Sven Botman enlève le ballon à Raphinha lors de Lille-Rennes (1-1), le 22 août. (F.Faugère/L'Équipe)

Bakker (PSG) - Botman (Lille), un parfum d'Ajax en Ligue 1

À 20 ans, Sven Botman et Mitchel Bakker ont débarqué sur les pelouses de Ligue 1 avec une formation estampillée Ajax dans leurs valises. Si les deux amis néerlandais accumulent déjà les minutes au LOSC et au PSG, dur de savoir ce qu'ils nous réservent à plus long terme. Ceux qui ont côtoyé ces deux jeunes pousses à Amsterdam les ont présentées à FF.

Quatre journées de Ligue 1 : Mitchel Bakker et Sven Botman n'ont pas eu besoin de temps pour jouer un vrai rôle pour leurs deux formations. Si le premier avait déjà eu l'occasion de goûter à quelques minutes avec le PSG l'année dernière, cette saison marque son arrivée à plein temps dans le groupe professionnel avec déjà deux titularisations sur son côté gauche, où il profite des absences de Bernat et Kurzawa. Pour Botman, l'intégration est encore plus express. Quatre titularisations et autant de matchs joués en intégralité dans l'axe de la défense lilloise. Deux réussites précoces qui portent la marque de l'Ajax Amsterdam, club où les deux se sont côtoyés pendant huit ans avant de devenir amis et d'arriver en France. Sur leur passage pendant cette formation, George Ogararu, coach U18 et U21 et Francesco Antonucci, coéquipier pendant plusieurs mois. Les deux livrent leur regard sur ces joueurs qu'ils ont vu grandir.

Domination physique et école Ajax

1,85m pour l'un, 1,95m pour l'autre. Bakker et Botman sont d'abord des joueurs qui profitent de leur physique pour s'imposer. Un constat qui peut paraître surprenant pour des éléments de seulement 20 ans, mais les deux internationaux U21 avec les Pays-Bas ont toujours été en avance sur ce plan. «Mitchel (Bakker) est un joueur très rapide avec un physique impressionnant. Déjà à l'époque, il était très développé. A 17 ans, il jouait sans problème avec les U21. Je pense qu'il n'aura pas de problème pour s'intégrer à un championnat physique comme la Ligue 1», tranche George Ogararu. Un constat que partage Francesco Antonucci, passé par Monaco, au sujet de Botman : «Il avait presque la même morphologie à l'époque, il prenait tous les ballons ! Sa taille et son jeu de tête étaient de vrais points forts. Je trouvais qu'il manquait un peu de vitesse mais maintenant ça va beaucoup mieux.»
Il serait toutefois injuste de se cantonner au seul physique pour expliquer leurs rôles au sein de deux clubs ambitieux. Car Bakker et Botman sont d'abord des joueurs élevés dans la culture de l'Ajax. Au cours de leurs huit années communes en formation à Amsterdam, les deux ont développé des aptitudes techniques et tactiques supérieures à la plupart des autres joueurs aux mêmes postes et aux gabarits similaires. «Ce qui m'impressionnait le plus chez Sven (Botman) c'est sa qualité de passe pied gauche. Il cassait les lignes très facilement même s'il avait encore du mal sur son pied droit», se rappelle Antonucci. Une formation qui, ajoutée aux capacités athlétiques, offre une vraie polyvalence à Bakker : «Aujourd'hui à Paris, Mitchel ne joue que latéral gauche. Mais pour la Future Cup avec l'Ajax, il jouait défenseur central et pour moi c'était le meilleur joueur de la compétition», insiste son ancien coéquipier.

Deux tempéraments, deux trajectoires

Les similitudes s'arrêtent là. S'ils évoluent sur deux postes différents, Bakker et Botman ont aussi des personnalités bien distinctes. «À l'Ajax, Mitchel c'était d'abord un ami. On était à côté dans le vestiaire. C'est un mec marrant. Il est un peu fou en dehors du terrain mais on passe toujours des bons moments avec lui », décrit Antonucci. Et dans un vestiaire ? « Il écoute énormément. C'était facile de travailler avec lui, il voulait toujours être meilleur», tranche Ogararu. En comparaison, Botman fait figure de force tranquille comme le présente son ancien coéquipier : «Sven, c'est vraiment l'opposé de Mitchel. Quelqu'un de très calme, qu'on n'entend pas dans le vestiaire. Sur le terrain il s'affirme sans en faire trop.» Même son de cloche chez son ancien formateur : «Sven est beaucoup plus calme que Mitchel. Quand on joue dans l'axe, il faut être plus patient. Prendre les bonnes décisions demande beaucoup de qualités.»
 
Si l'un faisait plus de bruit que l'autre, c'est peut-être aussi parce qu'il prenait plus la lumière. A Amsterdam, l'Ajax a très vite placé de grands espoirs en Bakker. A un point tel que sa signature au PSG à l'été 2019 n'a pas étonné ceux qui l'ont suivi. «Je n'étais pas surpris qu'il signe au PSG parce que c'est un bon joueur. Paris lui a présenté un projet très intéressant et l'Ajax doit le regretter», affirme calmement Ogararu. «C'était un grand espoir, il était déjà au-dessus pour son âge. Il était vraiment facile», confirme Antonucci. Pour lui, la surprise est surtout ailleurs : «Je pensais vraiment qu'il allait s'imposer à l'Ajax.» En parallèle, celui qui s'est installé sans difficultés dans la charnière lilloise prenait son temps. «A l'époque, Sven n'était pas considéré comme l'un des meilleurs potentiels de l'Ajax. Ils l'ont laissé faire ses classes normalement. On en parlait moins que d'autres, mais il a eu une progression très régulière», analyse Antonucci. Le potentiel n'est tout de même pas resté indéfiniment dans l'ombre, rappelle Ogararu : «Il était capitaine des U19 avec Johnny Heitinga qui était très content de lui.»
 
Pour de tels espoirs, rester à Amsterdam aurait non seulement semblé logique, mais était surtout un objectif, rappelle Antonucci : «À l'époque on ne parlait que de l'Ajax. On voulait tous y réussir, on ne parlait pas de l'étranger.» Étonnant donc que les deux joueurs aient décidé de quitter le nid. Pour le plus grand plaisir du PSG, du LOSC et de la Ligue 1.
 
Quentin Coldefy