(E. Garnier/L'Equipe)

Blessé, le gardien de Sochaux Maxence Prévot encourage son équipe en tribune

Notre reporter a accompagné, vendredi soir, le gardien sochalien qui, depuis qu'il est blessé, suit certains matches de son équipe dans le virage, mégaphone en main.

Après un tour dans les loges du stade Bonal pour saluer des partenaires du club, Maxence Prévot, 22 ans, troque rapidement son costard officiel pour l'écharpe de supporter. Le gardien file vers la tribune nord pour rejoindre les ultras sochaliens déjà en place pour encourager leurs couleurs contre le Paris FC (1-1). « Max » y va de quelques autographes et selfies à son arrivée.

Ce n'est pas tous les jours que le capitaine d'un club pro s'immisce parmi ses fans pour entonner des chants parfois à sa gloire. Ce n'est pas la première fois non plus que le numéro 1 sochalien met les pieds en TNS (tribune nord Sochaux). Mi-décembre, il s'était déjà plongé dans la masse pour donner de la voix avec ce petit peuple jaune et bleu (environ 200 membres) contre Grenoble (1-1). Maxence Prévot profite de sa convalescence pour retrouver son âme de supporter, mais surtout la faire de nouveau vibrer de l'intérieur.

L'international Espoir a été victime, fin novembre, d'un choc terrible face à Troyes (0-1). Son défenseur Adolphe Teikeu est venu lui fracasser la pommette sur un contact aérien. Le gardien reste KO. Il souffre d'une double fracture de la pommette et de microfractures au visage qui engendreront la pose de plaques en fer en dessous de l'oeil droit et de l'arcade. « Je n'ai pas perdu connaissance, se souvient-il. Pendant que j'étais évacué sur civière, j'entendais les spectateurs scander mon nom. J'ai levé le pouce pour les rassurer. Ce soutien m'a touché, comme tous les messages reçus par la suite. Parmi eux, il y avait un mail qui m'invitait à venir avec eux en tribunes. »

« Au moins 45 minutes à chaque match, il est quelques mètres devant nous dans son but. Il entend presque nos conversations »

Thibaut, le porte-parole de la Tribune Nord Sochaux

Mégaphone en main, Max vit sa parenthèse de supporter à fond. Il encourage depuis les gradins ceux qu'il a l'habitude de commander sur le terrain. Quelques petits mots sympas fusent souvent pour Lawrence Zigi, sa doublure par intérim. Les fans francs-comtois partagent également ce bonheur de brailler leurs chants avec leur ange gardien. Maxence Prévot reste un symbole fort pour eux, dans un club passé sous pavillon chinois depuis juillet 2015.

« Max n'a pas de problèmes pour lancer les Aux armes, certifie Thibaut, le porte-parole de la TNS. Il connaît toutes les paroles. Au moins 45 minutes à chaque match, il est quelques mètres devant nous dans son but. Il entend presque nos conversations. C'est un gamin de Sochaux. Son état d'esprit est excellent. Il incarne notre identité. Il est simple, sans prétention. Il fait partie des nôtres. »

Le vainqueur de la Coupe Gambardella 2015 vient de prolonger jusqu'en juin 2023 dans le club qu'il fréquente depuis les débutants. Le natif de Châlonvillars, à vingt minutes de Bonal, traverse sa seizième saison jaune et bleue. Son père Laurent, abonné depuis 1981, l'a emmené en Populaire dès ses quatre ans. « Je sais ce que c'est que d'être supporter et j'ai beaucoup de respect pour eux, confie le jeune gardien, qui affiche 103 matches de L2 à 22 ans. Moi, j'étais fan de Teddy Richert ! Je trouve sympa de renvoyer l'ascenseur mais aussi de vivre notre match autrement. Il faut conserver cette âme, ce regard, pour garder les pieds sur terre. Mais maintenant, j'ai quand même envie de les faire vibrer en retrouvant le terrain ! »

Son retour est envisagé à la fin du mois face à Lorient. Son visage sera enveloppé d'un masque en Plexiglas pendant trois mois. Mais la lourde protection ne l'empêchera pas d'entendre les chants venus des tribunes de Bonal et qu'il connaît par coeur.