L'ancien international des moins de 20 ans, Denis-Will Poha, évolue désormais à Guimaraes. (V. Michel/L'Équipe)

Denis-Will Poha (Vitoria Guimaraes) : « On s'entraîne sans retenue »

Denis-Will Poha, le milieu du Vitoria Guimaraes, évoque son retour à la compétition, ce jeudi contre le Sporting Portugal (22h15).

Aucun club portugais ne sera autant pénalisé par la reprise du Championnat à huis clos que le Vitoria Guimaraes de Denis-Will Poha, et aucun n'aura l'occasion d'en prendre conscience aussi vite : ce jeudi (22h15) le prestigieux Sporting Portugal se déplace au stade Afonso-Henriques, le plus chaud du pays, qui pour une fois sonnera creux.

Le milieu de terrain français de 23 ans, prêté par le Stade Rennais, reconnaît : « On m'avait prévenu, mais le public ici est vraiment incroyable. Nos supporters sont capables de tout (*). A Arsenal, en Ligue Europa (2-3), on n'entendait qu'eux, et à chaque match ils sont derrière nous. » Il nous explique comment il aborde ce retour à la compétition.

Son confinement

« J'ai réussi à trouver un avion pour rentrer chez moi, à Lannion (Côtes-d'Armor), passer le confinement avec ma femme et mes enfants. A ce moment-là, ça paraissait compliqué de reprendre éventuellement le Championnat. Mais le Portugal a été moins touché que la France par le virus et le club, lui, a toujours fait en sorte de nous maintenir dans le coup, impliqués. Tous les matins nous avions un entraînement en visio-conférence. Des choses basiques, abdos, gainage, squats, mais c'était important de garder le lien. Le club m'a rappelé le 22 avril pour que je rentre, j'ai repris l'entraînement individuel le 4 mai, et depuis deux semaines et demie on est repassé aux entraînements collectifs.

Sur le terrain, c'est la même intensité qu'avant, mais avec des précautions extrêmes autour. On n'entre pas dans le vestiaire, on ne prend pas de douche sur place, le club nous a fourni des équipements pour que nous soyons prêts en arrivant sur place. Dans l'espace collectif nous avons une chaise attribuée à chacun, chaque chaise est bien espacée par rapport aux autres, on vient avec des masques, on est testés régulièrement... le Vitoria fournit de gros efforts, il fait vraiment en sorte qu'on se sente en sécurité. »

Son état d'esprit

« Ici 80 % des gens portent un masque dans la rue. La vie a repris, ça bouge dehors, mais voir autant de gens avec un masque permet de garder conscience qu'on traverse une période difficile. Quand je suis rentré, l'aéroport de Roissy était quasiment désert. C'est la planète entière qui en a pris un coup avec cette pandémie. Quand on passe son confinement en France, qu'on voit le nombre de morts quotidiens, on sait que le virus est dangereux.

« Je trouve même que ce n'est pas très cohérent de nous empêcher de célébrer les buts alors que pendant un match on se touche tout le temps »

Mais plus personne n'est positif au sein de l'effectif (le 10 mai, le club avait annoncé la présence de trois cas positifs). Ça veut dire que chacun est responsable, que le groupe est réceptif, que les consignes sont rigoureusement respectées, même si on peut attraper le virus même en respectant le protocole. Tout le monde a été sérieux pendant le confinement, tout le monde est revenu en forme, physiquement on était biens avant même de reprendre l'entraînement, motivé.

On a un point de retard sur la cinquième place, qualificative pour la Ligue Europa, l'objectif est clair. Si on reprend, nous les joueurs, c'est pour ça. Aujourd'hui on s'entraîne sans aucune retenue, toujours à fond, contrairement à ce que j'ai pu connaitre en France. Je trouve même que ce n'est pas très cohérent de nous empêcher de célébrer les buts alors que pendant un match on se touche tout le temps. Ça fait partie des détails qui vont gâcher un peu la fête. »

(*) C'est à Guimaraes que Moussa Marega, l'attaquant du FC Porto, avait quitté le terrain en février dernier, excédé par les insultes racistes.