diallo (abdou) (F.Faugere/L'Equipe)

Abdou Diallo (Borussia Dortmund) : «J'ai trouvé mon bonheur en Allemagne»

Dans le nouveau numéro de France Football, vous pouvez découvrir un éclairage au sujet des défenseurs de l'équipe de France Espoirs (Upamecano, Niakhaté, Diallo et d'autres avant eux) qui évoluent et s'épanouissent en Bundesliga. Abdou Diallo (Borussia Dortmund) analyse cette tendance en détail.

«Comment expliquez-vous l'épanouissement et la présence de jeunes Français en Allemagne ?
Il y a eu un gros gros intérêt des clubs allemands qui sont venus nous chercher. Avec aussi de belles réussites, notamment sous l'impulsion d'un Ousmane Dembélé. Quand plusieurs y réussissent, d'autres peuvent alors se dire "Pourquoi pas moi ?" L'alliance des deux fait qu'il y a de plus en plus de Français en Allemagne.
 
Et notamment des défenseurs...
Oui, il y a aussi des attaquants. Jean-Philippe Mateta (Mayence) nous a rejoints, je connais bien Sébastien Haller (Francfort) qui a également fait partie des Espoirs. Il y a de tout. Mais c'est vrai qu'il y a pas mal de défenseurs français. Une tendance ? Je ne sais pas. Pour ma part, j'y suis allé parce que je ne jouais pas dans mon club en France (Monaco). Chaque trajectoire est différente. Ça nous a tous menés en Allemagne, et ça se passe plutôt bien pour la plupart.
 
Qu'est-ce qui attire un jeune défenseur en Allemagne ?
La réputation de ne pas avoir peur de faire confiance à un jeune, et ce même si c'est en défense centrale. Le fait aussi de rejoindre un Championnat attractif, avec de superbes stades, de superbes infrastructures, avec également une mentalité de travail. Et, forcément, jouer dans un Championnat majeur avec une visibilité énorme, et avec les moyens de progresser.

«S'il y a un club en France qui est bon avec les jeunes, c'est bien Lyon»

Vous parliez de la possibilité d'être titulaire très jeune, cela se traduit comment ?
De ce que j'ai connu, si tu es bon, tu joues ! Tu auras ta chance tôt ou tard. Là-dessus, je n'ai jamais vu le contraire.
 
Ça contraste avec la France ?
Franchement, je ne sais pas. Il y a aussi des clubs qui bossent bien en France, je pense notamment à l'Olympique Lyonnais, qui est une référence là-dessus. Mais pour ma part, ça ne s'est pas passé comme je l'aurais voulu en France. Et j'ai trouvé mon bonheur en Allemagne.
 
Vous avez justement failli rejoindre Lyon cet été, mais vous avez finalement opté pour Dortmund. Qu'est-ce qui a fait pencher la balance ?
Les deux clubs font confiance aux jeunes, sont performants à ce niveau, ce n'est pas là-dessus que j'ai décidé. S'il y a un club en France qui est bon avec les jeunes, c'est bien Lyon.
 
Il était important de rester en Allemagne ?
Je pensais que ce serait une bonne chose dans un pays où ça se passait bien, où on me connaissait. Un choix difficile, je vous avoue, mais il a fallu trancher.
 
Difficile à quel niveau ?
Parce que ce sont deux grands clubs, que je suis aussi français, que Lyon ça parle tout de suite dans l'oreille d'un jeune Français. Ce sont des projets qui se ressemblent sur certains points, donc cela n'a pas été facile de trancher.

«On sait pourquoi on vient en Allemagne : travailler avant tout»

Dans votre cas personnel, pouviez-vous être vexé, par rapport à la France, de ne pas avoir eu votre chance quand vous étiez en Ligue 1 ?
Non, je ne suis pas vexé. Ce n'est pas quelque chose d'agréable, qui fait plaisir. La vie continue et je suis aujourd'hui retombé sur mes pattes et je pense même avoir trouvé mieux que ce que j'ai laissé en France.
 
Vous parliez de la rigueur allemande. Ce n'est pas qu'un cliché...
Oui, franchement, ils sont rigoureux, sérieux, ils ont une culture du travail. Personnellement, ça me plaît beaucoup.
 
Ça ne vous a donc pas fait peur...
Ah non ! À la limite, quand on arrive, c'est plutôt la difficulté de la langue. Ce n'est pas facile. Il faut être prêt à s'adapter. Il faut éventuellement avoir des bases en anglais. C'est ce qui m'a sauvé personnellement. Ce n'est pas une langue latine donc il n'y a pas du tout les mêmes bases qu'en français. Mais la rigueur de travail, non. On sait pourquoi on vient en Allemagne : c'est pour travailler avant tout. Ça ne fait pas peur.
 
La rigueur est un ton au-dessus de la France ?
De ce que j'ai connu, oui, clairement.

Sur quels domaines ?
Tout ! Même l'investissement personnel. En Allemagne, c'est une normalité de travailler avant et après l'entraînement. Je fais beaucoup plus de séances vidéo, beaucoup plus d'analyses sur l'adversaire et notre équipe.
 
Tout est plus poussé, en fait ?
Voilà, c'est ça.
 
Vos coéquipiers allemands, les médias ou les supporters étaient-ils étonnés de voir autant de jeunes Français comme vous être tout de suite dans le grand bain ?
À l'époque où Mayence me prend, ils ont un projet très clair pour moi. Après, s'étaient-ils imaginés que ça irait aussi vite ? Je ne pense pas. Mais ils espéraient arriver à ça (NDLR : une plus-value). Que je m'intègre aussi rapidement a été une bonne surprise pour eux, surtout que je sortais d'une saison où j'avais très peu joué (NDLR : 5 matches avec Monaco en 2016-17 avant de débarquer en Allemagne).

«En Allemagne, c'est une normalité de travailler avant et après l'entraînement. Je fais beaucoup plus de séances vidéo, beaucoup plus d'analyses sur l'adversaire et notre équipe.»

«Ils ont pris le pari de la jeunesse»

Avant, plusieurs jeunes Français étaient partis en Angleterre très jeunes, avec très souvent des expériences très moyennes. Y aurait-il plus de sécurité à partir en Allemagne ?
Il y a toujours cette réputation avec l'Angleterre... Même les jeunes Anglais ont du mal à percer en Premier League. L'Allemagne, c'est différent. Ils ont pris ce virage-là, c'est ce qu'on m'a expliqué quand j'étais à Mayence. Ils ont pris le pari de la jeunesse après une Coupe du monde ratée. Ils ont pensé qu'il fallait miser sur les jeunes. C'est voulu de leur part. Après, ça concerne le joueur en lui-même : est-il prêt à partir, à quitter son environnement de toujours ?
 
Vous l'étiez ?
Oui, j'avais déjà eu une expérience en Belgique en plus (NDLR : à Zulte-Waregem), donc, sans souci.
 
Avec Dan-Axel (Zagadou), Dayot (Upamecano), Moussa (Niakhaté), vous vous dites que l'Allemagne est une bonne terre pour bien pousser ?
Pour le coup, tous ceux qui sont en sélection réussissent. Ils ne peuvent que penser comme ça.
 
Il n'y a plus qu'à franchir une étape en équipe de France maintenant...
J'espère bien (Il sourit)

Timothé Crépin

Espoirs, une défense «Deutsche Qualität» : un éclairage à retrouver en intégralité dans le nouveau numéro de France Football.

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