hazard (thorgan) (F.Faugere/L'Equipe)

De Lens au Borussia Dortmund, retour sur le parcours de Thorgan Hazard

À 27 ans, il s'installe doucement parmi les ailiers les plus influents de la Bundesliga. Dans l'ombre d'un Eden qui prenait de plus en plus de place, Thorgan Hazard a dû prendre son temps pour commencer à se faire un prénom. On retrace son début de carrière avec des moments importants.

Le jour où il a fait son seul banc de L1

Deuxième de la fratrie Hazard, derrière Eden, et devant Kylian et Ethan, Thorgan Hazard fait ses premières classes au Stade Brainois puis à Tubize, en Belgique, avant d'intégrer le centre de formation du RC Lens en 2007. Tout ça alors qu'Eden est lui chez le rival, le LOSC. Thorgan a alors 16 ans. Lorsqu'il postule à pouvoir intégrer l'équipe première, les Sang et Or sont au plus mal. Ainsi, en 2010-11, alors qu'il arrive à ses 18 ans, il va s'asseoir sur le banc artésien lors de la 35e journée de Championnat. Les Lensois s'imposent 1-0 et croient encore au maintien. Maintien qui n'interviendra pas. Hazard ne disputera donc même pas quelques minutes dans l'élite. Il jouera 90 minutes face à l'OM, en Coupe de la Ligue, en octobre 2011, lors d'une fessée récoltée par Lens au Vélodrome (0-4).

Le jour où il a débuté en Championnat

En reconstruction et avec l'envie de vite remonter en Ligue 1, le RC Lens compte sur Thorgan Hazard pour réussir cette opération. Sauf que cela commence bien mal. A Bollaert, après un premier but refusé à tort, Lens est mené 2-0 par le Stade de Reims après 35 minutes de jeu. Ne trouvant pas la faille, Jean-Louis Garcia lance alors son jeune joueur à moins d'une demi-heure de la fin. Hazard remplace alors Serge Aurier pour un changement offensif. Sans réussite. «Ce n'était pas facile de rentrer dans ce match, disait-il à FF à l'époque. J'ai essayé de me lâcher, d'amener de la vivacité et de la percussion, mais je n'y suis pas trop parvenu. C'est un moment que j'attendais, et je suis content d'avoir débuté ici, dans ce stade.» Avec, déjà, la pression liée à son frère, Eden. «Mon frère a mis la barre très haut, il a connu une progression fabuleuse. Je ne connais pas grand-monde qui ait eu la même. À moi de me faire un prénom.»

Thorgan Hazard a joué 15 matches, toutes compétitions confondues, avec le RC Lens, son club formateur. (ARGUEYROLLES LAURENT/L'Equipe)

Le jour où il fait le grand saut

«Nous sommes différents. Lui, c'est Thorgan et moi, c'est Eden. Il ne faut pas essayer de nous comparer», explique Eden Hazard début 2012. Pourtant, ce qu'il va se passer quelques semaines suivantes ne va rien arranger à ces comparaisons incessantes. Six titularisations. Quatorze apparitions. Zéro but. Difficile première saison chez les pros pour Thorgan Hazard au RC Lens. «J'étais jeune, le club n'allait pas trop bien, avouait-il à FF quelques années plus tard. Je ne jouais pas souvent. Les supporters ne souhaitaient qu'une chose : qu'on fasse remonter le club. Finalement, on a plus joué le maintien. Quand tu es jeune, avec de la pression, ce n'est pas facile pour exploser. Et je ne jouais pas forcément à mon poste.» Avec toujours la pression involontaire de son frère : «Les gens avaient beaucoup d'attente. À Lens, personne ne me voyait. Percer là-bas n'aurait pas été aussi simple car la L2 n'est pas faite pour les jeunes. Il y a peu d'espace et les défenses sont très organisées.» En mai 2012, après avoir illuminé la Ligue 1, Eden Hazard rejoint un grand club européen : Chelsea arrache sa signature contre 40 millions d'euros. Deux mois plus tard, les Blues enregistrent l'arrivée de Thorgan. Un costume bien trop grand pour lui, à l'époque. Chelsea le prête, logiquement, en Belgique, à Zulte-Waregem.

Le jour où il devient un Diable Rouge

84e minute de ce match amical de fin de saison 2013 entre les Etats-Unis et la Belgique. Si les Américains viennent de marquer un second but, les hommes de Marc Wilmots se dirigent vers un succès tranquille après les réalisations de Kévin Mirallas, Christian Benteke (doublé) et Marouane Fellaini. Romelu Lukaku cède alors sa place à Thorgan Hazard. A 20 ans, deux mois et un jour, le frère d'Eden, absent ce jour-là, fête donc sa première cape en sélection A. Derrière, il faudra qu'il attende plus de trois ans pour de nouveau fouler une pelouse avec la Belgique, en novembre 2016 face aux Pays-Bas.

Thorgan et Eden Hazard ont disputé 15 matches ensemble avec l'équipe de Belgique. (Reuters)

Le jour où il a mis le feu dans le vestiaire de Zulte-Waregem

Après une première saison encourageante (5 buts en Championnat), Thorgan Hazard doit encore grandir et s'affirmer dans cette D1 belge pour postuler à un plus haut niveau à l'avenir. Mais en plein milieu de l'été, il va être au coeur de lourdes divergences du côté de Zulte-Waregem. A l'époque, selon la presse locale, les représentants du joueur auraient demandé que Thorgan Hazard hérite du numéro 10 et devienne capitaine pour accepter une seconde saison dans l'équipe. Si la première requête avait été rejetée, la seconde avait été acceptée. Davy de Fauw, défenseur maison, était alors prié de donner le brassard.

«Dans l'intérêt du club, il a été décidé de donner le brassard de capitaine à Hazard, lance De Fauw à l'époque, dans des propos rapportés par Sport/foot magazine. Zulte Waregem va bénéficier de l'apport de Thorgan Hazard encore au moins un an. Cela peut aider à son développement. Evidemment, je vais continuer à remplir le rôle que je tenais ces deux dernières années au sein du club.» Un discours polissé qui cache en fait une vraie crise interne, puisque le vestiaire s'insurge et plusieurs joueurs menacent même de partir. Un tourbillon alors que Zulte-Waregem affronte le PSV Eindhoven en tour préliminaire de Ligue des champions quelques jours plus tard. Finalement, à peine 24 heures après ce remue-ménage, Thorgan Hazard laissait le brassard à De Fauw. Tout ça pour ça.

Le jour où il a été Soulier d'or

Après l'affaire du capitanat, Hazard se remet très vite en marche et enchaîne les bonnes performances (9 buts notamment lors des trois premiers mois de compétition). Des performances qui permettent de remporter le Soulier d'or 2013, qui récompense le meilleur joueur évoluant en Belgique. Il est le premier joueur de l'histoire de Zulte-Waregem à se hisser jusqu'en haut. «Si je m'étais planté, ç'aurait été très dur de remonter la pente, avouait-il à FF au sujet de son prêt en Belgique. Je n'ai pas douté, j'ai fait une bonne saison. Ma progression était constante.» Un état de forme qui lui ouvre presque les portes de la sélection belge pour la Coupe du monde 2014. Presque, car Thorgan Hazard apparaît dans les réservistes de Marc Wilmots et n'ira donc pas au Brésil.

Lire :
-Thorgan Hazard, à l'est d'Eden

Le jour où il a une discussion avec José Mourinho

L'heure est à un nouveau départ à l'été 2014 pour Thorgan Hazard. Après deux ans en prêt en Belgique, l'ancien Lensois a progressé, mais évidemment pas assez pour intégrer l'effectif pléthorique du Chelsea de José Mourinho. Un Special One que rencontre Hazard. «Il m'avait dit de continuer comme ça, prolongeait Thorgan Hazard à FF. Il m'expliquait qu'il regardait de temps en temps les matches en Belgique. C'est la seule fois que je l'ai vu.» Il ne le reverra jamais. Huit mois plus tard, le Borussia Mönchengladbach, club où Hazard effectuait son troisième prêt, levait l'option d'achat à 8 millions d'euros.

Les Blues, prévoyants, incluaient, au cas où, une clause de rachat. «Quand j'ai signé à Chelsea, je savais que j'allais être prêté et que je n'allais pas y jouer tout de suite, justifiait Hazard. Partir n'a pas été une décision facile, mais c'était la bonne. J'aurais voulu jouer avec mon frère mais je suis réaliste, pour l'instant, ce n'est pas possible. Mais ça reste dans un coin de ma tête. J'espère un jour retourner à Chelsea. Si je deviens un très bon joueur de Bundesliga, pourquoi pas ?» A Gladbach, Hazard découvre la Bundesliga sous les ordres d'un certain Lucien Favre, aujourd'hui son entraîneur à Dortmund.

Le jour où il a inscrit son premier triplé chez les pros

Encore un petit effort et le Borussia Mönchengladbach est en Ligue des champions. Nous sommes en août 2016. Vainqueurs 3-1 à l'aller (avec une passe décisive de Thorgan Hazard), en Suisse, face aux Young Boys de Berne de Guillaume Hoarau, les Allemands doivent gérer et ils verront la phase de poules. Ils vont faire mieux que ça avec un véritable festival : 6-1 ! L'occasion pour Hazard d'inscrire le premier triplé de sa carrière en compétition officielle. Il ajoute aussi une passe décisive. Raffael, son coéquipier, fait encore mieux avec trois buts et deux passes décisives !

Le jour où il a ouvert son compteur en sélection

Ce 10 octobre 2017, Chypre en a vu de toutes les couleurs face aux frères Hazard, titularisés ensemble en équipe de Belgique pour la deuxième fois seulement. Et ce, pour un match qualificatif pour la Coupe du monde 2018. Score final : 4-0. Un doublé d'Eden, et le premier but en rouge pour Thorgan.

Il sera d'ailleurs du voyage en Russie. Il apparaîtra à deux reprises, en poules, face au Panama et à l'Angleterre. On le reverra pas en phase finale, et notamment en demie face à l'équipe de France (0-1).

Lire :
-Thorgan Hazard, «Eden me dit que je suis chaud !»

Le jour où il a complètement vendangé une panenka

Il faut croire que le Borussia Dortmund ne lui en n'a pas tenu rigueur. Mais en décembre 2018, juste avant la trêve hivernale, Thorgan Hazard s'était "distingué" par une panenka à ne surtout pas montrer dans les écoles de football. La trajectoire, la puissance, l'application : il n'y avait rien qui allait.

Le jour où il punit magnifiquement son ex

C'était juste avant la pause forcée liée au Covid-19. Dans une rencontre importantissime dans la course au titre et à la Ligue des champions, ce "Borussico" entre Gladbach et Dortmund a été l'occasion pour Hazard de magnifiquement s'illustrer. Dès la huitième minute, le Belge se rappelait aux bons souvenirs d'un stade qu'il avait bien connu. Servi dans la surface, il rate d'abord son contrôle. Sur la droite de la surface, il mystifie ses adversaires d'un crochet avant d'enchaîner très vite. Le but est superbe. Dortmund s'imposera 2-1.

Timothé Crépin