choupo moting (eric) (S.Mantey/L'Equipe)

Atalanta-PSG : l'authentique Choupo-Moting

Héros parisien mercredi soir, Eric-Maxim Choupo-Moting est entré dans la légende de son club en le qualifiant pour la demi-finale d'une Ligue des champions. Récompense pour cet habitué du banc qui n'était pas inscrit sur la liste des joueurs qualifiés pour la C1 en février dernier. Mais qui a su conquérir les coeurs de tout un club.

Il ne figurera probablement jamais, à moins d’un nouveau but décisif le 23 août prochain en finale de la Ligue des champions, dans une illustration pour fêter l’anniversaire du PSG comme le club l’a publié ce mercredi pour ses 50 ans. Au milieu des Zlatan Ibrahimovic, Raï, Jean Djorkaeff et autres Safet Susic. Mais, déjà apprécié du public parisien, Eric-Maxim Choupo-Moting a, ce 12 août 2020, définitivement gagné sa place dans le cœur du peuple parisien. Au même niveau que le coup de casque d’Antoine Kombouaré contre le Real Madrid, que la tête lobée de Thiago Silva à Chelsea, que le but de Vincent Guérin pour sortir le FC Barcelone… Aussi longtemps que ce club vivra, on saura se rappeler de la finition du Camerounais à la 93e minute de cet Atalanta-PSG. Nul doute que Nasser al-Khelaïfi et les dirigeants qataris de QSI ne l’oublieront jamais. Malgré les centaines et les centaines de millions d’euros dépensés pour faire de Paris un grand d’Europe, c’est un joueur de 31 ans, arrivé libre en provenance de Stoke City, relégué en D2 anglaise en 2018, qui leur a offert la première demi-finale depuis 2011 et la prise de pouvoir de QSI. Choupo-Moting, en quelque sorte, cela ne ressemble pas au Paris de ces dernières années. Ce n’est pas clinquant. Mais cela apporte un peu de simplicité, d’authenticité. Il fallait le voir, après la rencontre, comme pas encore conscient de ce qui venait de lui arriver. «Quand je suis rentré, je me suis dit qu’on ne pouvait pas rentrer à Paris avec une telle équipe. Je me suis dit que tout est possible dans la vie, que chaque match a son histoire.»

Pourtant, quand Choupo-Moting a débarqué dans la capitale, il savait où il mettait les pieds. Dans un vestiaire de stars au sein duquel son temps de jeu serait (très) faible en Championnat et en Coupe d’Europe (31 apparitions en Ligue 1 depuis 2018, pour 13 titularisations ; 7 en Ligue des champions, pour 1 titularisation et 150 minutes de jeu passées sur le pré). «Je comprends mon rôle, avouait-il en conférence de presse peu de temps après son arrivée. Cavani est un très grand attaquant. Si j’ai ma chance, je vais tout donner.» Mais, déjà à l’époque, on avait pu rapidement comprendre où il pourrait s’illustrer : «Je me sens bien intégré. C’est comme une bonne famille.» Dans l’ombre, l’international camerounais s’est montré irréprochable. «Il y a bien sûr beaucoup de stars ici, avouait-il dans FF dernièrement. Mais je me sens comme un homme normal. C’est clair que ce sont de très grandes stars, mais je suis normal avec eux. On s’entend super bien. Je ne me sens pas à part ou différent des autres. On a des thèmes de discussions en commun. On est un groupe soudé.» Et avec son état d’esprit à diffuser du positif, l’ancien joueur de Thomas Tuchel à Mayence a certainement une véritable importance dans le bien-être collectif affiché dernièrement par Angel Di Maria et les siens. «C’est clair que j’apporte quelque chose, notait-il encore dans France Football. Une personne qui est positive essaie d’avoir un groupe qui vit bien. Et moi, ça, je le fais à 100%.» «Je veux parler de Choupo, a même insisté Ander Herrera après la qualification sur RMC Sport. Il va être en fin de contrat, et il s’entraîne comme si c’était le dernier entraînement de sa vie.» Et quand on voit Neymar lui remettre le trophée de joueur du match qui lui avait été attribué, on comprend la place acquise par Choupo-Moting dans ce vestiaire.

«Je veux parler de Choupo. Il va être en fin de contrat, et il s'entraîne comme si c'était le dernier entraînement de sa vie.» Ander Herrera.

Inoubliable

Car l’histoire est claire. Choupo-Moting n’aurait pas dû être là ! En fin de contrat au 30 juin dernier, son aventure semblait toucher à sa fin, Paris n’ayant pas forcément besoin de lui avec Mauro Icardi et Edinson Cavani à son poste. Le garçon n’était d’ailleurs même pas apparu en Ligue 1 en 2020. Oui, mais voilà, El Matador a tourné le dos au PSG, et il a fallu s’assurer les services d’un autre attaquant, au cas où. L’histoire est belle. Encore plus quand on se rappelle que le joueur de 31 ans n’avait pas été inscrit sur la liste des joueurs éligibles à la phase finale de la Ligue des champions par Thomas Tuchel. Le Covid-19 est passé par là et a permis aux clubs de reprendre leur liste des bannis. «Il était hors de question pour moi de quitter le club comme ça, tranchait-il sur PSG TV en juillet. Je suis très heureux ici.» Un mec heureux qui avait su traverser la tempête de moqueries un soir de PSG-Strasbourg où il enlevait un but aux siens sur la ligne strasbourgeoise. Pour ensuite conquérir le Parc des Princes en début de saison 2019-20 quand il enchaînait roulette et frappe en poteau rentrant contre Toulouse. Recevant alors une ovation nourrie d’un Parc des Princes tombé sous le charme. «Quand tout un stade chante ton nom, c’est spécial, expliquait-il dans FF. Je n’oublierai jamais ça.» Désormais, tous les supporters du PSG ne l’oublieront jamais à leur tour.

T.C.