Jadon Sancho (Dortmund) Wolfsburg, 23.05.2020, Fussball Bundesliga, VfL Wolfsburg - Borussia Dortmund 0:2 *** Local Caption *** (TimGroothuis/Pool/WITTERS/PRES/PRESSE SPORTS)

Bundesliga : Jadon Sancho (Borussia Dortmund), retour sans flammes

Si la Bundesliga a repris sur les chapeaux de roue avec des matches à haute intensité et du spectacle, tous n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant. Comme l'Anglais de Dortmund, moins tranchant et moins fringant. Décryptage.

«Je n'ai aucun doute sur ma capacité à sortir une saison meilleure que la précédente.» Les mots sont signés Jadon Sancho, et sentent davantage la confiance en soi que l'arrogance. Car si insolence il y a eu de la part de l'Anglais cette saison, c'est uniquement envers ses adversaires. Le joueur né en 2000 émarge à 17 buts et 20 passes décisives toutes compétitions confondues dans cet exercice 2019-2020. Mais si certains Wunderkid de la Bundesliga ont repris leurs marques post-confinement sans problème (on pense à Havertz ou Werner), Sancho, lui, accuse le coup. Explications signées Lucien Favre, en conférence de presse : «Jadon est en manque d'entraînement. Il se remet au niveau physiquement doucement. Lentement mais sûrement, il va revenir à son niveau.» Impossible de savoir si l'ailier a pris à la légère sa période de télétravail. Une chose est sûre, il est revenu sur les terrains avec une méforme criante. Et ça s'est fait ressentir en match.

Trois bouts de match décevants...

Onze minutes contre Schalke, 25 à Wolfsburg et surtout 45 face au Bayern Munich. Presque un match entier au cumulé, pour un maigre bilan. Au-delà de cette remise décisive pour Hakimi, l'Anglais n'a pas convaincu par ses entrées. Il a même plutôt donné raison à son entraîneur sur sa forme physique et sa lucidité. Dans tous les bons coups de l'équipe de la Ruhr auparavant, il semble maintenant la pénaliser, empâter le jeu par moment. L'illustration parfaite est contre Munich. Cartouche sortie par Favre à la mi-temps pour donner un second souffle au Borussia Dortmund, il n'a rien apporté, si ce n'est de la maladresse. 44 ballons touchés (soit presque trois minutes de possession) pour huit pertes de balle. Et surtout une impression d'impuissance sur son aile. Incapable d'impulser de la percussion - parfois même à contretemps - il semblait ralentir son équipe en transition. Une phrase que l'on ne pensait pas écrire cette saison. Et pourtant. L'autre raison évocable, outre sa préparation light, c'est la distension de son lien avec Erling Haaland.

... et seulement trois passes à Haaland

Depuis le retour de la Bundesliga, l'Anglais et le Norvégien ne se sont partagés le rectangle vert qu'une heure. Peu, mais autrefois suffisant pour faire la différence. Pas là. Même si, pour délivrer son unique caviar, Sancho profitait de l'appel d'Haaland pour faire de la place à Hakimi (victoire 2-0 contre Wolfsburg). Quand on sait que le buteur a un rôle de point de fixation mobile, l'utiliser pour avancer et fixer la défense demeure cohérent. Ce qui l'est moins, c'est de ne pas combiner - ou très peu - avec lui. Surtout quand Sancho déclarait au site officiel de la Bundesliga : «Jouer derrière lui est une super sensation. On travaille sur beaucoup de choses ensemble, comme des une-deux. Je sais où le trouver, où il veut le ballon, et il sait comment je le veux aussi. Il y a une bonne compréhension entre nous deux.» Résultat, sur les trois matches récemment disputés, trois petites passes en direction du colosse, une par match. Soit autant que Roman Bürki, le gardien. Chiffre effarant. Mais pour Sancho, dont la saison dans son entièreté reste une réussite à ne pas négliger : «Être meilleur que la saison passée, c'est une compétition contre moi-même». Tant mieux, contre Paderborn, Haaland ne sera pas là, à l'instar des spectateurs en tribune. Seul face aux yeux des recruteurs de l'Europe entière, ce sera à lui de prouver sa valeur post-trêve.

Emile Gillet