur de champ. Afin de responsabiliser le Portugais, le capitanat revient à Danilo Pereira «pour qu'il puisse gagner en confiance et imposer son style. On avait vraiment besoin de lui. Et il y était parvenu.»

Lancé chez les A à 23 ans

Danilo Pereira transforme enfin les promesses sans lendemain de la Coupe du monde U20. Lors de sa deuxième saison à Funchal, et après 44 capes chez les jeunes portugais, il est même récompensé par Fernando Santos d'une première sélection à 23 ans en mars 2015 face au Cap Vert (0-2) en remplaçant Bernardo Silva à l'heure de jeu. Dans le groupe lusitanien figure Adrien Silva : «La première fois qu'on s'est vus et la première image que j'aie de lui, raconte le milieu de la Sampdoria passé par Monaco, c'est qu'il était timide, humble, quelqu'un à qui on ne peut que s'attacher. Cela m'a choqué tellement il était timide. Mais sa gentillesse, sa bonne humeur, être toujours là pour les autres... C'est agréable d'avoir quelqu'un d'aussi positif auprès de soi.» Sur le terrain aussi, Adrien Silva a été marqué : «Quand il était à Maritimo et moi au Sporting, c'était une grosse bataille quand je jouais contre lui. Cela faisait plaisir d'affronter des joueurs comme ça, qui te font évoluer, qui te poussent à être meilleurs. Déjà là, son potentiel m'avait marqué.»

Jusqu'à donc ce transfert en dernière minute, en octobre dernier, au Paris Saint-Germain. Le cinquième pays de sa carrière mais assurément le challenge le plus relevé. Enfin ! A 29 ans, depuis Parme, il était temps. «C'est plus que mérité, avoue Adrien Silva. Pour achever une autre étape de sa carrière, il était obligé de passer dans un gros club comme ça. Il avait vu et revu le Championnat du Portugal. L'évolution, c'était aller dans un gros club comme ça. Et il a la qualité pour.» Avec, à en croire Romain Salin, la nécessité de corriger un défaut qui semble persister avec le temps : «Sans le ballon, sur les transitions défensives, il se laisse un peu déborder, constate-t-il. Cela peut partir dans son dos et il revient à une allure normale et non à haute intensité. Pour moi, ç'a toujours été son petit défaut et je ne pense pas qu'il l'a gommé totalement. Il va falloir qu'il monte d'un cran. Je lui disais quand il était plus jeune.»

«A Porto, on sentait qu'il avait, à ses yeux, enfin la chance de montrer qu'il avait les épaules pour jouer et s'imposer en sélection nationale.»

Danilo Pereira, ici face au Gallois Hal Robson-Kanu, avec Adrien Silva dans son dos en demi-finale de l'Euro 2016. (Paul Chesterton/EXPA/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

Sur Téléfoot, le principal intéressé avait beau eu mettre au clair le fait que «défenseur, ce n'est pas mon poste» après Leipzig-PSG en Ligue des champions, il fera avec. «Il est sobre, c'est son style, enquille Romain Salin. Ne vous attendez pas à des déclarations immenses car avec Danilo, ce sera quelque chose de bien réfléchit, de bien rodé. Il fait partie de ces joueurs qui sont au service d'une équipe. Il mettra l'institution avant lui, il se sacrifiera pour.» Car Adrien Silva le promet, «c'est un exemple de professionnalisme. Malheureusement, il y en a peu des footballeurs comme lui. Dans une équipe, il y a toutes sortes de travailleurs et lui respecte tout le monde de la même manière.» Au sein d'un PSG qui manque de résultats et qui se cherche dans cette année 2020 particulière, il sera intéressant d'observer son développement et son influence chez le champion de France une fois qu'il aura un peu plus de bouteille. «Cela peut paraître cliché, prévient José Peseiro, mais après un mauvais résultat, Danilo, il ne se sent pas bien. Tout le monde est un peu comme ça, mais lui plus particulièrement. Tu vois sur son visage qu’il est triste, que ça le ronge. Il aime trop gagner. Tu sens sa rage. Si lui se donne à fond et que quelqu’un n’est pas sur son rythme, ça ne lui plaît pas du tout. Attention, il fait des erreurs comme tout le monde mais il ne supporte pas que l’on ne se mette pas à sa hauteur au niveau de l’exigence et de l’engagement.» Et de conclure : «Pour l’instant au PSG, il n’est pas encore assez central, il n’a pas encore assez de pouvoir pour demander autant des autres mais je pense qu’il le fera avec le temps et je me demande ce que ça donnera…» Danilo Pereira qui secoue Neymar ou Kylian Mbappé, on est curieux de voir ça.

Le pilier indéboulonnable du FC Porto

S'il n'apparaît pas en finale de l'Euro 2016 face à la France, Danilo Pereira se montre très solide en demi-finale où il est titulaire devant le pays de Galles (2-0) avec Adrien Silva à ses côtés au milieu : «C'est l'autre moment qui m'a marqué avec lui, acquiesce-t-il. On fait le match ensemble, avec une très bonne complicité. C'est resté gravé. Tout le groupe de cet Euro est lié à vie. Ce qu'on a créé, vécu et ressenti de l'intérieur a été très fort.»

Lire :
-Les notes de Portugal - Pays de Galles

Avec sa capacité à enregistrer de gros transferts avec de grosses plus-values, il aurait été logique de voir le FC Porto regarder de plus près les sollicitations extérieures grandissantes pour son milieu. Mais celui-ci prolonge en janvier 2017 pour cinq ans, avec une clause libératoire fixée à 60 millions d'euros. Dans L'Equipe, en 2017, Leonel Pontes parle de Danilo Pereira comme du «seul joueur qui n'ait pas de véritable remplaçant à son poste» chez un Porto qui n'a «pas d'autre joueur de cette dimension». «Un milieu de terrain incroyable, s'exclame Miguel Layun, défenseur mexicain, partenaire pendant deux ans et demi de Pereira. Il avait tellement de carburant, il pouvait couvrir tout le terrain. Il était cet homme qui pouvait comprendre où l'équipe avait besoin de lui à tout moment, et il était là. C'est incroyable la façon dont il comprend le football.» Voisin de Danilo et de sa famille à Porto, Layun dépeint deux Danilo différents : «L'homme famille, très calme, détendu, et le compétiteur, celui qui veut donner le meilleur et qui attend la même chose de ses partenaires. C'était fou. Vous le voyiez tellement détendu avant la compétition, et à partir du moment où on arrivait au stade, c'était comme si quelque chose avait changé en lui. J'ai aimé cela.»

«J'ai été surpris qu'il reste autant de temps à Porto, confirme Romain Salin. Connaissant le club, c'est soit tu n'as pas un superbe état d'esprit et on te fait partir rapidement ; soit on considère que tu as des valeurs et on essaie de te garder. Ce n'est pas un hasard qu'ils ont essayé de le conserver le plus longtemps possible. Il était quand même capitaine du FC Porto ! Et, je peux vous dire, l'institution est beaucoup plus importante que l'individuel.» Felipe, ancien du Porto de Pereira, actuellement à l'Atlético, résumera l'ensemble dans L'Equipe : «Tous les joueurs sont importants mais lui c’est un pilier.» Intéressé à l'été 2017, le Paris Saint-Germain ne veut pas monter jusqu'à 60M€. Danilo reste à Porto, garnit son palmarès (deux titres de champion, une Coupe du Portugal) et cumule les apparitions avec la sélection de Fernando Santos (44 capes, 522 minutes jouées sur 540 possibles lors des six dernières rencontres du Portugal en Ligue des Nations).

«Pour achever une autre étape de sa carrière, il était obligé de passer dans un gros club comme ça. Il avait vu et revu le Championnat du Portugal. L'évolution, c'était aller dans un gros club comme ça. Et il a la qualité pour.»

Thomas Tuchel va-t-il insister toute la saison avec un Danilo au poste de défenseur ? (S.Mantey/L'Equipe)

Danilo défenseur, saison II

Son "nouveau" poste pourrait-il l'aider à cela ? Peut-être. Pour la deuxième fois de sa carrière après Roda, Danilo Pereira a été installé en défense centrale au PSG par Thomas Tuchel. Option qui avait fait tiquer Fernando Santos. Le sélectionneur portugais avait lâché dernièrement : «J'ai beaucoup de respect pour Tuchel, il a ses opinions, et j'ai les miennes et, pour moi, Danilo est un milieu de terrain. ll en sera ainsi en sélection.» «Sincèrement, je ne pense pas qu'il soit défenseur, rigole Adrien Silva. A mon avis, ce n'est pas très bénéfique pour l'équipe. Un joueur qui a évolué toute sa carrière dans une position et qui change maintenant... Je ne pense pas que ce soit le meilleur choix. Cela peut dépendre peut-être contre qui il joue, le moment...» Miguel Layun conteste également cette option : «Il est très polyvalent et a aidé à plusieurs reprises comme défenseur à Porto, mais ce n’est pas la peine de perdre un milieu de terrain comme lui en l’utilisant comme défenseur.»

José Peseiro remet une pièce : «Moi aussi je considère que c'est un numéro 6. Dans ce rôle, il performe plus quand il est seul devant la défense, moins dans un double pivot à deux. Mais dans le jeu aérien, dans le déplacement, dans l'engagement, si tu as besoin de lui, il sera là. Il a toutes les qualités pour jouer en défense centrale.» Et Romain Salin de conclure sur un débat qui est loin d'être terminé : «On sait très bien que ce n'est pas son poste, ce n'est pas là qu'il performe. Mais si on le met là, il jouera là. Je vois mal Danilo refuser, ce n'est pas le style de la maison.»

«Pour l'instant au PSG, il n'est pas encore assez central, il n'a pas encore assez de pouvoir pour demander autant des autres mais je pense qu'il le fera avec le temps et je me demande ce que ça donnera...»

Timothé Crépin (avec Johan Tabau et Samuel Zemour)