Jerome Boateng of FC Bayern Munich during the Pre-season Friendly match between Bayern Munich and Fenerbahce SK at Allianz Arena on July 30, 2019 in Munich, Germany (Gerrit van Keulen/VI IMAGES/PR/PRESSE SPORTS)

Bundesliga : le retour en force de Jérôme Boateng au Bayern Munich

Paris, Juventus, Manchester United. Peu importe la destination, le défenseur aurait dû quitter Munich l'été dernier. Mais il est encore là. Et contre toute attente, il a retrouvé un niveau convaincant. Un revirement plus que bienvenu.

Huitième minute d'un match a priori anodin contre l'Eintracht Francfort. En contre, Gonçalo Paciencia hésite entre accélération et temporisation. Pas besoin de choisir, Jérôme Boateng le fait à sa place. D'un croc-en-jambe grossier, l'Allemand annihile une occasion nette de but. Carton rouge logique. La suite de ce match ? Un cauchemar sans issue, conclu par une fessée 5-1. Pas sûr que le match retour de ce samedi à l'Allianz Arena se solde par le même résultat. Déjà parce que la foudre tombe rarement deux fois au même endroit - surtout avec le Bayern - mais aussi parce que Jérôme Boateng n'est plus vraiment le même. Ombre de lui-même depuis plusieurs mois, si ce n'est années, il est enfin de retour. Grâce à plusieurs facteurs. Dont le premier n'est autre que l'orgueil.

C'était presque écrit. Avec un contrat qui court jusqu'en 2021, le défenseur allemand ne devait pas s'éterniser en Bavière. Lui ne l'entendait pas de cette oreille, déclarant à Kicker il y a quelques mois de cela : «Je n'ai pas besoin de quitter le Bayern, j'ai toujours un contrat». Un son de cloche linéaire pour le joueur. Pas pour ses dirigeants. Président jusqu'à la fin de l'année 2019, Uli Hoeness commençait en interne à vouloir le pousser dehors. Réaction immédiate du Berlinois d'origine : «Je veux me battre, prouver ma classe après les déceptions de la saison précédente. Je veux montrer que j'appartiens aux trois meilleurs défenseurs centraux du monde. Je sais ce que je peux faire. Et quand j'ai un club et un entraîneur qui me font confiance, je sais comment jouer.» Voilà peut-être une des clés de l'énigme Boateng : la confiance. Sans cela, le gros moteur du colosse (1,92m) tourne à vide et n'avance plus.

«Je n'ai pas besoin de quitter le Bayern»

Méchant Kovac, gentil Flick ?

Et sous la houlette de Niko Kovac, Boateng n'était pas suffisamment abreuvé. La saison dernière, alors que Benjamin Pavard et Lucas Hernandez n'étaient pas encore là, l'Allemand n'était que le cinquième joueur à vocation défensive utilisé derrière David Alaba, Niklas Süle, Mats Hummels et Javi Martinez, quoique souvent positionné en sentinelle. L'arrivée d'Hansi Flick a été un tournant déterminant, comme des pépins physiques (un peu) moins récurrents. «Depuis que Flick a pris en charge l'équipe, il est redevenu une référence, écrit Kicker. Au cours de l'hiver, l'homme de 31 ans a perdu des kilos et s'est mis en évidence. Boateng a travaillé sur lui-même. Depuis, il est à nouveau important. Il remporte nettement plus de duels : 50,9% sur la phase l'aller, contre 64% depuis janvier. Et il ne commet qu'une faute toutes les 103 minutes, contre une toutes les 73 minutes auparavant.»

Tactiquement, Flick a apporté un vent frais au Bayern. Malgré les blessures au poste de défenseur central de Süle, Martinez et Hernandez, il ne s'est pas démonté et a gardé un équilibre. Pavard joue à droite, le véloce Davies à gauche. De la foi en deux joueurs encore relativement nouveaux au club. De facto, cela permettait à David Alaba de jouer dans un rôle plus axial, lui qui semblait manquer d'épanouissement depuis le départ de Guardiola. Mais si Flick n'hésitait pas à impliquer la jeunesse, il préférait tout de même Boateng à Lars Lukas Mai pour garder les clés de la baraque bavaroise. Une idée logique, hardie, et surtout payante.

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Au côté de l'Autrichien, Boateng a regagné un vrai pedigree. Pas de quoi être des trois meilleurs axiaux du monde comme il le souhaitait, mais tout de même. Confirmation des observateurs outre-Rhin comme Kicker : «Alaba et lui se complètent dans les duels, la course et le jeu de tête. L'Autrichien est plus rapide, Boateng plus robuste et plus grand. En outre, tous deux maitrisent la structure de jeu et les longs ballons pour atteindre la défense adverse. Ils forment un duo que peu de gens auraient pu attendre en début de saison.» C'est une certitude, ceux qui auraient misé une pièce sur une renaissance de Boateng sont peu nombreux. Aujourd'hui, il est confortablement installé à la place de numéro deux. Et pour redevenir titulaire, Süle, Hernandez ou Martinez vont devoir le bouger. Une tâche bien plus aisée il y a un an de cela...

Emile Gillet

Alaba-Boateng, c'est probablement la meilleure association de défenseurs centraux balle au pied du monde.

«Boateng et Alaba forment un duo que peu de gens auraient pu attendre en début de saison» (Kicker)