georgen (alec) (P.Lahalle/L'Equipe)

Alec Georgen, titi parisien parti à Avranches : «Pourquoi pas revenir un jour au PSG ?»

Il est un des nombreux Titis parisiens partis du club champion de France sans pouvoir réellement avoir sa chance avec les pros. Mais pour Alec Georgen (21 ans), ce sont surtout les blessures qui l'ont empêché de toucher ce "rêve". Aujourd'hui à Avranches, où il tente de se (re) lancer, le latéral droit raconte sa nouvelle carrière pour FF. Non sans ambition.

«Quelques mois après avoir quitté le PSG, votre club formateur, comment se passe ce début d'aventure à Avranches ?
Plutôt bien ! Avec une intégration qui s'est très bien déroulée. J'arrivais sur la fin d'une rééducation. Ça a pris un petit peu de temps pour jouer avec l'équipe première d'Avranches. Maintenant, je suis en pleine possession de mes capacités pour m'exprimer.

Cette rééducation a été longue...
Oui, bien sûr. Ce n'était pas une blessure anodine. Qui dit opération, dit une grosse rééducation derrière. Même après, quand on reprend l'entraînement, on sait très bien qu'il faut une marge pour retrouver sa capacité totale. Je commence à toucher le bout, ça fait vraiment du bien de retrouver un groupe, du rythme pour performer et essayer simplement de retrouver mon niveau pour progresser, voire remonter les échelons de nouveau.
 
Cette blessure venait s'accumuler à une période compliquée pour vous. A l'époque, vous étiez quelque peu dans le flou avec le PSG. Et là, vous êtes touché en pleine préparation estivale avec Paris à Singapour en juillet 2018...
Tout à fait. J'avais intégré le groupe pro pendant une saison sous (Unai) Emery. Ensuite, il y avait des hésitations autour d'un prêt. J'ai fait six mois aux Pays-Bas (NDLR : à l'AZ Alkmaar en 2017-18) qui ont très bien démarré mais, malheureusement, c'est là où la cascade de blessures a commencé. Thomas Tuchel est arrivé, j'ai commencé la préparation avec lui. Et c'est là que je me fais le croisé qui m'écarte des terrains pour toute la saison. Il me restait un an de contrat. Ils ont fermé la réserve donc il fallait trouver un projet car je savais que je n'allais pas pouvoir être réintégré au groupe pro. C'est pour ça que je me suis dirigé vers une National et vers Avranches pour pouvoir reprendre du temps de jeu et continuer mon évolution.

«A un moment on se demande quand est-ce qu'on va sortir de ça»

Comment avez-vous vécu, à l'époque, cette nouvelle rechute ?
Les croisés, c'était très dur. Dans une période charnière pour moi avec un nouvel entraîneur. J'aurais bien aimé pouvoir faire mon trou. On n'est pas l'abri des blessures... Mais il faut rebondir. Je ne suis pas quelqu'un qui s'apitoie sur son sort. C'est du passé, il faut mettre ça derrière. Je ne me suis pas dit que je n'allais jamais y arriver. Mais quand on enchaîne pas mal de blessures, à un moment on se demande quand est-ce qu'on va sortir de ça. On est jeunes, on a tous envie de performer au haut niveau tout de suite. On est impatients. Ce n'est pas facile à vivre. Ça permet de gagner en expérience, en maturité. J'espère que ça va me servir pour la suite de ma carrière.
 
Si vous deviez nous résumer votre aventure du PSG en un mot ?
(Il réfléchit) Ce n'est pas facile !
 
Inachevée, inaboutie, frustrante ?
Non, je ne dirais pas ça. J'ai vraiment un souvenir positif de tout ça.
 
Enrichissante ?
Pourquoi pas oui. Il ne faut pas oublier que j'ai fait toute ma formation là-bas. C'est grâce au PSG que mon niveau est tel aujourd'hui. Je ne peux pas remettre en question tout ça.

«Motta, Maxwell, Ibrahimovic m'ont impressionné»

Quelles rencontres vous resteront comme un bon souvenir ?
Il y a quelques joueurs qui m'ont marqué quand j'ai été intégré au groupe pro. J'ai commencé sous Laurent Blanc et des joueurs comme (Thiago) Motta, (Sherrer) Maxwell, (Zlatan) Ibrahimovic... Des joueurs qui m'ont impressionné par leur aisance technique, leur professionnalisme sur et en dehors du terrain. Ce sont des choses qui m'ont marqué. Concernant un match, je peux citer ma rentrée en Coupe de la Ligue face à Bordeaux (NDLR : Il remplace Lucas Moura à deux minutes de la fin ; Victoire 4-1 du PSG en janvier 2017). Après, des gros souvenirs, j'en ai chez les jeunes, des victoires en Coupes, la finale de Youth League, le Championnat U19 qu'on remporte...
 
Le match à Bordeaux correspond-t-il à une époque où cela commence à sourire pour vous à Paris ?
Oui, complètement. C'est la saison où je m'entraîne chez les pros, je suis performant quand je descends en réserve. A cette époque, il y avait encore Serge (Aurier) et Thomas (Meunier). Une saison très enrichissante, qui m'a permis de progresser fortement. Je n'ai pas eu le temps de jeu que j'espérais. Il y a eu quelques fois où Thomas et Serge étaient blessés et, malheureusement, je n'ai pas été lancé.

A-t-il été dur pour vous de ne pas concrétiser toute votre formation parisienne en intégrant pleinement l'équipe A ?
Un petit peu. On sait qu'il n'y a pas énormément de Titis parisiens qui parviennent à percer chez les pros, même s'il y en a de plus en plus. Moi qui suis issu de la région parisienne, avec Paris en club de cœur, forcément, je voulais m'imposer là-bas. Je ne suis pas fermé. On sait pas... Pourquoi pas revenir un jour au PSG si j'en ai la possibilité et la capacité.
 
Quel est votre avis, d'ailleurs, sur tous ces jeunes talents parisiens qui n'ont pas le temps d'éclore et qui partent souvent sans avoir joué réellement avec les A ?
Ce sont des joueurs qui ont peut-être percuté plus tôt que les autres que cela allait être compliqué. Ils ont décidé d'exploiter une autre piste. Et si on les voit à ce niveau-là aujourd'hui, c'est qu'ils ont eu raison dans leurs choix de carrière.
 
Presnel Kimpembe et Colin Dagba se débrouillent bien actuellement. Mais est-il finalement presque impossible d'être un jeune au PSG ?
Non, non ! C'est très difficile, mais c'est possible. La marge en sortant de la formation est gigantesque. Puisqu'il n'y a plus d'équipe réserve, on passe de U19, une équipe jeunes, à une équipe du Top 4 européen. C'est difficile de s'imposer, voire même d'aller s'entraîner avec les pros.

«Moi qui suis issu de la région parisienne, avec Paris en club de coeur, forcément, je voulais m'imposer là-bas. Je ne suis pas fermé. On sait pas... Pourquoi pas revenir un jour au PSG si j'en ai la possibilité et la capacité.»

Alec Georgen lors de la tournée du PSG en Asie, à l'été 2018. (S.Boue/L'Equipe)

Quelles sont vos références ?
Il y avait Dani Alves, qui m'a beaucoup marqué au PSG, avant et encore aujourd'hui. J'avais une préférence pour (Philippe) Lahm avant. Il y a aussi (Joshua) Kimmich au Bayern même s'il joue aussi au milieu de terrain... (Dani) Carvajal est intéressant. En équipe de France, je trouve également (Léo) Dubois très intéressant.
 
Ça a du vous faire tout drôle de voir Dani Alves débarquer à Paris...
(Il sourit) Oui, forcément ! Je le regarde depuis longtemps, ça a été top de le côtoyer au PSG. Pareil, niveau professionnalisme et niveau footballistique, c'est extraordinaire. Du coup, on prend exemple, on regarde, et ça ne peut être que positif.
 
A quel point est-ce enrichissant pour un jeune comme vous de s'entraîner avec ces stars-là ?
Nous qui sortons d'une formation parisienne, avec des joueurs de notre âge, quand on côtoie ce genre de joueurs, ça se ressent dans la finesse des passes, dans les déplacements, la vitesse de course. Sur le terrain, tout est multiplié par 1000, voire par 10 000. C'est super enrichissant. Ça nous permet d'étalonner la marge de travail qui nous reste à faire pour arriver à ce niveau. De par leur expérience, leur vécu, on peut communiquer avec eux, avoir des retours, c'est incroyable.

«L'évolution du poste de latéral droit ? Je kiffe !»

En quoi la fermeture de la réserve du PSG a pu changer les choses pour vous ?
Personnellement, de toute façon, j'avais pour ambition de partir à un autre niveau pour jouer. Pour certains autres jeunes du PSG, oui, ça a été difficile parce qu'il y en avait qui se retrouvaient en fin de contrat, d'autres n'avaient pas une certaine visibilité ou notoriété pour retrouver un club derrière. Par exemple, les U19 qui montaient... ils ne montaient nulle part !
 
Tout à l'heure, vous disiez vouloir retrouver votre niveau. Où se situe-t-il ?
Pour prendre un exemple, c'était le niveau que j'avais lors de Bordeaux-PSG. Depuis, j'ai peu joué, voire pas du tout. Donc l'objectif est de revenir à ce niveau avec mes jambes, avec la capacité à répéter les efforts sur le côté, avec mon efficacité. J'ai envie de retrouver ça, pour continuer ma progression et rebondir plus haut.
 
On parle beaucoup ces derniers temps de l'évolution "moderne" du poste de latéral droit. La ressentez-vous également ?
Moi qui viens d'un poste offensif (NDLR : En U14, il évoluait encore un cran plus haut), je prends ça à bras ouverts, je kiffe ! Pour nous, les latéraux, c'est super enrichissant parce qu'on a un poste qui demande d'être vraiment complet, que ce soit défensivement et offensivement. Il faut savoir répéter les efforts, être bon tactiquement, techniquement, etc. Je trouve ça top. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à ce poste.

«Dani Alves, niveau professionnalisme et niveau footballistique, c'est extraordinaire»

«Avranches, ce n'est pas le même monde»

Du PSG à Avranches, vous avez basculé dans un autre monde !
Ce n'est pas le même monde, les mêmes joueurs, les mêmes infrastructures, les mêmes moyens. Le projet était tout autre : c'était rebondir, rejouer et progresser. Ici, il y a une super ambiance, on est une bande de potes dans le vestiaire, on a très bien démarré la saison. C'est un club plus familial par rapport au PSG. Je m'y plais beaucoup. J'espère qu'on va continuer sur notre lancée du début de saison pour faire quelque chose de sympa.
 
Voir :
 
On vise la montée à Avranches ?
Aujourd'hui, oui, on va essayer de jouer la montée, on ne va pas se le cacher. On est dans le haut du tableau. Mais il ne faut pas griller les étapes. Le Championnat est très long.
 
Personnellement, le but est donc de retrouver d'abord une régularité physique...
Oui, dans un premier temps, j'ai pris le temps de jouer avec la réserve, de bosser énormément physiquement et musculairement pour être prêt. Cette période est passée. Maintenant, je suis en train de "switcher" sur mes capacités techniques et ma progression plus footballistique.»

Timothé Crépin