Chelsea : Timo Werner, espoirs et désespoir

Quatorze matches. C’est la durée du mutisme de Timo Werner sous le maillot de Chelsea. Une période difficile et beaucoup trop longue pour un attaquant recruté contre 60 millions d’euros l’été dernier et qui était censé, pour les fans des Blues, porter leur attaque. Star du dernier mercato avec son compatriote Kai Havertz, l’avant-centre allemand suscitait beaucoup d’attentes chez les Anglais. Et il les a plutôt déçus avec un rendement clairement moindre que celui qu’il affichait à Leipzig.

Ce n’est pas chose aisée pour un attaquant de performer dès sa première saison en Premier League, et le cas Timo Werner le montre bien. Ainsi, l’excuse du temps d'adaptation est agitée par certains, qui se montrent plutôt cléments avec l’Allemand et l’attendent surtout au tournant la saison prochaine. «Je pense qu’il n’y a aucun doute sur le fait qu’ils (Werner et Havertz) soient bons tous les deux. Tous ceux qui les ont vus jouer en Bundesliga le savent. Le problème est que la Premier League est un Championnat bien différent, affirmait l’ancien gardien de Chelsea, Mark Bosnich, au micro de Sky Sports. Il s’agit de leur première saison. La prochaine saison sera une grosse saison pour eux. Après une année, il faudra qu’il y ait des résultats.». Il serait donc trop tôt pour tirer la sonnette d’alarme. 

 

Les qualités du buteur ne sont pas remises en cause mais sa maladresse agace. «Merveilleux mais gaspilleur, Chelsea doit débloquer le meilleur de Timo Werner», écrivait The Guardian fin décembre. Pas vraiment tueur, pas vraiment créateur, le tabloid anglais définissait le joueur comme une énigme dont avait un mal fou à résoudre son entraîneur de l’époque, Frank Lampard. S’il gaspille autant, c’est aussi parce qu’il crée beaucoup : «Il rate des opportunités que d’autres ne créent même pas», argumentait le média britannique.

Du côté de The Telegraph, on préfère souligner la perte de confiance du joueur après une prestation décevante face à Arsenal en décembre (1-3). L'Allemand reste tout de même l’un des attaquants qui tente le plus sa chance dans le Championnat anglais. Le quotidien, pour rappeler la difficulté de performer dès son arrivée en Premier League, comparait Werner à un certain Luis Suarez, lui aussi très maladroit pour son premier exercice lorsqu'il portait le maillot de Liverpool.

Dans le dur au mois de mars avec seulement deux petits buts inscrits lors de ses 27 dernières apparitions avec Chelsea toutes compétitions confondues, Timo Werner voit les critiques s’intensifier. Son énorme raté avec l’Allemagne face à la Macédoine du Nord ne l’a pas aidé. 

Et déjà les rumeurs d’un départ dès l’été prochain fleurissent dans les journaux. Immédiatement, son entraîneur Thomas Tuchel les a balayées. «Arrêtez de lire la presse ! Lisez un livre ! Je pense qu’il n’a aucune raison d’être frustré, il a joué un match incroyable contre Liverpool (4 mars, 1-0), peut-être son meilleur match depuis mon arrivée», estimait le technicien allemand en conférence de presse en mars. Depuis son arrivée sur le banc, Tuchel ne cesse d’afficher son soutien à son compatriote. En février, dans un entretien avec Pat Davison sur Sky Sports, l’attaquant de 24 ans confiait traverser l’une des «pires périodes de sa carrière» et se sentir «coupable d’avoir gâché autant de tentatives». Samedi, Timo Werner a retrouvé le chemin des filets face à West Ham et peut-être un brin de confiance au meilleur des moments, même si quelques doutes persistent.

Les médias anglais, comme les supporters de Chelsea, sont assis entre deux chaises après sa prestation lors d’un derby londonien décisif pour la quatrième place. Car si le joueur formé à Stuttgart s’est encore une fois montré très remuant et intelligent dans ses déplacements, avec l'unique but de la rencontre inscrit, il a aussi laissé tout le monde sur sa faim en vendangeant plusieurs occasions franches. Un défaut récurrent chez lui, qui prend des airs de Dr Jekyll et Mr Hyde, capable du meilleur comme du pire. The Sun se demande alors «Quel Timo Werner se présentera à Madrid mardi ?». Celui plein de confiance et bourreau des défenses de Bundesliga ? Ou bien celui aussi décisif que maladroit sous le maillot des Blues ? Une chose est sûre, ce mardi, les Blues ne pourront pas se payer le luxe de manquer des occasions nettes. Dans un match aussi crucial et face à un adversaire du calibre du Real Madrid, cela pourrait s’avérer fatal.