rabiot (adrien) silva (bernardo) (P.Lahalle/L'Equipe)

Après Portugal-France : Adrien Rabiot, ce petit truc en plus...

Omniprésent offensivement et défensivement, Adrien Rabiot a crevé l'écran au Portugal. Son rôle hybride sur le côté gauche du 4-4-2 des Bleus offre de sacrées possibilités à Didier Deschamps.

On ne l’a pas vu venir. Vous non plus. A vrai dire, on pense que lui-même non plus. Adrien Rabiot vient de montrer qu’il s’avérait presque indispensable chez les Bleus. Après des années d’errance, le coup de froid en Bulgarie et son refus de figurer parmi les réservistes à la Coupe du monde 2018, l’ex-Parisien semblait avoir de lui-même tiré un trait définitif sur une carrière internationale. A la surprise générale, le parfois têtu Didier Deschamps s’est rabiboché avec le natif de Saint-Maurice. Un coup de fil, une discussion à bâtons rompus et quelques mois plus tard, la rédemption. Totale. Dans les mots déjà, Adrien Rabiot a pris de l’épaisseur. Et si sa timidité et la défiance qu’il a envers les médias ne le poussent pas à ouvrir sa gueule partout, sa dernière interview chez nos confrères de RTL révèle beaucoup de la maturité qu’il semble avoir engrangé à désormais 25 ans. «Depuis que je suis à la Juventus, j'ai l'impression d'être un autre joueur et une autre personne. Ce transfert-là m'a fait grandir et je pense que ça se voit en équipe de France». Fustigé à ses débuts pour sa lenteur et son manque de gnaque sur le pré en Italie, le Juventino a su se mettre tout le monde dans la poche depuis le restart.

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«Il a le cuir dur après tout ce qu’on lui a balancé dessus en Italie. J’ai l’impression qu’il s’est bougé depuis», nous confiait Alessio Tacchinardi l’été dernier. En trois mois, Rabiot est devenu un rouage essentiel de Maurizio Sarri dans la quête au Scudetto 2019-20 et désormais pion incontournable du coach Andrea Pirlo. 3-5-2, 4-2-3-1, 4-4-2… L’Architetto chercher toujours les fondations de sa Juventus, mais Rabiot est toujours l’une des premières pierres qu’il pose dans son onze de départ. Si l’ancien Toulousain considère Pirlo comme un «must» pour lui en tant qu’entraîneur, l’ex international italien lui rend la pareille avec une confiance indéfectible. D’un «objet mystérieux à celui d’irremplaçable»  comme le soulignait la Gazzetta dello Sport il y a peu, Adrien Rabiot a pris un sacré virage dans sa vie d’homme et de joueur. Cette nouvelle mouture du «Duc», revenu en odeur de sainteté de partout, colle parfaitement avec ce que Didier Deschamps veut voir chez ses joueurs. De l’envie, de l’abnégation, des courses défensives et ce petit truc en plus que Rabiot possède et d’autres non : cette capacité à casser des lignes adverses avec sa verticalité.

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Au Portugal, pour ce qui est certainement son meilleur match sous la liquette tricolore, le gamin du Val-de-Marne avait les épaules très larges. Dans ce 4-4-2 simili Russie 2018 tant aimé de DD, Adrien Rabiot a fait ce qu’il fallait. Poussé par un Lucas Hernandez hyperactif derrière lui, il a multiplié les courses défensives pour boucher son couloir. Avec abnégation et détermination, l’ancien du Paris Saint-Germain a parfaitement compris ce rôle assez spécifique. En phase défensive, empêcheur de tourner en rond pour les dédoublements adverses. En phase offensive, il a montré toute sa capacité à se recentrer, laisser le champ libre au latéral gauche du Bayern et surtout, surtout, utiliser à bon escient sa verticalité pour faire la différence. Percutant balle au pied, juste dans ses transmissions, Rabiot a saisi sa chance à bras-le-corps. Sa frappe sèche a permis à N’Golo Kanté d’offrir la victoire et la première place dans le groupe de Ligue des nations. Une performance de haut-vol qui a forcément ramené les supporters des Bleus à un temps où Blaise Matuidi était capable de gérer à la fois défensivement et comme il le pouvait, offensivement son côté gauche. Adrien Rabiot lui, sait faire les deux.

Et ça, Didier Deschamps a adoré : «Ce n’est pas le même. Dans le positionnement, j'ai discuté avec lui depuis deux jours. Beaucoup de choses ont changé, il n'a pas de limite dorénavant, il est capable de s'adapter aujourd'hui, comme il me l'a dit. C'est un joueur complet, dans un registre différent de ce que faisait Blaise, Adri a une qualité technique, il est capable de se projeter, il a une intelligence de jeu, il compense, il ne se pose plus de questions, sur le fait d'être trop haut trop bas trop à gauche ou à droite. Il a franchi des paliers, il est plus consistant dans tout. Il a toujours eu cette technique mais aujourd’hui dans le volume, l’agressivité, les duels, il s'impose.» Un hommage à ne pas prendre à la légère. A sept mois de l’Euro et après avoir bégayé des 4-3-3, des 4-2-3-1, des défenses à trois pas convaincantes, les Bleus semblent avoir trouvé une formule ravageuse. Avec un Paul Pogba encore plus en forme et un Olivier Giroud ou un Anthony Martial plus en verve offensivement, cette équipe va faire très mal. Et cette fois-ci, avec Adrien Rabiot en taulier. Comme quoi, dans la vie, il ne faut jurer de rien.

Johan Tabau

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