GRANADA, SPAIN - MARCH 05: Dimitri Foulquier of Granada CF during Copa del Rey football match played between Granada CF and Athletic de Bilbao at Nuevo Los Carmenes stadium on March 05, 2020 in Granada, Spain. (Irina R. H./Irina R. H. / AFP7)

Dimitri Foulquier (Grenade) : «Ce qui choque, ce sont les chiffres»

Sagement confiné dans le sud de l'Espagne depuis plus d'un mois, Dimitri Foulquier évoque son ressenti sur la situation actuelle. L'occasion, aussi, pour l'ancien Rennais, de faire un petit bilan de sa carrière.

«Ça fait un mois que le confinement a commencé pour vous en Espagne. Comment vous sentez-vous ? 
Je suis comme toi, je vois ce qu'il se passe à la télé. On n'a pas vraiment conscience de ce qu'il se passe à part ce que nous montrent les médias et ce que nous racontent les gens du corps médical que l'on connaît. Mais, de mon côté, je suis confiné. Je fais un peu de sport, je travaille sur d'autres projets que j'ai à côté, hors du foot. Je regarde vraiment beaucoup de Netflix : la quatrième saison de la Casa de Papel, Ozark, Bodyguard. On parle avec les amis. Un peu comme tout le monde, j'imagine. Je sors une fois toutes les deux semaines pour faire mes courses, et c'est tout. Ce n'est pas que je suis terrorisé, mais c'est quelque chose de grave quand même. Il faut respecter les mesures. Sincèrement, c'est long. Ce n'est pas quelque chose qui est agréable. Après, je ne me pose pas trop de questions. C'est une crise sanitaire, c'est quelque chose de spécial. Le plus important est de rester en bonne santé même si c'est vrai que ce n'est pas facile.

L'épidémie a sévi très sérieusement en Italie. L'Espagne a ensuite été très durement touchée également. Comment avez-vous vécu ces moments ?
Ce qui choque, ce sont les chiffres. Mais, comme je disais, on ne s'en rend pas forcément compte. Un père d'un ex-coéquipier est décédé. Des gens de la famille ont aussi été contaminés mais, grâce à Dieu, ça va, ils ont bien combattu le virus. Maintenant, il y a juste à attendre. Il faut rester chez nous... je reste chez moi ! Je ne vais pas commencer à être parano, à poser des millions de questions. On a beaucoup d'informations. On ne les a pas toutes, évidemment. C'est un moment compliqué pour tout le monde. Il faut passer cette épreuve. Ça restera marqué dans les esprits de tout le monde. Ce sont des choses vraiment rarissimes.

Que se dit-il en Espagne sur la suite ?
Tout le monde est dans l'incertitude car ça ne dépend de personne, pas de nous, pas du président de la Ligue : ça dépend du virus, concrètement. On est dans l'attente. Il y a plusieurs scénarios possibles : que le Championnat s'arrête ; que ça continue à huis clos ; que ça joue normalement. Aujourd'hui, les plus probables sont les deux premières. Vu la situation, ça paraît peu probable qu'on joue avec 25 000, 30 000, 40 000 personnes aux matches. Aujourd'hui, le plus important, c'est la santé.

En France, les salaires ont été baissés dans de nombreux clubs. Et pour vous ?
On est tombés d'accord après une négociation collective avec le club. C'est normal. Il y a des choses qui passent avant l'argent. Et s'il faut faire un effort, on le fait sans problème.

Physiquement, où en êtes-vous ?
Le club nous a fait livrer un peu de matériel. Des vélos, des poids, un tapis, etc. Je fais des exercices, je garde la forme, ça va. Ça me prend, on va dire, une heure par jour. Après, on ne peut pas vraiment se rendre compte si on a perdu de l'endurance. On le saura seulement quand on reprendra la compétition, si elle reprend bientôt.

Vous aviez certainement imaginé meilleure seconde partie de saison après votre arrivée à Grenade pendant le dernier mercato...
Je n'ai pas joué d'août à décembre à Watford (NDLR : Où il était arrivé en 2017 après quatre saisons à... Grenade. Il n'a jamais vraiment eu sa chance à Watford). J'ai eu six mois compliqués. J'avais d'autres propositions. Je suis arrivé ici. J'ai fait un choix du coeur. C'est un club que je connais très bien, où je me sens apprécié, où j'avais été capitaine par le passé. Quand j'ai eu l'opportunité de venir, ç'a été une bonne occasion pour moi. J'ai joué pratiquement tous les matches jusqu'au confinement (NDLR : 14 matches Liga et Coupe du Roi confondues, un but). On est bien placés en Championnat, on est arrivés en demi-finales de Coupe. Pour un promu, l'objectif initial était le maintien. On a un bon groupe, de bons joueurs, un bon entraîneur (Diego Martinez), on fait tous du très bon travail. Ça fait notre force. On était neuvièmes jusqu'à présent. Il faut continuer comme ça. L'entraîneur ? Il n'est pas vraiment encore connu. Il insiste beaucoup sur l'intensité. On est très flexible, on a plusieurs systèmes de jeu, on peut varier, c'est très important.

Grenade, Watford, Strasbourg, Getafe, Watford, Grenade en moins de trois ans : l'envie est-elle désormais de se poser sur la durée ?
Oui, voilà, c'est l'envie. C'est l'envie du club aussi. On va essayer de concrétiser tout ça. Je cherchais de la stabilité. Je suis venu la retrouver ici. J'essaie d'être performant à chaque match. Dans ma carrière, si le plus haut, c'est le niveau où je suis actuellement, ce sera ça. Si c'est plus haut, ce sera plus haut, c'est tout. Je ne me prends pas la tête. J'ai eu deux saisons dans ma carrière qui m'ont ralenti, dues aux blessures (2016-2018). Ça m'a un peu freiné dans la progression. Mais, aujourd'hui, je suis content, car, quand je suis bien, généralement je joue beaucoup. Il faut que je continue à progresser. J'ai 27 ans, j'ai pas mal de matches en première division, en Liga et en Ligue 1. J'ai une belle expérience et je vais continuer à faire mon petit bonhomme de chemin. La Liga, j'y ai fait mes meilleures saisons. J'ai connu des bons moments, ici et à Getafe. C'est un Championnat que j'apprécie. La mentalité, la façon de voir le football. J'aime l'approche des matches. Je ne dis pas que c'est mieux, mais je préfère.

Avez-vous quelques regrets au sujet de votre prêt à Strasbourg (16 matches dont 13 titularisations en 2017-18) et de ne pas avoir, plus globalement, performé en Ligue 1 ?
Non. Je ne peux pas dire que je n'ai pas eu ma chance. Je suis parti à 20 ans (NDLR : De Rennes, où il a débuté en pro). J'ai fait le choix de partir jeune. À Strasbourg, j'ai connu des blessures lors de la première partie de saison, ensuite j'ai tout joué. Le foot est comme il est. Je suis à Grenade, un club que j'aime, je suis heureux, je me sens bien dans la ville, je joue. Je n'ai aucune raison de partir. La Ligue 1, c'est attractif. Si un jour j'ai une bonne opportunité, pourquoi pas.»

Timothé Crépin

«Il y a des choses qui passent avant l'argent»

«J'ai fait un choix du coeur»