Verratti balle au pied contre Montpellier (4-0). (F. Faugère/L'Équipe)

À la une de FF : Marco Verratti vu de l'étranger

Marco Verratti continue de faire parler à 28 ans. A l'approche du huitième de finale retour de Ligue des champions entre le PSG et le Barça au Parc des Princes, FF a interrogé quelques personnalités du ballon rond pour connaître la cote de l'Italien à l'international. Extraits.

Lothar Matthäus (ancien milieu international allemand, Ballon d'Or 1990) : «Au même rang que De Jong, Sabitzer et Zakaria»

«Je suis souvent les matches du PSG et Verratti me fait penser à Toni Kroos : un joueur discret, mais indispensable. Il fait le lien entre la défense et l'attaque, ses qualités d'abattage sont énormes et son jeu de passes constitue sa grande force, que ce soit les passes courtes ou longues. C'est lui qui imprime le rythme de son équipe. Il sait aller vite, transmettre vite. Le jeu de possession attentiste ne fait plus partie du football des années 2020 et il l'a bien compris. Le fait que Mauricio Pochettino lui laisse autant de liberté dans l'entrejeu lui permet de mieux exploiter son potentiel. Sa prestation contre le Barca il y a trois semaines l'a confirmé : dans les grands moments, il sait se sublimer. Mais le problème, c'est que son corps le laisse rarement en paix. Il est rare qu'il enchaîne les matches sur une longue durée à l'image de Toni Kroos qui joue tous les trois jours à un très haut niveau depuis une dizaine d'années. Si Verrai avait connu moins de pépins physiques, je suis convaincu qu'il aurait davantage marqué les esprits sur la scène internationale. En fait, il lui manque un match référence comme Kroos lors de Brésil-Allemagne (1-7) à la Coupe du monde 2014. En équipe d'Italie, il n'a encore jamais véritablement livré des prestations de grande envergure lors d'une compétition majeure, alors qu'un joueur comme Nicolo Barella (NDLR : milieu de terrain de l'Inter Milan) a montré l'étendue de son talent avec des performances de haut niveau sur la durée. Au niveau de la hiérarchie des milieux actuels, je situe Verratti à peu près au même rang que Frenkie De Jong, Marcel Sabitzer et Denis Zakaria, mais un cran en dessous des Ilkay Gündogan, Nicolo Barella, Leon Goretzka et Joshua Kimmich.»

Devis Mangia (son sélectionneur avec les U21 Italiens, aujourd'hui sélectionneur de Malte) : «Son manque de stats offensives me surprend»

«À l'Euro U21 en 2013, où on perd en finale contre l'Espagne (2-4, le 18 juin 2013), il était le seul joueur à avoir de l'expérience en Ligue des champions. Il sortait de sa première année au PSG et était déjà en avance. Je l'utilisais dans un milieu à deux dans un 4-4-2. Poche ino l'utilise un peu plus haut, mais n'oublions pas qu'il évoluait en 10 avant que Zeman ne le reconvertisse devant la défense à Pescara en 2011. Son manque de statistiques offensives me surprend un peu, mais ça dépend de l'organisation de l'équipe. Déjà, avec moi, il ne tirait pas souvent au but, il a toujours préféré donner le ballon à un coéquipier mieux placé. Et les passes décisives sont trompeuses, ce qui compte, ce sont les passes clés, celles qui libèrent un coéquipier devant le but, peu importe comment l'action se termine. Concernant la phase défensive, il faisait déjà preuve de cet excès de générosité. Son objectif a toujours été de récupérer le ballon rapidement, en taclant ou en allant au duel, alors qu'il pourrait plutôt ralentir l'exécution du geste de son adversaire, voire le jeu de l'équipe adverse. Il commet donc beaucoup de fautes évitables punies par des cartons, mais c'est compliqué de demander à un joueur d'être moins généreux. En Italie, parfois, il n'est pas jugé seulement par rapport à ses qualités. On est plus sévère parce qu'il a eu la bravoure de s'imposer au PSG alors qu'il mérite d'être là-bas. En fait, c'est juste que beaucoup aimeraient être sa place, ils sont envieux. Résister autant d'années dans un club qui baigne dans une certaine pression, cela signifie que vous êtes un joueur de très haut niveau.»

Bastian Schweinsteiger (ancien milieu international allemand, champion du monde 2014) : «Derrière Gündogan, Kimmich et Barella»

«Depuis quelques mois, et notamment le Final 8 de Lisbonne en Ligue des champions 2020, je vois un Marco Verratti au sommet de son art. C'est un joueur qui a beaucoup gagné en maturité et qui s'est progressivement affirmé pour devenir le patron technique du PSG. Il m'a énormément plu contre Barcelone lors du match aller avec une incroyable générosité dans le jeu sans ballon, davantage de discipline que par le passé et, surtout, une capacité à pouvoir évoluer à tous les postes du milieu avec le même rayonnement et la même facilité. Le fait que Pochettino lui offre les clés du jeu semble lui donner des ailes. Il n'a pas peur de prendre ses responsabilités et d'aller là où ça fait mal. Il est au cœur du jeu, entre les lignes, entre les deux couloirs et entre l'attaque et la défense. Son rôle est fondamental, car il est en permanence sollicité. Il se trouve à la récupération et dirige en même temps le jeu grâce à son volume et à sa touche technique. Il fait sans aucun doute partie des meilleurs milieux du monde, même s'il lui manque encore la régularité, et qu'il lui faudrait un triomphe européen afin de bénéficier d'une reconnaissance plus grande à l'international. Actuellement, le niveau de jeu d'Ilkay Gündogan à Manchester City est exceptionnel, à l'instar de Joshua Kimmich au Bayern Munich et de Nicolo Barella à l'Inter. Ils constituent à l'heure actuelle les trois références dans l'entrejeu. Derrière, je vois Verratti, qui pourra prétendre au même statut que les trois autres en cas de victoire en Ligue des champions.»