À lire dans France Football, le dernier tacle de Julien Cazarre : «Ferme ta Ligue !»

Certains complotistes essayent de nous vendre à grands coups d’articles au vitriol dans des canards alternatifs, de vidéos YouTube ou TikTok, que si on a tous la grippe du pangolin c’est parce que les industries pharmaceutiques l’ont planqué dans l’huile de palme du Nutella pour pouvoir nous fourguer des cachetons à grands frais. La théorie est intéressante et ne demande qu’à être débattue sur CNews entre gens cultivés et mesurés. Personnellement, je ne fais pas partie de cette cohorte de combattants de la vérité, j’ai pas le temps, j’ai foot. Il y a en revanche une coïncidence qui me trouble et qui pourrait me faire basculer du côté obscur de la farce. Alors que les plus grands clubs européens veulent imposer une Superligue fermée qui permettra de bien se caresser la couenne entre grands de ce monde en mode rallyes de la noblesse, on se tape dans le même temps la pire pandémie de l’histoire et la crise des droits télé. Hasard ou coïncidence ?

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Tout se recoupe, c’est évident ! On nous ment, citoyens, et il est temps de prendre les armes... Enfin, vous, parce que, moi, je peux pas, j’ai foot. Ça fait tellement longtemps qu’ils attendent qu’on baisse la garde pour nous la planter dans le dos leur Ligue consanguine, que là c’est carrément inespéré. C’est pas qu’on a le dos tourné, mais, vu le contexte économique, on est carrément à genoux, les fesses en l’air et le froc sur les chevilles en attendant un bon contrat de chez Dorcel. Je sais, je vais encore passer pour un sale gaucho qui a pleuré à la mort de Balavoine et qui avait des posters de Renaud et Mitterrand dans sa chambre. Mais, ce qui me dérange dans cette histoire n’est pas le côté élitiste de cette petite plaisanterie entre amis, je suis supporter du club le plus bling bling et on pourrait mettre Kim Kardashian les jambes écartées sur le logo à la place de la tour Eiffel que ça ne choquerait pas.

Les ligues fermées, c’est pas un truc de continent, mais un truc de pays. Quand tu es fan des Knicks de New York en basket, l’équipe que tu vas rencontrer en finale est plus loin que Lisbonne de Londres, mais, ç’a beau être des gugusses de l’ouest, ce sont des gars de chez toi ! Y a des antagonismes de clocher (bon, c’est du gros clocher mais ça compte quand même), il n’y a pas que du sportif, il y a du chambrage, de la rivalité historique territoriale, et un péquenot de Redneck du Nouveau-Mexique a un rapport de près ou de loin avec un Amérindien de l’Oklahoma. Ta Ligue, c’est comme ta radio, c’est ton quotidien, c’est familier, c’est rassurant, c’est ce qui te réchauffe quand tu rentres chez toi et que t’es bloqué dans les embouteillages.

La Coupe d’Europe, c’est le cinéma, le vrai, pas celui qu’on nous impose dans le canapé avec des burgers commandés chez Uber Eats. Il est hors de question de comparer les Grosses Têtes au septième volet de Mission Impossible, mais, quand tu es dans tes charentaises au coin du feu, ben désolé, t’aimes bien ton petit talk-show avec ton présentateur préféré et ses chroniqueurs plus ou moins brillants, t’as pas forcément envie qu’on te le remplace par les effets spéciaux d’Avengers... Alors OK, tu passes ton temps à dire que le gars en fait trop, que l’émission est moins bien qu’avant, que le type qui fait la météo est une tête à bouffe, mais, au fond, tu l’aimes bien ce moment. Et c’est lui qui te fait encore plus kiffer ton blockbuster du samedi soir avec le pop-corn et l’esquimau. Laissez-nous le pâté pour qu’on apprécie le caviar...