17 September 2019, Portugal, Lissabon: Soccer: Champions League, Benfica Lisbon - RB Leipzig, Group stage, Group G, 1st matchday at Estadio da Luz. Player Adel Taarabt of Benfica on the ball. Photo: Jan Woitas/dpa-Zentralbild/dpa | usage worldwide (Jan Woitas/DPA/PICTURE ALLIANC/PRESSE SPORTS)

Adel Taarabt, la force de l'âge

Relancé par Bruno Lage au Benfica, Adel Taarabt, qui a multiplié les déboires dans sa carrière, démontre de nouveau l'étendue immense de son talent à un poste nouveau pour lui.

Que de regrets ! Il y a une petite dizaine d'années, sur son potentiel, Adel Taarabt était un joueur phénoménal capable d'être nommé dans une liste de candidats au Ballon d'Or. Un peu comme Hatem Ben Arfa, l'international marocain est en grande partie passé à côté d'une immense carrière. Retour en arrière. Formé à Lens où son caractère bien trempé n'échappe à personne tout comme ses qualités techniques, il file à l'anglaise en 2007 à Tottenham et explose en 2009 aux Queen's Park Rangers, alors en deuxième division. Auteur d'une saison hors norme en 2010-11, il finit avec le titre de meilleur joueur de Championship. Le début de la fin...

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Alors qu'il est en négociations avec le PSG version QSI, Leonardo lui préfère Jérémy Ménez. À QPR, entre Harry Redknapp et lui, c'est la guerre des egos. Ça se gâte en club tout comme en sélection. Passé par les U17 français, il choisit le Maroc où il est attendu comme LE joueur ! Mais, le 4 juin 2011, pour le compte des éliminatoires à la CAN 2012, il quitte en catimini l'hôtel où il séjournait avec la sélection. Pourquoi ? Le sélectionneur Eric Gerets avait décidé de ne pas le titulariser contre l'Algérie. Fâché en club, grillé en sélection, Taarabt commence sa descente aux enfers où il enchaîne les saisons intermittentes loin des espérances. En 2014, il passe même par le Milan AC avant de s'engager au Benfica à l'été 2015 pour relancer une énième fois sa carrière. Dans la foulée, le club portugais le prête au Genoa pour deux saisons, où il ne laissera pas un souvenir impérissable (28 apparitions en Serie A, 2 réalisations).

«Je ne pensais pas que mon corps répondrait aux efforts exigés»

De retour au Portugal en 2016, il pulvérise son club dans une interview à FF... Direction l'équipe réserve : «Depuis l'interview qu'il a donné, il ne portera plus jamais le maillot de Benfica. Comment allons-nous résoudre cette situation ? Pas en résiliant son contrat. Nous aurons le moyen de le prêter. Je ne comprends pas grand-chose au football, mais j'ai Rui Costa à mes côtés. Nous avons vu et revu les matches de Taarabt au Milan AC. Là-bas, c'était un bon joueur. Mais il est arrivé avec six kilos en trop», déclare le président du Benfica, Luis Filipe Vieira en 2017. Le natif de Berre-l'Étang a malgré tout réussi à refaire surface comme nous l'explique Nicolas Vilas, spécialiste du foot portugais : «Il a passé deux ans à la cave, il revient de loin. L'élément déclencheur est Bruno Lage. Il l'a eu en équipe B et quand il a remplacé Rui Vitoria, il lui a tendu la main. Il fait la saison de sa vie, c'est un joueur exceptionnel.»

Si sa relation avec Bruno Lage a été déterminante dans sa renaissance, son nouveau rôle sur le terrain aussi : «Il joue en 8 et quasiment en faux 6, je me souviens que contre Lyon en Ligue des champions, il faisait des petits ponts alors qu'il était juste devant la défense, Taarabt quoi !» poursuit Nicolas Vilas. Ce rôle dans le cœur du jeu, l'ancien de Lens et de Tottenham le savoure pleinement. L'ex-milieu offensif flamboyant des Queen's Park Rangers s'étonne d'ailleurs lui-même. «Je ne pensais pas que mon corps répondrait aux efforts exigés, a reconnu l'international marocain dans un récent Live sur Instagram. Je ne sens pas que j'ai 30 ans. Le changement de mon style de jeu, le rôle qui m'est attribué sur le terrain et surtout ma capacité à courir entre 12 et 13 km par match... Je suis très surpris par mes performances.»

Sur sa longue traversée du désert, sur son comportement et son manque de maturité, Adel Taarabt a esquissé un début de mea culpa : «Je n'ai fait de mal à personne, je suis le seul à être touché par le passé.» Une transformation qui a séduit Vahid Halilhodzic. Le sélectionneur du Maroc lui a de nouveau ouvert les portes des Lions de l'Atlas après cinq années d'absence. Il n'est jamais trop tard pour bien faire...

Nabil Djellit